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Budget 2021: Montréal pressée de réduire ses dépenses

Lucien-Saulnier
L'édifice Lucien-Saulnier, qui occupe actuellement la fonction d'hôtel de ville de Montréal. Photo: Zacharie Goudreault/Métro

Tant la Commission sur les finances de la Ville que l’opposition officielle pressent l’administration de Valérie Plante de prévoir une réduction de ses dépenses dans le cadre de son prochain budget.

Dans un rapport mis en ligne sans tambour ni trompette dans les derniers jours, la Commission sur les finances présente 17 recommandations à la Ville afin de l’aider à peaufiner son budget 2021, attendu en novembre. Ce document de neuf pages fait suite à une consultation publique entamée au début du mois d’août.

Réduire les dépenses

Les derniers mois ont ébranlé les finances de la Ville. En avril dernier, l’administration municipale prévoyait que la crise sanitaire pourrait lui faire perdre jusqu’à 538,5 M$, notamment en raison d’un ralentissement appréhendé du marché immobilier et la chute de l’achalandage du transport en commun dans la métropole. Depuis, la Ville a investi des dizaines de millions de dollars dans divers programmes visant notamment à aider les commerçants du centre-ville à se relever de cette crise.

Dans ce contexte, la Ville devrait envisager de réduire ses dépenses en reportant certains projets «moins urgents et non essentiels à la relance économique», estime la commission permanente. Celle-ci propose donc que la Ville concentre ses dépenses dans les «actifs essentiels» au redressement de son économie. Elle note à cet égard la réfection des infrastructures d’eau et des routes de même que les projets de logements sociaux, entre autres.

Des projets «qui nuisent à la relance»

L’opposition officielle, Ensemble Montréal, presse également la Ville de réduire ses dépenses.

«Déjà, avant la COVID, l’administration se plaçait sans cesse dans une position de dépenses excessives. Elle s’est mise dans une position très vulnérable pour faire face à une crise comme celle-ci», souligne à Métro le maire de l’arrondissement de Saint-Laurent et vice-président de la Commission sur les finances, Alan DeSousa.

Dans un rapport minoritaire déposé mercredi, Ensemble Montréal demande notamment le report des travaux du Réseau express vélo, qui ont mené à une mise en demeure contre la Ville de la part de commerçants de la rue Saint-Denis.

Le parti demande aussi un report de l’entrée en vigueur du controversé règlement pour une métropole mixte, prévue en janvier 2021. Celui-ci prévoit d’obliger les promoteurs à inclure jusqu’à 20% de logements sociaux et tout autant de logements familiaux et abordables dans leurs projets immobiliers.

«[La Ville] devrait arrêter d’avoir des projets qui nuisent à la relance économique.» -Alan DeSousa

Gel des embauches

L’opposition demande par ailleurs à la Ville de procéder à un gel des nouvelles embauches et à une réduction des effectifs parmi sa masse salariale.

«Depuis trois ans, on voit une croissance fulgurante dans la quantité de personnel ajouté annuellement par la Ville», constate Alan DeSousa.

Contacté par Métro, le cabinet de la mairesse Valérie Plante a rejeté les propositions d’Ensemble Montréal, affirmant que le parti «veut retarder les investissements qui vont permettre cette relance». Son attachée de presse, Geneviève Jutras, souligne notamment que le règlement pour une métropole mixte vise à contrer «la crise du logement», tandis que «les investissements en mobilité» permettent de s’attaquer aux changements climatiques.

«Nous allons donc poursuivre notre travail de concert avec les partenaires sérieux que nous avons réunis et qui réfléchissent avec nous à une relance verte et inclusive de Montréal», ajoute-t-elle.

Un déficit «en dernier recours»

La commission propose toutefois que la Ville réitère sa demande auprès de Québec quant à la possibilité de présenter un budget déficitaire «en dernier recours». Or, Québec a déjà fermé la porte à une levée temporaire de l’interdiction pour les villes de faire un déficit.

Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, prévient d’ailleurs que si la Ville présente un budget 2021 déficitaire, elle devra ensuite se tourner vers une hausse des taxes foncières dans les années suivantes pour remplir de nouveau ses coffres.

«On n’est pas du tout favorable à l’autorisation du déficit pour les villes. Ça revient à faire financer par le secteur immobilier le manque à gagner de la Ville», soulève-t-il à Métro.

La commission permanente demande en outre à la Ville de ne pas hausser les taxes foncières des Montréalais au-dessus du niveau de l’inflation et de réduire l’écart entre la charge fiscale des commerçants et des résidents. Le rapport ne propose toutefois une baisse de la charge fiscale des commerçants du centre-ville, déplore M. Leblanc.

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