Vélo: Valérie Plante émet des regrets sur les «voies actives sécuritaires»
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, reconnaît que la Ville a voulu agir «vite» dans le dossier des voies actives sécuritaires, qui ont soulevé maintes critiques cet été. Elle estime que les citoyens auraient dû être mieux informés au sujet de de ces aménagements.
Métro s’est entretenu avec Mme Plante pour dresser le bilan d’une année pas comme les autres pour la métropole. D’autres extraits de l’entrevue seront diffusés jeudi.
D’emblée, la mairesse a reconnu que la pandémie a eu pour effet de «bouleverser» les plans de la Ville. Elle a dû, par exemple, retarder de plusieurs mois la présentation de son Plan climat, prêt depuis le printemps dernier, pour se concentrer sur la gestion de la crise sanitaire.
Trop de VAS, reconnaît Mme Plante
Afin de faciliter le respect de la distanciation physique dans l’espace public, Valérie Plante a aussi annoncé le 15 mai son intention de créer 200 km de voies actives sécuritaires (VAS) au cours de l’été.
«On les a mises en place rapidement pour répondre à un besoin de distanciation physique. Ça aussi, ça a pris du temps, de l’énergie, essentiellement pour mobiliser les travailleurs de la Ville, mais aussi des arrondissements», relate Mme Plante.
«S’il y a une ligne directrice dont je suis fière dans cette pandémie-là, c’est que j’ai toujours voulu donner des options aux Montréalais pour ventiler, prendre l’air […] On n’a pas tous une cour arrière. Parfois, on a un petit balcon. À ce moment-là, tout ce qu’on a, ce sont nos parcs, nos espaces verts et notre capacité de se déplacer en vélo en d’en profiter sans avoir peur de se faire frapper. C’est ça qui m’a motivé», ajoute Valérie Plante.
Au cours de l’été, toutefois, ces voies piétonnes et cyclables temporaires ont soulevé de nombreuses critiques, tant de la part de résidents que de commerçants de la métropole. Des arrondissements ont d’ailleurs dû retirer certains aménagements sur leur territoire pour calmer cette grogne populaire.
«Je pense que les voies actives sécuritaires, qu’on a mis en place juste pour l’été, et les voies piétonnes, peut-être qu’on en aurait fait moins. On a été très ambitieux et on a avancé très vite», concède la mairesse de Montréal, lorsque questionnée par Métro sur ce qu’elle aurait fait différemment cette année.
Un enjeu de communication
Entre les mois de mai et d’octobre, l’ombudsman de Montréal, Nadine Mailloux, a traité plus de 300 plaintes reliées à divers aménagements mis en place par la Ville au cours de l’été, incluant les VAS et le Réseau express vélo. Dans un rapport publié au début du mois de décembre, Mme Mailloux affirme que la Ville aurait dû mieux informer les citoyens sur ces projets pour calmer leurs inquiétudes.
«Les gens se demandaient pourquoi il y avait maintenant une piste cyclable devant chez eux, alors que nous, on savait que c’était temporaire», relève Mme Plante, qui affirme avoir «beaucoup lu» le rapport de l’ombudsman, dont elle a tiré des leçons.
«Ce qu’elle critique et qu’elle remet en question [l’ombudsman], c’est toute la question des communications. On a voulu aller vite. On a voulu être ambitieux. Ça a créé des irritants», constate la mairesse. Elle reconnaît ainsi que la communication de la Ville sur ces aménagements a été «déficiente» cet été.
Appelée à réagir, l’opposition officielle à l’hôtel de ville en a profité pour revenir à la charge.
«Cette saga [des VAS] est un réel fiasco. Mme Plante a voulu imposer des pistes cyclables à travers la Ville sans faire la moindre consultation avec les citoyens et les commerçants», déplore le chef intérimaire d’Ensemble Montréal, Lionel Perez. Ce dernier estime que la mairesse a «utilisé la pandémie» pour justifier la mise en place des VAS.
Des plans bousculés
La crise sanitaire a bouleversé plus largement les plans de la métropole. Elle a notamment forcé la création de nombreux refuges d’urgence pour les sans-abri dans la métropole. La Ville souhaitait ainsi compenser la réduction de la capacité dans les refuges traditionnels, tout en répondant à l’augmentation des besoins en itinérance dans le contexte de la pandémie.
«À ce moment-là, on n’avait pas les ressources de Québec, mais on a dit: « On y va quand même, on avance ». Donc, c’est sûr que ça vient bousculer les plans», évoque la mairesse. La situation financière de la Ville a d’ailleurs durement écopé de la pandémie.
Cela n’a toutefois pas empêché la Ville de compléter l’essentiel de son plan de match en 2020, assure la mairesse, qui a finalement présenté son Plan climat il y a deux semaines. Le règlement pour une métropole mixte en matière d’habitation – communément appelé 20/20/20 – a aussi été adopté par les élus du conseil municipal récemment. Il entrera officiellement en vigueur le 1er avril.
«Ce sont les deux gros morceaux qu’on voulait sortir», explique la chef de Projet Montréal, dans un appel vidéo.
«C’était important pour nous que les grands projets de notre administration, on les fasse avant 2021. Parce qu’après, on peut être taxés de les présenter pendant une année électorale.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal