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Ottawa dévoile son plan pour protéger le parc national Wood Buffalo

OTTAWA — Le gouvernement fédéral veut que le plus grand parc canadien reste dans la liste du patrimoine mondial et il entend y arriver en augmentant le personnel, en surveillant davantage les activités des sables bitumineux et en recréant artificiellement des inondations printanières pour dynamiser ses cours d’eau.

Ottawa a soumis à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) un plan d’action de 96 pages pour sauver le parc national Wood Buffalo, pour ne plus qu’il soit considéré en danger, en raison de la gestion déficiente. 

L’UNESCO avait signalé au Canada en 2017 que le parc était en mauvais état après avoir reçu une plainte de la Première Nation crie de Mikisew deux ans plus tôt.

Le Canada avait jusqu’à vendredi pour remettre son plan, que l’UNESCO étudiera à une rencontre en juillet, pour déterminer si le parc continuera d’être considéré comme «en danger». S’il garde cette appellation, le parc pourrait être ultimement retiré de la liste du patrimoine mondial.

La Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO regroupe des sites culturels et naturels importants de partout dans le monde, qui doivent être conservés adéquatement. Il y a plus de 1000 sites du genre dans le monde, dont environ 50 sont considérés comme «en danger».

Le parc national Wood Buffalo couvre environ 45 000 kilomètres carrés de forêt, de milieux humides et de prairies qui s’étendent de l’Alberta vers les Territoires du Nord-Ouest. Il abrite la plus importante horde de bisons des bois, la dernière aire de reproduction de la grue blanche et le plus grand delta intérieur du monde.

La Première Nation crie de Mikisew souligne que les changements climatiques, les barrages hydroélectriques et l’exploitation des sables bitumineux ont eu des effets catastrophiques sur l’écosystème du parc, qui a été inscrit à la liste du patrimoine mondial en 1983.

Une porte-parole de la communauté, Melody Lepine, estime que le plan d’action du gouvernement fédéral est intéressant. S’il est vraiment mis en place, il pourrait aider à rétablir l’écosystème, selon elle. 

La grosse question est de savoir si le gouvernement investira les ressources pour y arriver, a-t-elle soutenu.

L’an dernier, le budget fédéral prévoyait 1,3 milliard $ sur cinq ans pour les parcs nationaux, dont 27,5 millions $ réservés au parc Wood Buffalo.

Mme Lepine ne savait pas quel est le montant nécessaire pour respecter le plan, mais selon elle, les 27,5 millions $ sont bien loin du compte.

«Récemment, je crois, le gouvernement s’est engagé à investir 250 millions $ pour protéger les épaulards sur les côtes», a-t-elle rappelé.

«Notre région est riche en ressources et pourtant, il ne semble pas y avoir beaucoup de ressources du gouvernement fédéral pour protéger le parc national Wood Buffalo», a-t-elle déploré.

Les responsables de Parcs Canada et du ministère de l’Environnement et du Changement climatique ont affirmé vendredi que le parc bénéficierait d’autres sources de revenus, dont les 50 millions $ du Programme de surveillance des sables bitumineux Canada-Alberta.

L’impact de l’exploitation des sables bitumineux — et particulièrement les résidus laissés une fois que le bitume est extrait — est l’un des plus grands problèmes du parcs, selon les études.

Mme Lepine s’inquiète également qu’il n’y ait pas d’échéancier clair pour mettre en place le plan.

Parcs Canada s’est engagé à produire un rapport de progrès en 2021, mais les responsables soulignent que des mesures sont déjà implantées et qu’il y a déjà un engagement pour mettre en place le plan du côté d’Ottawa et de la province et le territoire impliqués.

L’Alberta, par exemple, travaille à établir des zones protégées autour du parc. Des démarches pour collecter des données sur les cours d’eau sont également en cours.

Le plan d’action fédéral comprend aussi des stratégies de conservation pour les bisons et les grues blanches, ainsi qu’une disposition selon laquelle les prochaines évaluations environnementales devront tenir compte des impacts possibles sur le parc.

Mia Rabson, La Presse canadienne

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