CHSLD Herron: des familles demandent une réforme du système de santé
Des familles de résidents décédés seuls au CHSLD Herron durant la première vague de COVID-19 ont pu s’adresser à la coroner chargée de l’enquête publique, Me Géhane Kamel. Leur message est clair: il faut réformer le système de santé québécois et le modèle des CHSLD.
«Un système censé protéger les plus vulnérables, le système de santé, a tué mon père. La COVID-19 n’a fait qu’étendre sa mort», écrit Christiane Boucher, dont le père est parmi les 47 résidents de Herron décédés au printemps 2020, dans une déclaration officielle.
Pour Mme Boucher, «le système de santé est brisé» et la pandémie de COVID-19 a seulement réussi à exposer cette réalité.
C’est aussi l’avis de Tina Gurekas, qui a perdu sa mère dans les mêmes circonstances. Les établissements comme le CHSLD Herron «n’ont pas pu supporter le test de pression de la COVID-19, car la nature des foyers à but lucratif est de faire du profit», souligne-t-elle dans sa lettre à la coroner Kamel.
Selon Mme Gurekas, ces profits sont réalisés en sous-payant les employés, en embauchant moins personnel, en utilisant des travailleurs occasionnels et à temps partiel, ainsi qu’en fournissant moins d’équipement que nécessaire pour répondre aux besoins quotidiens de leurs clients.
«Malheureusement, avec la façon dont le système fonctionne actuellement, les provinces comptent sur les foyers à but lucratif [CHSLD privés] pour augmenter l’offre de services afin de répondre aux besoins de la population croissante de personnes âgées», déplore-t-elle cependant.
Des soins, pas du profit
Les proches de défunts qui se sont adressés à la coroner ont cité quelques idées pour réformer les CHSLD privés conventionnés.
Peter Barrette, dont le père est décédé quelques jours seulement après son admission à la résidence Herron, propose de créer un «projet de société similaire» à Hydro-Québec en nationalisant tous les CHSLD privés.
«Pourquoi ne pas profiter de cette catastrophe à Herron pour créer un réseau public qui a comme objectif premier non pas de faire du profit, mais de fournir des soins humains?», demande-t-il.
De son côté, Christiane Boucher suggère la création de maisons de soins universelles sans but lucratif pour toutes les personnes vulnérables.
«Personne ne devrait profiter de la prise en charge des besoins fondamentaux des individus, pense-t-elle. Si nous pouvons le faire avec les garderies pour nos petits humains, pourquoi ne pouvons-nous pas le faire pour nos aînés vulnérables?»
Rappelons que l’institution a fermé ses portes à l’automne 2020. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a déjà annoncé qu’il ne déposerait pas d’accusations dans le dossier du CHSLD Herron, ce qu’ont déploré les familles des défunts jeudi après-midi.
La coroner Me Géhane Kamel rappellera des témoins à la barre les 26, 27 et 28 octobre prochains. Elle considère qu’il y a encore trop de questions sans réponse.