Montréal

Métro dans le métro avec Mélanie Joly

Photo: Denis Beaumont/Métro

pvfoisy - Métro

25 octobre 2013 à 5h30 8 minutes de lecture

À moins de deux semaines du scrutin du 3 novembre, Métro a décidé de prendre le métro avec les cinq principaux candidats à la mairie de Montréal. Tout en parcourant la ligne verte, les candidats ont dû expliquer leurs priorités, leur vision et les défis que représente une campagne lancée sur les cendres d’une administration malmenée.

Mélanie Joly
La candidate Mélanie Joly, chef du parti Vrai changement pour Montréal, propose aux électeurs de la métropole 54 nouveaux visages.

Sa jeunesse semble plaire aux Montréalais puisque celle qui avait d’abord été snobée par les organisateurs de plusieurs débats est maintenant deuxième dans les intentions de vote.

Avec ses dix actions pour améliorer la qualité de vie des Montréalais, dont son projet de Service rapide par bus (SRB) pour désengorger et peupler de nouvelles zones, ainsi qu’une transparence complète et simple de l’administration municipale, la femme d’affaires compte devenir la plus jeune mairesse de la métropole.

Vous avez déjà indiqué vouloir contester la Charte des valeurs québécoise devant la cour. Comment comptez-vous représenter les Montréalais qui sont en sa faveur?

Je suis contre personnellement. Mais j’ai dit qu’il n’y avait pas de ligne de parti dans mon parti

Je le dis depuis le début: il y a des personnes qui sont en faveur, d’autres, comme moi, sont contre. Je vais aller devant les tribunaux dans la mesure où mon conseil de ville est d’accord. L’important, pour moi, c’est qu’on respecte les droits fondamentaux des gens. Et qu’on respecte la culture de Montréal.

Les nouveaux arrivants arrivent ici! On ne peut pas proposer une charte qui a un impact sur Montréal sans avoir une consultation avec les Montréalais.

Comment allez-vous faire pour construire 130 km de SRB si on n’est pas capable d’en faire 10 km sur le boulevard Pie-IX?

Ça va être le rôle de la STM, donc sous ma juridiction comme maire.
Le problème de Pie-IX, c’est qu’au départ, c’était la STM qui s’en chargeait, après Laval est arrivé, puis l’AMT. Et, il n’y avait pas de gains politiques à faire en poussant le projet pour l’ancien gouvernement. Le nouveau gouvernement arrive, le projet avance un peu.

Montréal réalise qu’il y a un problème d’infrastructures, le gouvernement dit qu’il n’est plus sûr. Il arrive avec une politique d’électrification des transports, donc des trolleys bus. C’est un énorme problème de gestion.

Le problème, c’est le leadership politique. C’est la politisation du projet qui a fait en sorte que c’est présentement un bordel!

En terme de sport, voulez-vous ramener une équipe d’envergure à Montréal? Sinon, comment voulez-vous développer le sport?

C’est sûr que si un groupe d’investisseurs privés veut en accueillir une, je vais être contente. Mais je veux surtout que Montréal soit un endroit agréable où les familles vont pouvoir vivre. Je veux plus de parcs et d’animation dans les parcs, tant culturelle que sportive.

Comment voyez-vous la communauté gaie à Montréal?

C’est une communauté très importante à Montréal qui doit être valorisée. C’est important de positionner ça à travers le monde. Tourisme Montréal le fait déjà et il faut s’assurer de continuer sur cette voie.

Question suggérée par Yves Bellavance (@YBellavance) sur Twitter: Quel est votre plan de match pour réduire la pauvreté à Montréal?

J’espère que Montréal va avoir plus de responsabilités dans la politique contre l’itinérance mise en place par Québec et que la Ville aura plus de ressources. On ne s’occupe pas des services sociaux, des services psychiatriques, ni de ce qui touche à la toxicomanie.

Quand on parcourt les principaux axes routiers est-ouest du centre-ville, la circulation bloque régulièrement à Papineau. Comment comptez-vous réduire la congestion routière sur l’île?

Avec le SRB. Le problème, c’est que le parc automobile augmente chaque année. Et on n’investit pas plus en transport en commun, mais on dit aux gens: changez vos habitudes et arrêtez de prendre la voiture. Il faut offrir aux gens quelque chose de plus.

Comptez-vous investir davantage de ressources dans la lutte contre la prostitution?

La lutte à la pauvreté et à l’ostracisme passe avant. Il y a des problèmes de décrochage scolaire, et d’autres problématiques. Le rôle de la Ville, c’est de travailler avec les commissions scolaires pour améliorer les parcs, créer un programme de parc-école, reverdir nos parcs, et engager les Montréalais dans leur communauté.

Comment allez-vous faire pour que les étudiants et les manifestants puissent reprendre confiance en la police?

Il y a un dialogue à refaire.

Qui doit faire les premiers pas?

Le maire, le chef de police et les associations étudiantes, tous doivent travailler pour rétablir un climat de confiance. J’ai dit ma position sur P6. C’est clair qu’il faut donner son itinéraire d’avance. C’est une question d’équilibre des droits. Mais le masque c’est un débat absurde. Les amandes salées me préoccupent aussi.

Vous proposez une amnistie pour les entreprises de génie-conseil. Vous craignez que des entreprises étrangères viennent «voler» les contrats. Votre objectif, c’est d’avoir les meilleures infrastructures à meilleur prix, ou de faire travailler les firmes d’ici?

Le but, c’est de payer le prix du marché pour nos infrastructures. On est capable de le faire en ayant des sièges sociaux qui sont ici. Je ne sais pas ce qui se passe en Amérique du Sud ou en France.

Quel est votre plan pour le 375e anniversaire de Montréal?

Je me suis assise avec Gilbert Rozon et j’ai adoré ce qu’il m’a présenté. Pour moi, ce sera un grand moment de célébration pour la ville.

Concrètement, il faut des legs importants. Pour nous, c’est le SRB (Service rapide par bus) sera un de ces legs. On veut aussi que le parc Jean-Drapeau puisse recevoir des festivals à longueur d’année. Je veux qu’on célèbre l’aspect hivernal de Montréal. Je ne veux pas qu’on investisse juste sur l’été.

Avez-vous un plan pour augmenter le nombre de femmes dans les hautes sphères décisionnelles?

J’ai déjà dit que je voulais la meilleure fonction publique possible. Je veux attirer des talents pour Montréal. Je veux qu’on ait une fonction publique qui reflète notre population. Il y a un déficit de femmes chez les cols bleus. Je veux que les gens soient fiers de travailler pour la Ville, comme les gens l’étaient dans les années 1960.

Vous pensez à repeupler des zones grâce, notamment, à votre SRB. Allez-vous construire ces nouveaux quartiers à l’image de ce que nous voyons dans Griffintown?

Le problème avec Griffintown, c’est qu’il n’y avait pas d’urbanisme pensé par la Ville. C’est un énorme problème. Il n’y avait même pas de réserve foncière pour une école primaire! Il y a un déficit de parcs. Dans le mesure où on veut densifier le territoire, la Ville doit être proactive dans son aménagement. On s’inspire de Copenhague et de Toronto dans ce dossier-là.

Comment comptez-vous faire pour garder les étudiants formés dans la métropole?

La Ville, c’est le palier le plus proche de l’étudiant. On propose donc un bureau de promotion de Montréal dans les universités. Les gens choisissent où vivre en fonction de la qualité de vie. Les sièges sociaux vont où les cerveaux sont. Notre objectif, c’est nous assurer que Montréal ait la meilleure qualité de vie au monde d’ici 2021.