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Décrochage scolaire: le Québec a pris du retard sur l’Ontario

Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Comparer le système d’éducation du Québec avec celui de l’Ontario, comme l’a fait l’Institut du Québec, revient à comparer des pommes avec des oranges, a affirmé mercredi le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

Il réagissait ainsi à la publication d’une étude qui conclut que les écoles publiques du Québec ont un taux de diplomation inférieur à celui des autres provinces du Canada.

La situation des garçons et des élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage est particulièrement préoccupante, selon l’Institut du Québec, un organisme issu d’une alliance entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal.

L’étude précise que dans le réseau public québécois, le taux de diplomation en cinq ans, qui est de 64 pour cent, ne s’est pas amélioré depuis près d’une décennie.

L’écart est de près de 20 points de pourcentage avec l’Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick et il augmente à 25 pour cent entre les garçons québécois et ceux de l’Ontario.

Mais les comparaisons avec l’Ontario sont imparfaites, a martelé le ministre Proulx en mêlée de presse à l’Assemblée nationale, mercredi.

Selon lui, le Québec comptabilise les résultats pour l’ensemble du secondaire, tandis que l’Ontario commence à compter à partir du secondaire 3 (la neuvième année). La note de passage au Québec est de 60 pour cent, comparativement à 50 pour cent en Ontario. Enfin, pour obtenir son diplôme d’études secondaires au Québec, il faut réussir toutes les épreuves qui sont inscrites au diplôme. En Ontario, on peut faire des aménagements à l’intérieur de son diplôme si des matières sont vues comme trop difficiles.

«Comprenez-moi bien, je ne dis pas que ces distinctions viennent excuser quoi que ce soit, a déclaré le ministre. Ce que je dis, c’est qu’il faut comparer des pommes avec des pommes, et non avec des oranges.»

Sébastien Proulx reconnaît que le Québec a beaucoup à faire, particulièrement en matière de littéracie, et que ce travail est exigeant. Il parle d’un «décrochage parental».

«Du côté francophone, historiquement, oui il y a un décrochage scolaire, mais il y a aussi un décrochage parental. Il y a un décrochage de l’école. Il n’y a même pas suffisamment de valorisation», a-t-il affirmé, en rejetant l’argument du manque de financement.

L’Institut du Québec rejette également le seul argument du manque de fonds pour expliquer le décrochage scolaire, ayant constaté que depuis 10 ans, les efforts de financement ont été similaires au Québec et en Ontario.

Pour redresser la situation, l’organisme propose notamment d’étudier et de prendre en considération les meilleures pratiques locales et étrangères, en commençant par celles qui touchent l’enseignant. Il propose aussi d’évaluer rigoureusement certains programmes et de créer sans tarder un Institut d’excellence en éducation.

M. Proulx assure vouloir créer cet institut. «C’est moi qui en a parlé dans l’espace public pour l’amener dans les politiques publiques. C’est moi qui est en train de travailler à la rédaction d’un projet de loi maintenant», a-t-il indiqué.

Le gouvernement joue au yoyo, accusent les oppositions

Scandalisés, les partis d’opposition ont accusé le gouvernement Couillard mercredi d’avoir tout fait pour créer de l’instabilité dans le réseau de l’éducation.

Le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, a brandi un tableau en Chambre, qui suggère que le gouvernement a sabré 16 millions $ en un an dans le réseau, en chiffres nets, avant de réinvestir des sommes importantes. «Ce n’est pas stable, c’est jouer au yoyo avec l’éducation», a-t-il dénoncé.

Le gouvernement a freiné l’augmentation des dépenses pour dégager «des marges de manoeuvre» et maintenant, «on peut prévoir des rythmes d’investissement croissant en éducation», a répondu le premier ministre Philippe Couillard.

Le PQ en a profité pour présenter un projet de loi intitulé «Loi établissant un bouclier de protection budgétaire des services à l’éducation, à l’enfance et à la protection de la jeunesse».

Chaque parti avait d’ailleurs sa solution; pour la Coalition avenir Québec (CAQ), il s’agit d’offrir la maternelle 4 ans à tous les petits Québécois, de rendre l’école obligatoire jusqu’à 18 ans, et de créer un ordre professionnel pour les enseignants.

Ces propositions, qui ont toutes été adoptées en Ontario, figurent dans le programme de la CAQ, a souligné le porte-parole du parti en matière d’éducation, Jean-François Roberge.

«Les 15 dernières années ont été des années de gouvernement libéral, sauf une exception, donc c’est eux qui portent l’odieux du retard de diplomation qu’on a par rapport à l’Ontario et au reste du Canada», a-t-il déclaré.

Selon Québec solidaire (QS), le Québec doit cesser de financer les écoles privées.

«L’Ontario a fait le choix raisonnable d’avoir un réseau public, réellement public, et un réseau privé, réellement privé, a affirmé le député solidaire Gabriel Nadeau-Dubois. Donc on ne vient pas écrémer les éléments les plus performants du réseau public.

«Les élèves les plus performants, ils sont dans les mêmes classes que les élèves en difficulté en Ontario. Ce n’est plus vrai au Québec.»

Une étude méprisante, selon les syndicats

La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a qualifié l’étude de l’Institut du Québec de «méprisante» envers les enseignants, car elle nie les raisons profondes qui expliquent les difficultés au Québec.

«Les auteurs de ce pamphlet désavouent les conséquences néfastes du sous-financement chronique du réseau des écoles publiques du Québec», a déclaré son président Sylvain Mallette.

«On ne semble pas reconnaître que les compressions des dernières années ont fait mal dans le réseau de l’éducation, a opiné la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot. Elles ont réduit de façon importante la disponibilité des services et elles ont eu un impact significatif sur la lourdeur de la tâche du personnel.»

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