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Coronavirus: les hôpitaux de Montréal en voie de déborder

Coronavirus: deux millions de cas et plus de 131 000 décès dans le monde
Photo: David Ramos/Getty Images

Les hôpitaux de Montréal sont en voie de manquer de lits pour les patients atteints du nouveau coronavirus, selon une mise à jour des perspectives du réseau de la santé émis jeudi par l’INESSS.

L’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) publie chaque semaine ses prévisions sur la capacité des hôpitaux du Québec à absorber les patients traités pour le coronavirus, à Montréal et ailleurs. Pour la première fois, il apparaît «vraisemblable» que la capacité des hôpitaux de Montréal sera dépassée d’ici les trois prochaines semaines.

«Pour Montréal et ses régions proches (zone 1), l’augmentation des nouvelles hospitalisations projetées continue de progresser de façon marquée. Les projections prévoient une augmentation importante de l’occupation des lits dans les prochaines semaines. Pour la première fois, un dépassement des capacités dédiées d’ici les trois prochaines semaines est vraisemblable (risque de plus de 50%), d’autant plus que près des deux tiers des lits désignés sont déjà occupés», lit-on dans un communiqué émis jeudi.

À Montréal, cette prédiction s’applique tant pour les hospitalisations régulières que pour les lits d’hôpitaux prévus pour le coronavirus aux soins intensifs. Ailleurs, le portrait semble plus stable.

D’autres reports de chirurgies à prévoir?

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a réagit au rapport sur Twitter. Il indique que si cette situation se concrétise, elle pourrait mener, encore une fois, au report d’interventions hospitalières pour d’autres problèmes de santé.

Début décembre, le ministre avait déjà ordonné le report de chirurgies non-urgentes, entre autres. La capacité des hôpitaux du Québec a ainsi été diminuée de 30% pour les situations non reliées au coronavirus.

«Juste dans la région de Québec, c’est plus de 4000 rendez-vous et 300 chirurgies reportés par semaine», disait alors M. Dubé.

L’INESSS ajoute toutefois plusieurs bémols à ses projections. Notamment, le modèle ne tient pas compte des mesures sanitaires imposées pendant les Fêtes.

Jusqu’à présent, ces nouvelles mesures n’ont pas encore réussi à freiner la seconde vague de COVID-19. Jeudi, le Québec a d’ailleurs fracassé son record de nouveaux cas de COVID-19. Plus de 2800 nouveaux cas et 62 décès se sont ajoutés au bilan officiel. Le nombre d’éclosions est toutefois en baisse, notamment dans les espaces de travail.

Des choix déchirants à venir

Selon Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et experte en organisation des services de la santé, la pandémie met le réseau de la santé devant une situation «inacceptable».

«Indépendamment de la COVID-19, les gens continuent à avoir des crises cardiaques, des fractures de la hanche. Il ne faut pas que ces gens attendent un mois, deux mois, trois mois. Éthiquement, ce n’est pas acceptable», dit-elle en entrevue à Métro.

Si le réseau de la santé doit reporter encore ces interventions, les contrecoups se feront sentir pendant des années.

«Les dommages collatéraux, on les verra d’ici 2 ans 3 ans. Des gens pour lesquels cancers n’ont pas été dépistés à temps. Des gens qui n’ont pas eu une chirurgie cardiaque à temps.» – Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

«J’ai de la peine pour tous ces gens qui respectent les mesures sanitaires et qui sont non fonctionnels à cause des gens qui ne respectent pas les consignes», ajoute-t-elle.

Vers un confinement en janvier?

Selon la professeure, le gouvernement Legault a manqué une belle occasion pour avoir un impact marqué sur la progression du coronavirus. Il y a quelques semaines, elle et plusieurs dizaines d’experts réclamaient une nouvelle «mise sur pause» du Québec entre le 20 décembre et le 3 janvier, semblable au confinement sévère imposé au printemps.

Cette demande n’a finalement pas été retenue par le gouvernement Legault. Les commerces sont restés ouverts jusqu’au 25 décembre et les industries manufacturières sont à l’oeuvre. Ces industries sont aujourd’hui les principaux lieux des éclosions, souligne Mme Borgès Da Silva.

Celle-ci entrevoit maintenant la possibilité d’un reconfinement en janvier. Ce qui aurait des conséquences plus graves.

«Pour éviter les décès et les cas, on risque d’avoir un confinement au mois de janvier. Un confinement en janvier fait beaucoup plus mal à l’économie qu’un confinement pendant les Fêtes, alors que l’économie tourne déjà au ralenti», souligne-t-elle.

Actuellement, le gouvernement prévoit un retour à la normale le 11 janvier.

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