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Un organisme similaire à la DPJ réclamé pour les aînés du Québec

Aînés
Plusieurs personnes âgées sont isolées pendant la crise du coronavirus. Photo: Marcelo Endelli/Getty Images

La crise actuelle dans les CHSLD n’est que la pointe de l’iceberg du manque des soins pour les aînés, fait valoir une nouvelle étude parue mercredi. Au cœur des solutions envisagées: la création d’un organisme équivalent à la DPJ pour les aînés, qui agirait comme observateur externe et indépendant.

«Ça fait des années qu’on parle des baby-boomers qui partent à la retraite, et du choc démographique que ça entraînera. Mais malgré tout, les structures mises en place sont purement cosmétiques», explique à Métro la chercheuse de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, Eve-Lyne Couturier.

Elle estime que l’arrivée d’un acteur-clé comme une Direction de la protection des aînés (DPA) pourrait avoir un impact «systémique». «L’idée est d’avoir une institution qui répond aux besoins particuliers d’une cohorte, comme le fait la DPJ. On a besoin d’une structure qui embrasse large au Québec pour nos aînés, qui propose des projets de lois, des modifications réglementaires, et qui agit concrètement pour changer les choses», argue Mme Couturier.

«Une commission d’enquête est nécessaire, mais à un moment donné, il faut arrêter d’accumuler les rapports, et mettre en place des vraies solutions, des vraies institutions. Il y a des gens qui meurent maintenant, il faudrait agir maintenant.» -Eve-Lyne Couturier, de l’IRIS

Gare à la forme, dit une experte

Pour la spécialiste en santé publique de l’Université de Montréal, Roxane Borgès Da Silva, la démarche est intéressante, mais elle manque de tonus. «Ça ne marche pas en termes de gouvernance, dit-elle. La DPJ opère en milieu privé, mais la Direction de la protection des aînés opérerait en milieu public. Le problème, c’est qu’on ne peut pas demander à une direction d’aller taper sur une autre direction-collègue.»

L’experte affirme que l’entité devrait être «100% indépendante» pour qu’elle fonctionne. «Je suis un peu sceptique sur le fait que le ministère de la Santé accepterait une démarche pareille, alors que tout est centralisé. Cela dit, je suis d’accord que ça prend quelque chose», fait-elle valoir.

«Oui, il faut mettre en place une structure centrale, mais il faut qu’elle soit plus forte, et qu’elle ait beaucoup de leadership. C’est important de changer notre système pour le bien-être des aînés. Ils seront bientôt un pan majeur de la société.» -Roxane Borgès Da Silva, de l’UdeM

Selon l’Institut de la statistique du Québec, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus bondira effectivement à près de 30% d’ici 2066. Ce chiffre se situe actuellement à un peu plus de 19%.

Trop de bureaucratie?

L’étude de l’IRIS démontre par ailleurs que les aînés rencontrent plusieurs défis au quotidien pour obtenir les services appropriés, ceux-ci étant plus souvent qu’autrement «mésadaptés à leur réalité».

Délais très longs, moyens de communication difficiles d’accès, recours limités et bureaucratie ambiante; «le point d’entrée dans le système est confus», dit Mme Couturier. «Ce n’est pas normal que ça prenne trois ans pour régler les problèmes d’une personne de 90 ans», illustre-t-elle.

Son rapport recommande de mettre sur pied un guichet unique pour les aînés, qui offrirait notamment un service d’accompagnement aux plaintes. Si certains services existent déjà «selon les régions», aucune action structurante n’a ici été avancée par le gouvernement, ce qui résulte en une aide «largement insuffisante».

Québec ouvert à revoir la loi

Jointe par Métro, l’attachée de presse de la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, se dit ouverte à apporter certains changements législatifs.

«J’aimerais préciser que la ministre Blais est ouverte à revoir la Loi visant à lutter contre la maltraitante envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité.» -Marjaurie Côté-Boileau, son attachée de presse

Elle dit compter sur la Protectrice du citoyen pour «protéger les aînés au Québec», et vante la «première Politique d’hébergement et de soins de longues durée de l’histoire du Québec afin de mieux prendre soin des personnes hébergées».

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