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L'opposition au pipeline Trans Mountain s'étend

JONATHAN HAYWARD / La Presse Canadienne Photo: Jonathan Hayward/La Presse canadienne
Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’opposition à l’expansion du pipeline Trans Mountain dans l’Ouest canadien s’intensifie au Québec, où quelque 120 personnalités et organisations de divers horizons ont lancé mardi un appel à la mobilisation pour une grande marche, le 27 mai prochain, à Montréal.

Les opposants reprochent au gouvernement de Justin Trudeau — et au premier ministre lui-même — de tromper la population avec son «double discours» dans ce dossier.

D’une part, ils font valoir que M. Trudeau, qui avait promis de cesser de subventionner l’industrie pétrolière en campagne électorale, se dit maintenant prêt à soutenir le projet d’expansion du pipeline de la compagnie texane Kinder Morgan qui doit transporter le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta vers le port de Vancouver en Colombie-Britannique.

«Un gouvernement qui s’est engagé à cesser les subventions aux pétrolières et aux gazières est prêt à sortir de l’argent pour une entreprise texane?» s’est interrogé de façon ironique Patrick Bonin, de Greenpeace.

L’ouverture à une aide gouvernementale survient après que Kinder Morgan eut menacé d’abandonner le projet si elle n’obtient pas les approbations requises pour aller de l’avant d’ici le 31 mai, ce qui a fait dire à l’auteur et metteur en scène Dominic Champagne qu’après ses promesses, Justin Trudeau recule «sous l’influence du lobby pétrolier».

D’autre part, les opposants dénoncent sans détour les prétentions du gouvernement à l’effet qu’il est possible de concilier la croissance de l’industrie des sables bitumineux avec une politique environnementale de lutte contre les changements climatiques.

«Arrêtez d’être simplement un gouvernement de façade», a lancé la représentante du Front commun pour la transition énergétique, Anne-Céline Guyon, ajoutant que «ce double discours est faux; nous ne sommes absolument pas dupes de la supercherie».

Les opposants ont fait valoir que ce projet de 7,4 milliards $ contribuera à accroître la production du «pétrole sale» des sables bitumineux, ce qui empêchera le Canada d’atteindre ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Se basant sur les données du gouvernement fédéral lui-même, ils soulignent que la production supplémentaire de pétrole requise pour alimenter le pipeline ajouterait entre 13,5 et 17 millions de tonnes de GES par année.

Les opposants énumèrent une série de risques environnementaux importants que représente un pipeline qui doit traverser les Rocheuses, quelque 1500 cours d’eau, des territoires occupés par les Premières Nations et dont le pétrole nécessitera l’ajout annuel de 400 pétroliers dans les eaux de Vancouver et de la mer Salish, qui abrite entre autres une colonie déjà décimée d’épaulards menacés, dont il ne reste plus que 76 individus.

D’ailleurs, parlant des Premières Nations, le grand chef mohawk Serge ‘Otsi’ Simon de Kanesatake ne s’est pas gêné pour accuser Justin Trudeau de renier dans les faits son discours de réconciliation et sa promesse de mettre en oeuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones qui prévoit le consentement des Premières Nations pour les projets sur leur territoire.

«Trop longtemps, le gouvernement fédéral a eu l’arrogance de décider pour nous ce qui se ferait sur nos territoires», a dit le leader autochtone.

«Ils nous disent que le pipeline va passer, que vous le vouliez ou non… Il n’en est pas question! Les Premières Nations ont le droit de dire non», a-t-il affirmé avec force.

Il a du même souffle fait valoir que l’environnement «fait aussi partie des droits humains; le droit de pouvoir avoir de l’eau claire à boire, de l’air à respirer qui ne nous rendra pas malades».

La marche du 27 mai se mettra en branle à la Place des festivals au centre-ville de Montréal. D’ici là, les organisateurs appellent à signer leur d��claration qui prendra du coup la forme d’une pétition.

Parmi les signataires de la déclaration, on note la présence de personnalités du monde des arts, des médias, de la musique, de la littérature et des milieux académique et politique, telles que Fred Pellerin, Emmanuel Bilodeau, Richard Séguin, Josée Blanchette, Roy Dupuis, Léa Clermont-Dion, Armand Vaillancourt, Yvon Deschamps, Françoise David, Louise Harel, Alain Denault, Guy Rocher et Anaïs Barbeau-Lavallette.

Parmi les organismes signataires, outre les nombreux groupes environnementaux, on note la présence des grandes organisations syndicales et d’organismes dédiés aux droits de la personne, entre autres.

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