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Profilage racial: des organismes interpellent la Ville

La coalition de groupes communautaires accompagnée d’élus. Photo: Pablo Ortiz/Métro

Dans le cadre du mois de l’histoire des Noirs, une coalition d’organismes montréalais accompagnée d’Ensemble Montréal a une fois de plus interpellé l’administration Plante sur le profilage racial, lors d’une assemblée publique dimanche après-midi. La coalition a demandé une nouvelle entente avec les communautés autochtones ainsi qu’un projet pilote pour récolter des données sur les interpellations des personnes racisées au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et à la Société de transport de Montréal (STM).

Récolte de données relatives à la race

En octobre dernier, un rapport accablant sur les interpellations policières, révélait que les groupes racisés, notamment les personnes noires et autochtones étaient surreprésentées dans les données sur les interpellations de routine. Face à ces résultats, le SPVM avait déclaré avoir besoin davantage de données pour comprendre l’ampleur du phénomène.

Le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez estime que le SPVM «cherche des excuses» pour ne pas mettre en place des mesures pour contrer le profilage racial. «Ils disent qu’ils veulent des preuves, mais elles s’accumulent hors de tout doute», a-t-il tranché lors de l’assemblée publique.

Pour répondre à cette demande, la coalition propose à Montréal de suivre l’exemple de Toronto et Halifax où il y a une politique de récolte de données relatives à la race. Cette politique obligerait le SPVM à prendre note de la race des personnes interpellées lors des contrôles routiers, de routine et d’incidents au cours desquels la force a été employée. La politique demanderait aussi que l’on note la race des personnes arrêtées ou accusées.

«On donne au SPVM et à la STM l’opportunité de faire une collecte de données concrète. Nous leur proposons de faire un projet pilote de récolte de données relatives à la race pour leur donner plus de preuves de la discrimination disproportionnée des personnes racisées à Montréal», a déclaré Alain Babineau, du Centre de la recherche-action sur les relations raciales (CRARR).

M. Babineau souligne que plusieurs rapports portant sur les interpellations policières ont vu le jour depuis de nombreuses années à Montréal. Il espère que les données portées par le potentiel projet pourraient pousser la Ville de Montréal à être plus active dans la lutte contre le profilage racial.

Le conseiller d’arrondissement Marvin Rotrand, qui a organisé l’assemblée publique, avait demandé à la Ville d’appliquer un moratoire «immédiat» sur les interpellations policières dans les rues de Montréal. Une nouvelle politique relative aux contrôles de routine a été promise par la Ville d’ici la fin du mois de mars de cette année. Le CRARR estime que la Ville de Montréal devrait inclure la coalition dans l’élaboration de la politique pour qu’elle puisse couvrir tous les angles du problème.

Une nouvelle entente avec les communautés autochtones de Montréal

La coalition a également demandé une nouvelle entente pour améliorer les relations avec le SPVM et les communautés autochtones. Selon Jessica Quijano du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, il n’y aurait toujours pas de lien de confiance entre les populations autochtones et le SPVM.

En 2015, une entente entre le SPVM et le réseau de la communauté autochtone de Montréal a mené à la création d’un agent de liaison avec la communauté ainsi qu’une table de consultation. Même si elle reconnaît que les relations ont évolué de façon positive depuis l’entente, Jessica Quijano estime que celle-ci doit être revue.

«Nous croyons que cette entente comporte des problèmes structurels et demandons aujourd’hui qu’elle soit revue et que la Commission de la sécurité publique tienne une séance publique pour permettre aux personnes autochtones de se prononcer au sujet de leurs interactions avec la police», a déclaré la coordonnatrice du foyer.

«On ne peut pas avoir une réconciliation ici à Montréal si les femmes autochtones ont 11 fois plus de chances de se faire interpeller que les membres des autres communautés», confie-t-elle à Métro. Madame Quijano aimerait que le SPVM soit plus à l’écoute de la communauté autochtone de Montréal.

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