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La sonnette d’alarme tirée pour les tout-petits

Photo: Archives Métro

Agressivité, anxiété, déprime, retard de développement et problèmes de santé: c’est ce à quoi s’exposent les enfants âgés d’au plus 5 ans sous-alimentés, mal-logés et/ou violentés, s’alarme l’Observatoire des tout-petits dans son portrait des conditions de vie de ces bouts de chou publié lundi.

«C’est le besoin de sécurité qui n’est pas comblé, a fait remarqué la directrice générale de l’Observatoire, Fannie Dagenais. De se nourrir, de se loger et d’être en sécurité, ce sont les trois besoins de base des tout-petits qui doivent absolument être comblés pour favoriser leur développement.»

Au Québec, près d’un bambin sur cinq vivait en 2012 dans un logement inabordable pour les moyens de ses parents alors que 8% de ces jeunes enfants ne mangeaient pas à leur faim, sinon ils n’absorbaient pas assez d’aliments nutritifs en 2013-2014, ce qui fait qu’ils sont davantage susceptibles d’éprouver des retards de développement cognitif, langagier et socioaffectif, de même que des problèmes d’agressivité, d’hyperactivité, d’anxiété et de dépression.

Ceux qui auront été victimes de comportements violents auront quant à eux de la difficulté à gérer leurs émotions. Près de 4,3% des enfants âgés de cinq ans et moins ont été sévèrement violentés (serrer la gorge, donner un coup de poing ou jeter par terre) en 2012 et 47,8% d’entre eux avaient subi de la violence dite mineure (secouer un enfant de plus de 2 ans, taper les fesses à mains nues, donner une tape sur la main, le bras ou la jambe ou le pincer). Une agression psychologique (lui hurler après, le menacer de le placer dans une famille d’accueil, l’humilier ou le traiter de stupide) a été perpétrée sur près de 43,8% de ces jeunes enfants au moins trois fois au cours d’une même année.

«Les enfants qui subissent de la violence physique mineure sont deux à dix fois plus à risque de subir de la violence physique sévère, a rapporté Mme Dagenais, Ça nous préoccupe quand on sait que ça a un effet sur le développement de l’enfant.»

L’Observatoire des tout-petits s’est malgré tout fait rassurant en soulignant que les familles avec de jeunes enfants ayant de faibles revenus a diminué de 18,5% à 12,9% de 2004 à 2013, de même que celles ayant recours à l’assistance sociale (9,5% à 7,9%). Le nombre de mères n’ayant pas décroché leur diplôme d’études secondaires a également chuté de 7% à 5,9% de 2007 à 2014.

«Ce sont des données qu’on connaît, on le vit sur le terrain. Il n’y a aucune surprise là-dedans», a lancé le Dr Gilles Julien, pédiatre social, qui s’est malgré tout dit ravi de l’existence de ce «bulletin des tout-petits». Selon lui, il est temps de passer à l’action. «Il faut arrêter de dire que ça n’a pas de bon sens», a-t-il insisté, ajoutant qu’il veut encore propager l’approche clinique de pédiatrie sociale en milieu communautaire qu’il a créée.

Même son de cloche du côté de l’Association des centres de la petite enfance du Québec. Sa directrice générale, Geneviève Bélisle, a réclamé «une vision claire de l’État» sur les enjeux de logements et d’alimentation ainsi qu’un débat public sur les comportements parentaux violents. «Ça va sûrement nous permettre comme Québécois de discuter, de partager et peut-être de voir des changements», a-t-elle dit.

 

 

 

 

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