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Des mises à pied à prévoir en lien avec le coronavirus à Montréal

Coronavirus
Plusieurs organisations devront mettre à pied des employés devant une baisse de revenus inévitable. Photo: Archives Métro

Alors que des mises à pied «sont à prévoir» au sein de plusieurs secteurs dans la foulée des fermetures des commerces et des écoles dues au coronavirus, une experte en droit du travail est catégorique: les autorités fédérales doivent assouplir l’assurance-emploi.

«Ça s’en vient pour tout le monde, et pas juste les petits salariés. Il y a pas mal d’organisations qui vont engendrer des pertes de revenus. C’est une question de temps avant que du personnel commence à être mis à pied. Tout le monde va y goûter, dans tous les domaines», explique à Métro l’avocate et spécialiste en droits de l’emploi, Marianne Plamondon.

Le problème est qu’à l’heure actuelle, l’assurance-emploi est mal adaptée à la réalité de santé publique, selon l’avocate.

«De facto, on est tous en quarantaine à cause du coronavirus. Mais en ce moment, ce n’est qu’en cas de quarantaine médicale qu’on est payés dès le premier jour, et qu’on a accès rapidement aux 15 semaines de maladies admissibles. Pour tous les autres, qui sont mis à pied ou sans solde, ils sont obligés d’attendre la levée de la période de carence d’une semaine», illustre-t-elle.

Lundi, en fin d’après-midi, le ministre provincial du Travail, Jean Boulet, a pour sa part annoncé la création du Programme d’aide temporaire pour les travailleurs (PATT), destiné aux salariés qui devront se mettre en isolement et qui n’ont pas le droit à l’assurance emploi. Ceux-ci pourront bénéficier de 573$ par semaine, prévu initialement pour deux semaines et jusqu’à concurrence d’un mois. Jusqu’à 65 000 travailleurs pourront ainsi être appuyés.

D’autres délais liés au coronavirus?

Une fois levée, la période de carence fédérale pourrait effectivement se prolonger, prévient Mme Plamondon, puisque les employeurs auront à produire une «quantité phénoménale» de documents et de formulaires administratifs.

«C’est vraiment une situation sans précédents qui aura des conséquences sur tout le monde, et à toutes les échelles.» -Marianne Plamondon, spécialiste en droit du travail

L’avocate du cabinet Langlois Avocats avance que Québec et Ottawa auraient tout intérêt à imaginer des mesures d’aide aux entreprises rapidement. Faire des partenariats avec les banques pour «assouplir les règles de paiement» permettrait notamment aux employeurs de continuer à payer leurs employés même avec des revenus plus faibles, suggère-t-elle.

«On veut que les employeurs prennent plus de responsabilités contre le coronavirus, mais en même temps, ils auront du mal avec les salaires si l’argent ne rentre pas», explique Marianne Plamondon.

Montréal «à la recherche de solutions»

Questionnée à savoir si son administration compenserait ses employés devant s’absenter pour garder leurs enfants ou traiter des symptômes, la mairesse Valérie Plante s’est faite prudente lundi matin.

«On prend tous les moyens nécessaires. On encourage le télétravail, mais on sait en même temps qu’il y a des corps de métier qui ont besoin d’être sur place, comme les inspecteurs. Évidemment, on ne veut pas pénaliser nos employés. On est à la recherche de solutions pour les accommoder», a-t-elle dit.

L’enjeu, soutient Mme Plante, est que chaque fonction implique une convention collective et des conditions de travail distinctes. «On ne peut pas avoir une solution pour tout le monde», illustre-t-elle à cet égard.

«Je ne souhaite pas pénaliser, mais bien encourager. La quarantaine, il faut la respecter. C’est le message que j’envoie aux employés.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

Un gros employeur montréalais concerné

Frappé par le ralentissement de ses activités économiques, le groupe Antonopoulos – propriétaire de nombreux hôtels et de restaurants dans le Vieux-Montréal –, a annoncé dimanche soir à ses employés que plusieurs mises à pied sont à prévoir.

«Ce type de situation est une première depuis plusieurs décennies au Québec, et une première pour notre groupe, écrit le vice-président Dimitri Antonopoulos dans un avis interne dont Métro a obtenu copie. Nous nous ajusterons selon les circonstances qui changent rapidement et nous vous tiendrons au courant de tout changement qui pourra affecter la durée des fermetures.»

L’entreprise affirme que ses gestionnaires «seront en communications avec leurs équipes pour coordonner les mises à pied temporaires qui sont nécessaires» dans la foulée du coronavirus.

Le Petit Hôtel, la Brasserie Méchant Bœuf, la Taverne Gaspar, le restaurant Jacopo ou encore le Rainspa – tous des propriétés du groupe – ont fermé leurs portes lundi. L’hôtel Nelligan et l’Auberge du Vieux-Port feront de même mardi.

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