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Le ramadan au temps de la COVID

Les musulmans ont dû se résigner pour une deuxième année à vivre leur spiritualité à la maison. Photo: Archives

Pour une deuxième année, les musulmans de Montréal auront vécu un ramadan sous les contraintes des mesures sanitaires. Ce moment de piété, mais aussi de grands rassemblements religieux et familiaux, a été marqué par des restrictions et des adaptations.

À la mosquée Al Rawdah et Centre communautaire Laurentien à Cartierville, à quelques jours de l’Aïd el fitr, la fête de la fin du ramadan, la fébrilité a cédé la place à l’attente.

«Cela dépendra des changements dans la réglementation. Ce qu’on aimerait faire, c’est tenir une prière toutes les 30 minutes», concède Rachid Zineddine, un bénévole de la mosquée.
La fin du mois de jeûne est marquée par la grande prière collective dans la matinée.

Actuellement, la fréquentation des lieux de culte est limitée à 25 personnes. Avec deux locaux distincts, la mosquée ne peut accueillir que 50 personnes à la fois.

Même s’il ne reste que quelques jours avant l’événement, M. Zineddine est convaincu que les dispositions seront prises rapidement si plus de fidèles sont autorisés à se réunir. «On pourra s’organiser très vite», assure-t-il.

L’imam Hassan Guillet, une des figures de la communauté musulmane au Québec a bon espoir que l’Aïd se tiendrait dans de bonnes conditions.

«Il y a quelque chose de positif qui va arriver, croit-il. Le chiffre [des contaminations] diminue. On espère qu’il y aura une ouverture.»

En tant que membre de la table interreligieuse de concertation pour la réouverture des lieux de culte au Québec, il discute souvent avec les autorités de Santé publique.

«On a raté le ramadan. Si on peut réussir l’Aïd, ce serait idéal», espère-t-il.

En berne

Il faut dire que le ramadan en pandémie a été difficile. Le Centre religieux et communautaire Laurentien a, comme toute mosquée, aussi une mission solidaire. Il organisait des repas collectifs, une manière de prêter assistance à des familles musulmanes dans le besoin.

Comme en 2020, il n’y en a pas eu. À défaut, 70 boites de repas et des paniers d’épicerie sont distribués chaque jour.

La dimension spirituelle a aussi fait les frais de la pandémie. Les prières surérogatoires qui se tenaient la nuit ne sont plus possibles. Elles permettent de relire le Coran en entier en 26 jours. «Ce n’est pas une obligation. Mais les gens y vont parce qu’il y a un imam qui a une belle voix pour la récitation. C’est aussi l’occasion de revoir les amis», explique M. Guillet.

À défaut, des conférences ou des séances d’invocation sont diffusées sur Zoom.

«On organise nos activités de groupe en virtuel. Cela ne remplacera jamais la chaleur humaine. Nous sommes privés de ça, mais avec les moyens du bord, on a trouvé des alternatives qui nous permettent de continuer à rester accrochés à la mosquée», souligne M. Zineddine, bénévole à la mosquée Al Rawdah.

Il souligne au passage que le bon côté des choses c’est que cela permet de rejoindre à distance plus de gens.

Pragmatisme

Pour M. Guillet, la communauté musulmane est très respectueuse des directives de Santé publique. S’adapter à la situation a été la réponse la plus évidente.

«Cela s’est fait avec beaucoup de tristesse et de résignation, mais les gens ont accepté cela parce qu’il n’y avait pas d’autres solutions», observe-t-il.

Il soutient aussi que ce sont surtout les aspects sociaux et culturels qui ont pâti de ces règlements.

«Le fait de ne pas pouvoir accomplir des devoirs ou des obligations à cause de forces majeures est tout à fait admis. Comme on dit en Islam, les nécessités brisent les prohibitions. Si on a les moyens de faire le pèlerinage, on y va. Si on n’est pas capable, on n’est pas tenu de le faire», illustre-t-il.

Toutefois, il est convaincu que cet isolement momentané a permis d’apprécier les bienfaits de la vie sociale quand les gens en ont été privés.

300 000
Nombre de personnes qui se déclarent musulmane au Québec selon les statistiques de 2011. Plus de la moitié d’entre eux vit dans la grande région de Montréal.

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