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Le budget déçoit certains, en réjouit d'autres

Minister of Finance Bill Morneau walks with Prime Minister Justin Trudeau as they leave his office on route to deliver the federal budget in the House of Commons on Parliament Hill in Ottawa on Tuesday, Feb. 27, 2018. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le troisième budget à l’encre rouge du gouvernement Trudeau a été applaudi timidement par certains, mais il a été largement critiqué par plusieurs organisations, qui s’inquiètent d’un autre déficit budgétaire et du manque de mesures pour rassurer le milieu des affaires face à l’incertitude qui plane au sud de la frontière.

Voici quelques réactions en vrac recueillies par communiqué et par téléphone:

Carlos Leitao, ministre des Finances du Québec

Le ministre des Finances se dit «globalement satisfait du budget fédéral présenté aujourd’hui même si du point de vue du Québec il comporte certaines lacunes. Si certains enjeux touchant le Québec restent à clarifier, le ministre estime que plusieurs mesures annoncées vont dans le même sens que les efforts déployés par le gouvernement du Québec au cours des dernières années pour améliorer la qualité et le niveau de vie des Québécois.»

«Le Québec est toutefois préoccupé du manque de volonté du gouvernement fédéral à accentuer ses efforts pour lutter contre l’évasion fiscale de manière globale. Nous regrettons notamment le refus du gouvernement fédéral de percevoir la TPS sur les services et les biens incorporels provenant de l’étranger.»

Nicolas Marceau, porte-parole du Parti québécois en matière de finances

«Aujourd’hui, Justin Trudeau a raté une nouvelle occasion de répondre aux besoins des Québécois. Alors que ceux-ci réclament la justice fiscale, Ottawa répond qu’il continuera de favoriser le recours aux paradis fiscaux. Car ce sont les lois, les conventions et les règlements fiscaux qui doivent changer pour combattre l’évasion fiscale et l’évitement fiscal abusif; ajouter des ressources n’a qu’un impact marginal, parce que l’usage des paradis fiscaux demeure légal.

«Un autre exemple illustrant que le gouvernement de Justin Trudeau persiste à protéger les ultrariches et les multinationales est l’entente avec Netflix, qui est maintenue. Le Parti Québécois avait par ailleurs demandé des mesures précises pour soutenir les régions du Québec. Malheureusement, le fédéral a fait la sourde oreille.»

Alexandre Cusson, président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ)

«C’est un budget qui est décevant, dans la mesure où, par exemple, sur les principales demandes qu’on avait formulées, sur les aéroports régionaux — selon nous les programmes actuels sont désuets, sont insuffisants aussi en termes d’apport financier — il n’y a aucune annonce là-dessus. Très peu de choses sur les ports, aucune précision sur la deuxième phase des programmes d’infrastructure.

«Le ministre reconnaît que l’argent prend du temps à arriver sur le terrain, mais il ne nous dit pas comment il va accélérer le processus pour conclure des ententes avec les provinces. Par contre, il y a des montants qui sont annoncés pour le soutien des médias locaux, toute la question du bois d’oeuvre, le soutien au libre-échange.»

Serge Cadieux, secrétaire général de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ)

«C’est un budget qu’on voit de façon plus positive que négative, parce qu’il y a des bonnes nouvelles, des revendications que le mouvement syndical mène depuis longtemps, entre autres l’adoption d’une loi sur l’équité salariale pour les travailleuses sous juridiction du fédéral. Évidemment, le remplacement du système de paye Phénix, ce sont des employés qui sont aussi affiliés à la FTQ, donc pour ces employés-là, c’est important, c’était la catastrophe depuis les deux dernières années.

«Les mesures concernant l’assurance-emploi, il y a un montant de 10 millions $ qui est dégagé maintenant, mais on a hâte de voir dans le détail. On a hâte de s’asseoir avec le gouvernement pour voir les modalités d’application, mais il y a un 230 millions $ d’ajouté pour les deux prochaines années, c’est une bonne nouvelle, c’est beaucoup d’argent. Là où on est un peu déçus, c’est sur la question de l’équité fiscale, il n’y a pas vraiment de mesure concrète qui est annoncée pour lutter contre les paradis fiscaux.»

Teamsters Canada

«Teamsters Canada est satisfait du troisième budget du gouvernement Trudeau. Le syndicat est heureux que le gouvernement pose des gestes en vue de créer un programme national d’assurance-médicaments. Cependant, dans les budgets à venir, le gouvernement devra augmenter ses investissements dans les infrastructures et faire davantage pour aider les Canadiens à travers la prochaine vague d’automatisation et de changements technologiques.

«Le budget ne tient pas compte du fait que 42 pour cent des emplois au Canada sont à risque élevé de disparaître avec l’automatisation au cours des deux prochaines décennies. Au-delà de la formation professionnelle, le gouvernement doit également élargir le filet de sécurité sociale afin d’aider les Canadiens à s’adapter aux changements à venir.»

Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP)

«Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) réclame de l’action de la part du gouvernement fédéral dans le dossier de l’équité salariale depuis des années et se réjouit donc de l’engagement pris à cet égard dans le budget 2018. Le SCFP accueille favorablement la bonification du régime de congé parental et l’analyse selon les sexes des diverses mesures budgétaires.

«Le syndicat déplore par contre le refus du gouvernement fédéral de mettre en oeuvre l’équité fiscale, et ce, malgré les appels répétés de nombreux experts et organisations de la société civile qui demandent au gouvernement fédéral de lutter énergiquement contre les paradis fiscaux, d’éliminer les échappatoires pour les PDG qui utilisent leurs options d’achat d’actions et d’exiger que les multinationales numériques comme Uber et Facebook perçoivent et versent les taxes de vente comme n’importe quelle autre entreprise.»

L’Union des producteurs agricoles

«Le budget fédéral 2018-2019 n’est malheureusement pas à la hauteur des attentes des entreprises agricoles du Québec et ne favorise pas l’atteinte de leur plein potentiel. À l’exception d’investissements modestes dans diverses mesures ciblées, le gouvernement canadien manque d’ambition pour son secteur agricole, au moment même où il élabore sa future politique alimentaire. L’UPA aurait aussi vu d’un bon oeil un appui plus substantiel à l’exportation, le gouvernement canadien s’efforçant, par la négociation d’ententes commerciales, d’ouvrir de nouveaux marchés sur la scène internationale.»

Norma Kozhaya, économiste en chef au Conseil du patronat du Québec

«Malheureusement, il n’y a pas beaucoup de mesures pour aider la compétitivité de nos entreprises, surtout dans le contexte de la réforme fiscale aux États-Unis, qui est sans précédent, qui affecte beaucoup notre compétitivité fiscale, et devant toute l’incertitude qui plane autour de l’ALÉNA. On avait aussi demandé de régler la question de l’iniquité sur le plan du commerce électronique, ça non plus il n’y a pas de mesure pour ça.

«Pour la réforme qui était annoncée par M. Morneau, en particulier la question des placements passifs, il y a certaines mesures qui rendent la réforme moins complexe et moins pire, mais pour nous ça demeure problématique. Une autre préoccupation que nous avons soulevée, c’est aussi l’absence de retour à l’équilibre budgétaire. Il y a certaines mesures intéressantes, quand même; les investissements pour la recherche, des mesures pour certains secteurs qui ont souffert, comme le bois d’oeuvre.»

Stéphane Forget, président et directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec

«La situation économique du Canada ne doit pas permettre au gouvernement fédéral de baisser la garde sur des enjeux comme le retour à l’équilibre budgétaire, l’impact de la réforme fiscale américaine sur la compétitivité des entreprises canadiennes et l’incertitude liées aux négociations de l’ALÉNA.

«Par ailleurs, certaines mesures comme l’investissement important en recherche et innovation, annoncé dans le budget fédéral, constituent des gestes structurants pour l’économie canadienne et positionnent les entreprises favorablement face à la concurrence mondiale. Cet effort étendu du gouvernement fédéral, soutenu dans le temps, dénote un engagement à long terme en faveur de l’innovation.»

Véronique Proulx, présidente-directrice générale chez Manufacturiers et Exportateurs du Québec

«Ce budget-là pour nous s’inscrivait dans un contexte de renégociation de l’ALÉNA, ce qui crée beaucoup d’incertitude et dans un contexte où on a une réforme fiscale très agressive qui a été annoncée. Alors on s’attendait à ce que le gouvernement annonce des mesures phares pour stimuler la compétitivité du secteur manufacturier, et malheureusement, ça ne se traduit pas dans ce budget.

«Il y a des mesures qui avaient déjà été annoncées et qui ont été présentées aujourd’hui, on pense notamment aux supergrappes, au fonds d’innovation. Il y a des mesures pour stimuler l’innovation, mais ce qui manque, c’est des mesures qui vont favoriser l’innovation au sein des entreprises, donc des mesures qui stimulent l’investissement et la compétitivité du secteur.»

Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante

«Même si on doit souligner que le gouvernement a apporté certaines améliorations aux mesures initialement prévues en matière de taxation des revenus passifs, nous devrons voir si à terme, on pourra réellement qualifier le tout d’améliorations. Si les changements annoncés aujourd’hui vont peut-être améliorer un peu la donne pour certaines entreprises par rapport à ce qui avait initialement été annoncé par le gouvernement, certaines entreprises vont perdre leur accès au taux réduit d’imposition réservé aux PME. Cela est d’autant plus préoccupant que le budget est venu aussi spécifier que les nouvelles règles du jeu tiendront compte des investissements passés.»

Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS)

«Dans son budget 2018-2019, le gouvernement Trudeau ne répond pas aux attentes suscitées lors de son élection. En dépit de quelques mesures sociales bienvenues, le ministre Morneau poursuit sur la lancée de ses deux premiers budgets: il échoue à opérer une véritable transformation des politiques économiques et budgétaires léguées par le gouvernement conservateur.

«Les différentes politiques féministes constituent une consolation. Parmi elles, on compte l’amélioration du congé parental, inspiré par le Québec mais moins avantageux que le programme québécois, et l’équité salariale pour 1,2 million de travailleurs des secteurs sous réglementation fédérale (aussi nommément inspiré du Québec).»

Équiterre

«Équiterre souligne sa déception aujourd’hui sur le budget fédéral de 2018, qui ne met toujours pas en oeuvre un plan concret pour éliminer les subventions à la production d’énergies fossiles au Canada, un engagement auprès du G20 datant de 2009, et réitéré devant les pays du G7 par le gouvernement du Canada en 2016. Notons que la plupart des pays du G7 ont déjà amorcé ou complété une revue de leurs subventions aux énergies fossiles. Le Canada, quant à lui, tarde toujours à publier la liste des subventions existantes et la feuille de route pour les éliminer d’ici 2025.»

Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec)

«L’investissement historique annoncé aujourd’hui est un véritable tournant pour la conservation de la nature au Canada et il envoie un signal fort quant à la détermination du gouvernement fédéral à atteindre les cibles internationales de 2020. Quelle belle occasion pour le Québec d’insuffler un nouvel élan dans ses efforts pour atteindre lui aussi 17 pour cent d’aires protégées sur son territoire!»

Coalition pour la culture et les médias

«Pour la coalition, comme pour de nombreux acteurs de l’économie québécoise et canadienne, il est inconcevable que le gouvernement canadien maintienne en place un système de taxation inéquitable qui favorise les compagnies étrangères faisant des affaires ici grâce à internet. Ce système à deux vitesses fait en sorte que ces dernières n’ont pas à percevoir les taxes de vente sur les biens et services vendus ici, contrairement aux entreprises québécoises et canadiennes.

La politique de taxation fédérale doit être modernisée pour que toutes les entreprises en concurrence sur internet puissent rivaliser à armes égales. L’économie numérique n’évolue plus en marge de notre économie nationale, elle en fait partie intégrante.»

Bono, chanteur et cofondateur de l’organisme humanitaire ONE

«O Canada! Le budget du premier ministre Trudeau — et sa politique intelligente, centrée sur les femmes, qui la guide — est une preuve de leadership en action. Les mots seuls coûtent peu, mais les mots écrits dans les budgets valent leur pesant d’or en vies sauvées, et méritent d’être reconnus. Nous sommes reconnaissants pour votre leadership aujourd’hui et pour ce que nous savons que le Canada aidera le monde à accomplir au G7 ce printemps.»

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