Budget de Montréal: les dépenses gonfleront de 8% en 2020
La Ville de Montréal a présenté lundi un budget qui prévoit un bond de 8% dans les dépenses de la métropole en 2020, une situation notamment attribuable à l’augmentation de l’aide financière fournie par Québec.
Le budget 2020 de l’administration de Valérie Plante s’élève à 6,17 G$. Il s’agit d’une augmentation de 462,9 M$ (+8%) par rapport au précédent exercice budgétaire. Cette hausse est nettement supérieure à celles des budgets de 2019 (4,3%) et de 2018 (5,2%).
«On a vraiment fait un exercice très rigoureux pour s’assurer que ce qu’on dit qu’on va réaliser. On va le faire», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Cette hausse s’explique notamment par une augmentation des dépenses en mobilité et une somme de plus de 200 M$ prévue en habitation l’an prochain. De ce montant, la Ville entend dépenser 140 M$ en subventions pour permettre, entre autres, la construction de logements sociaux et abordables et faciliter l’acquisition de propriétés par les Montréalais, en particulier les familles.
La Ville, qui fait face à une hausse importante de la valeur des propriétés, bonifie aussi de 63 M$ le budget du programme AccèsLogis, qui atteint 97 M$. L’administration entend aussi investir 15,1 M$ pour l’acquisition de terrains en 2020, notamment en utilisant son droit de préemption.
Ces mesures visent à aider la Ville à se rapprocher de sa cible de construire et de rénover 12 000 logements sociaux et communautaires dans la métropole d’ici 2021. Jusqu’à maintenant, environ 50% de cet objectif a été atteint.
En moyenne, les Montréalais verront leurs taxes augmenter de seulement 2,1%, ce qui représente environ 84$ pour le propriétaire d’une résidence évaluée à environ 533 000$. Ce chiffre masque toutefois d’importantes différences selon le type de logement. Les propriétaires d’immeubles locatifs sont les grands perdants du budget, alors que les condos bénéficient d’un gel.
En ce qui a trait aux commerçants, la Ville a décidé de limiter cette année à 1,5% l’augmentation de leurs taxes foncières afin de réduire leur fardeau fiscal.
Une mairesse «dépensière»?
L’essentiel des dépenses supplémentaires de la Ville sera réalisé grâce à des fonds fournis par Québec. En excluant les investissements de 150 M$ provenant du gouvernement Legault, l’administration municipale chiffre la hausse «réelle» de ses dépenses l’an prochain à 3,7%.
«Les dettes et les dépenses explosent», a déploré la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, lors de l’adoption du budget lundi. Selon l’élue d’Ensemble Montréal, la Ville n’aurait pu éviter le gouffre financier si elle n’avait pas eu le soutien financier de «maman Québec» pour réaliser ce budget 2020.
La semaine dernière, une enquête du Journal de Montréal révélait que l’administration de Valérie Plante aurait frôlé la catastrophe financière, ce qui l’aurait amené à procéder à de vastes restrictions budgétaires. Des informations qu’a niées la Ville vendredi dernier.
«Je ne sais pas d’où vient cette notion de « dépensière », mais pour moi, ce n’est pas du tout collé à la réalité.» – Valérie Plante, mairesse de Montréal
Une dette croissante
Toutes ces dépenses contribueront à gonfler la dette de la Ville, qui devrait atteindre environ 109% des revenus en 2020, soit plus de 6,1 G$. Cette situation est entre autres attribuable à l’augmentation des dépenses de la Société de transport de Montréal (STM) dans les dernières années. Le service de la dette brute devrait par ailleurs atteindre 1,013 G$ l’an prochain, ce qui représentera 16,4% de ce nouveau budget.
Afin de limiter cet accroissement, la Ville prévoit notamment une réduction de 4% de la part relative du budget liée à la rémunération des employés municipaux pour atteindre 38,6% des dépenses.
La Ville espère ainsi atteindre une dette équivalant à 100% de son budget en 2027.
Plus dans les infrastructures
Les dépenses dans la réfection des infrastructures routières et de l’eau continueront par ailleurs d’augmenter l’an prochain. Ainsi, l’administration de Valérie Plante entend investir 497 M$ pour remplacer ses conduites désuètes et entamer les travaux de réfection du réservoir McTavish, qui est vieux de 87 ans.
«On aurait aimé que la Ville consacre plus de ressources dans son budget à la coordination des travaux», a réagi M. Leblanc. Ce dernier aurait souhaité que la Ville prévoit des fonds dédiés à la tenue d’une consultation avec le milieu des affaires pour trouver des moyens de réduire les impacts des chantiers municipaux sur les commerçants.
«[La Ville] prend pour acquis que la hausse de la congestion, c’est lié à l’augmentation du parc automobile, mais ce n’est pas juste ça. La congestion liée au manque de coordination des travaux ne cesse de s’alourdir», a soulevé M. Leblanc.
La Ville investira en outre 506 M$ l’an prochain dans la réfection des infrastructures routières, soit 16 M$ de plus qu’en 2018. Une partie de ce montant (84 M$) servira à l’aménagement d’espaces verts et à la plantation de 9000 arbres dans de la cadre du réaménagement de l’échangeur Turcot.