Nouvelle tuile pour les parents de l’école Saint-Gérard
Mauvaise nouvelle pour les parents de l’école Saint-Gérard, dont les enfants sont dépourvus d’école depuis janvier 2012. Un avis du Conseil du patrimoine et du Comité Jacques-Viger émis le mois dernier rejette le projet de reconstruction de l’école élaboré par la Commission scolaire de Montréal (CSDM).
La Commission scolaire de Montréal (CSDM) et des parents de l’école se sont réunis lundi pour réclamer le soutien des élus municipaux à leur projet.
L’école Saint-Gérard, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, est fermée en raison de la présence inquiétante de moisissures dangereuses pour la santé. Les élèves ont été relocalisés à l’école secondaire Georges-Vanier, 2km plus loin. Le bâtiment étant de nature patrimoniale, la CSDM devait présenter un plan de reconstruction au Conseil du patrimoine (CPM) et au Comité Jacques-Viger (CJV) pour pouvoir obtenir les permis de démolition et de reconstruction.
Or, selon l’avis du CPM et du CJV, qui n’a pas encore été rendu public, mais dont Métro a obtenu copie, le projet de démolition est prématuré «étant donné les lacunes dans les connaissances et la nature encore préliminaire des enquêtes menées par rapport aux méthodes d’assainissement». L’avis recommande que «toutes les pistes de solutions autres que la démolition soient examinées en détail avant d’entériner celle-ci» et d’«attendre de disposer de données scientifiques probantes quant aux traitements possibles» pour décontaminer l’école. Le CPM et le CJV estiment que la disparition de tels édifices scolaires serait une «perte considérable pour la collectivité montréalaise».
Comme l’avis demande un sursis à la démolition de toutes les écoles contaminées de la CSDM, la CSDM craint aussi pour son projet de reconstruction de l’école Baril, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
«La CSDM ne peut pas attendre. Nous ne pouvons pas attendre 3 ans, 5 ans ou 10 ans avant d’avoir des résultats scientifiques qui nous confirmeraient hors de tout doute la marche à suivre pour assurer un environnement sans risque pour ces deux écoles», a affirmé Catherine Harel-Bourdon, la présidente de la CSDM.
La CSDM a commandé plusieurs études sur la possibilité d’assainir ces écoles, et estime que les résultats contradictoires ne permettent pas d’établir avec certitude qu’une technique pourrait éliminer complètement les moisissures. «Nous avons fait le choix de ne pas prendre de risques et de privilégier les élèves plutôt que la brique», a souligné Mme Harel-Bourdon.
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De son côté, le Regroupement de parents déplore que le projet de la CSDM ne satisfasse pas aux exigences règlementaires et patrimoniales de la Ville de Montréal. Il dénonce «l’attentisme» de la CSDM et de la Ville de Montréal. Plusieurs parents sont d’ailleurs allés au conseil municipal lundi soir pour demander aux élus de permettre la démolition.
Pour que l’échéancier de la CSDM soit respecté et que les élèves aient leur nouvelle école en septembre 2016, les élus municipaux devront aller au-delà de l’avis du CPM et du CJV en approuvant au plus tard au conseil municipal du 18 août le retrait de l’école du plan d’urbanisme de la Ville, ce qui permettrait ensuite à l’arrondissement d’émettre les permis nécessaires.
Pour l’instant, le maire Coderre n’a pas pris position sur ce dossier, affirmant qu’il devait parler avant toute chose avec Mme Harel-Bourdon. «Ce qui m’intéresse d’abord est la sécurité des enfants», a-t-il tout de même établi.
«C’est urgent qu’on en vienne à une position commune, en s’asseyant avec tous les acteurs concernés, a de son côté estimé Elsie Lefebvre, conseillère de ville pour Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension. Il faut trouver une solution pour que les élèves retournent dans leur école dans les délais prévus.»