Survivre avec moins de 500$ par mois
En novembre 2016, le gouvernement adoptait le projet de loi 70. Dans le cadre de cette réforme du programme de l’aide sociale, la prestation de base des nouveaux demandeurs sans enfants et sans conjoint pourrait descendre à aussi peu que 403$ par mois.
Comme la plupart des tarifs gouvernementaux, les prestations d’aide sociale augmenteront de 0,74% le 1er janvier. Ainsi, une personne seule et sans enfant sur l’aide sociale recevra 627$ par mois. Toutefois, si cette personne en est à sa première demande d’aide financière de dernier recours et qu’elle n’a pas de problèmes de santé compromettant son employabilité, elle devra participer durant un an au nouveau programme Objectif emploi. Les couples dont au moins une personne n’a pas de contraintes à l’emploi devront aussi y prendre part, ceux-ci recevront entre 972 et 1426$ mensuellement à partir de janvier, dépendamment de la situation.
Le chèque des nouveaux prestataires qui ne participent pas à Objectif emploi sera retenu. «À partir du moment où la demande d’aide sociale est acceptée, on est convoqué pour rédiger un plan d’intégration à l’emploi. Si tu ne te pointes pas à ta rencontre, on retient ton chèque, explique le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Serge Petitclerc. C’est assez fort qu’une personne puisse se ramasser avec un chèque de 0$ tant qu’elle n’obtempère pas.»
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En plus des prestations d’aide sociale, notre outil prendre en compte l’Allocation canadienne pour enfants, le montant du Soutien aux enfants du gouvernement provincial et le crédit d’impôt pour la solidarité.
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Lorsque le bénéficiaire d’aide sociale accepte de rédiger un plan d’intégration à l’emploi, la prestation de base lui est versée et elle peut être accompagnée d’une allocation de participation. Les montants n’ont pas encore été fixés par règlement, mais au ministère on nous indique que les intentions sont les suivantes: 165$ par adulte, pour la recherche active d’emploi ou le développement d’habiletés sociales (par exemple, aller en désintoxication) et 260$ par adulte pour ceux qui suivent une formation. Un adulte responsable d’une famille monoparentale recevra 390$ s’il suit une formation. «Techniquement la personne a quelque chose à dire, mais c’est quand même l’agent qui rédige le plan et t’es obligé de le signer parce que sinon t’as plus de chèque», déplore M. Petitclerc.
Et si on ne respecte pas le plan, en plus de perdre l’allocation supplémentaire, la prestation de base sera coupée de 56$ à la première offense, de 112$ à la seconde et de 224$ à la troisième, une mesure qui est particulièrement décriée. «La majorité des gens qui arrivent à l’aide sociale, même pour une première fois, ils vont partir à l’intérieur d’un an, rappelle Serge Petitclerc. Ceux qui sont réfractaires et qui vont se retrouver avec les pénalités, ce sont des gens déjà maganés par la vie. Ce ne sera pas la personne qui a travaillé dans une usine toute sa vie et perd son travail à 45 ans.»
«Ce qui risque d’arriver, vu qu’on coupe la prestation de base, des gens vont participer par dépit et prendre n’importe quoi. Ils vont suivre une formation pour un métier dans lequel ils ne vont jamais travailler. Ça ne va pas les aider.» -Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté
Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) se défend en disant que l’objectif du programme n’est pas de sanctionner, mais d’aider les participants à intégrer le marché du travail. «Les réductions seront graduelles, modérées et appliquées lorsque la situation l’exigera, afin d’assurer l’engagement continu et le succès de la démarche au bénéfice du participant», indique un porte-parole du MESS, Antoine Lavoie.
Le ministre François Blais n’a pas donné suite aux demandes d’entrevue de TC Media.
Un peu d’air
Depuis juillet, le montant que les familles reçoivent du gouvernement fédéral par enfant a été augmenté. L’Allocation canadienne pour enfants prévoit des versements mensuels de 533$ par enfant de moins de 6 ans et de 450$ par enfant âgé de 6 à 17 ans. Est-ce que cette augmentation a donné un peu d’air aux familles sur l’aide sociale? «C’est assez récent et on n’a pas encore de retour, mais sur papier c’est certain que c’est positif», assure M. Petitclerc.
Il compare cette réforme avec celle du Soutien aux enfants du gouvernement provincial réalisée en 2005. «Quand les gens ont un peu d’argent pour autre chose que de la survie, ils améliorent leurs conditions de vie, leur santé, leur paix d’esprit et peuvent envisager retourner sur le marché du travail ou aux études», ajoute le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.