Racisme: Montréal à la recherche d’un commissaire
La Ville de Montréal se dotera dans les prochaines semaines d’un bureau responsable de «la lutte au racisme et aux discriminations systémiques».
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, en a fait l’annonce vendredi avant-midi en conférence de presse. Ce bureau comptera trois experts et un commissaire, dont le poste sera affiché dès mercredi prochain pour une durée de trois semaines. Celui-ci, une fois embauché, aura comme premier mandat de rédiger un plan d’action afin que tous les services de la Ville prennent les mesures nécessaires pour contrer le racisme systémique en leurs rangs.
Profilage racial
Ce bureau aura aussi comme mandat d’informer les citoyens et les employés municipaux des droits et des recours dont ils disposent s’ils pensent avoir subi du racisme ou de la discrimination de la part de la Ville. Un des experts de ce groupe travaillera par ailleurs à temps plein avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) afin d’y contrer le profilage racial et social.
«Ce n’est pas un policier. C’est un fonctionnaire de la Ville qui sera dépêché auprès du SPVM», a précisé Mme Plante.
Ce bureau travaillera conjointement avec le commissaire aux personnes en situation d’itinérance, Serge Lareault, et la commissaire aux affaires autochtones de Montréal, Marie-Ève Bordeleau. Le tout afin d’opérer «un virage» qui permettra à la Ville de «ne plus tolérer, sous aucun prétexte, toute forme de discrimination», a ajouté Mme Plante.
«La lutte [contre le racisme] doit non seulement se poursuivre, mais s’intensifier dans notre société.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
Valérie Plante n’a toutefois pu détailler la somme que la Ville entend débourser pour créer ce bureau. Il en sera question dans son budget 2021, attendu le mois prochain.
Rapport de l’OCPM
La création de ce bureau fait suite à la publication, cet été, d’un vaste rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui avait amené la mairesse de Montréal à reconnaître l’existence du racisme systémique.
«J’aime parler de biais collectifs. On a l’occasion d’avoir une discussion collective et de sortir de l’individu. On a l’occasion de réfléchir à ce qui peut entretenir certains comportements à cause de l’ignorance», a-t-elle d’ailleurs souligné vendredi.
Quelques jours après la publication de ce rapport, la Ville avait annoncé l’arrivée de Cathy Wong au comité exécutif à titre de responsable de la diversité, de l’inclusion en emploi, de la langue française et de la lutte au racisme et à la discrimination. Elle avait précédemment occupé le poste de présidente du conseil municipal pendant deux ans et demi.
«On doit trouver la perle rare avec qui j’aurai le privilège de travailler étroitement», a déclaré Mme Wong, en référence au poste de commissaire que tentera de combler la Ville.
Quotas d’embauche
En attendant, «on ne chôme pas», assure Mme Wong. La Ville planche notamment sur des solutions afin d’augmenter le nombre d’employés municipaux et de cadres issus des minorités visibles et ethniques. La mairesse de Montréal n’écarte d’ailleurs pas la mise en place de quotas d’embauche pour augmenter la diversité à la Ville.
«Pour moi, il est évident qu’on doit avoir des objectifs clairs. C’est la façon d’avoir une véritable représentation des personnes issues de la diversité […] Je pense qu’il faut avoir des objectifs chiffrés», a affirmé Mme Plante.
Cathy Wong a par ailleurs indiqué que la formation des patrouilleurs du SPVM est en cours en lien avec la nouvelle politique sur les interpellations policières dévoilée cet été.
«Cette politique, elle se veut évolutive. Elle sera bonifiée avec le temps», a-t-elle par ailleurs assuré. Des organismes ont notamment déploré dans les derniers mois que cette politique ne s’appliquera pas aux interpellations réalisées en vertu du Code de la sécurité routière.
Passer à l’action
Le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a déploré que l’administration municipale n’ait pas entamé les démarches pour embaucher ce commissaire dès la publication du rapport de l’OCPM, il y a plusieurs mois déjà. «Quelle déception pour l’ensemble du milieu communautaire, qui s’attendait à apprendre ce matin le nom du futur commissaire», a-t-il soulevé par écrit.
Au Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), on presse la Ville d’agir pour régler des enjeux de racisme bien présents sur le terrain, notamment au sein des cols bleus de Montréal-Nord et à la la Société du parc Jean-Drapeau.
«Ces situations viennent compromettre la crédibilité de l’engagement qu’on entend aujourd’hui parce ce sont des situation qui perdurent», soulève le directeur du CRARR, Fo Niemi, en entrevue à Métro. Il demande donc maintenant à la Ville de cesser d’être «indifférente» et d’agir quand de telles situations surviennent.