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COVID-19: des rassemblements «inquiétants» devant le Centre Bell

Des centaines de partisans des Canadiens ont célébré la victoire de l'équipe devant le Centre Bell, vendredi. Photo: Éric Martel - Journal Métro

Cris, accolades, poignées de mains… Devant le Centre Bell, rares sont les partisans qui ont respecté les mesures sanitaires en vigueur lors des deux derniers matchs à domicile des Canadiens de Montréal vendredi. La situation inquiète des intervenants sondés, qui rappellent la possibilité d’une quatrième vague.

Depuis quelques matchs, les partisans du Tricolore se retrouvent devant l’amphithéâtre. Aucun événement ni écran extérieur n’est installé sur place par la Ville ou l’organisation. Les amateurs ont toutefois pris l’habitude de s’amasser devant les restaurants sportifs avoisinants pour regarder les parties sur les écrans qui s’y trouvent, à travers la vitrine.

Lors des deux derniers matchs de l’équipe, des centaines de partisans se sont retrouvés sur place. Ces rassemblements étaient surveillés par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui y avait déployé plusieurs agents.

Dimanche, un individu a été arrêté pour voie de fait sur un policier. Douze constats d’infractions ont été remis, dont huit concernant des bris à la règlementation municipale.

Lors du premier match de la série à domicile, ce sont 35 constats qui ont donnés, dont 21 concernant des contraventions à la règlementation municipale, et 14 concernant la sécurité routière.

Le premier ministre François Legault ne s’émeut pas trop des images de foules sans masques. Lundi, il s’est réjoui de la baisse du nombre de cas de COVID-19 dans la province, en défendant le relâchement observé de plusieurs Québécois.

«Il faut comprendre que les photos qu’on voit, comme devant le Centre Bell, c’est à l’extérieur. Il y a moins de risques. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de risques, mais il y en a moins», a-t-il commenté, au moment de recevoir sa deuxième dose de vaccin.

Risques importants

Effectivement, les risques de propagation à l’extérieur seraient 19 fois moins importants qu’à l’intérieur. Toutefois, la propagation du virus est possible si la distanciation physique n’est pas respectée, jumelée à l’absence du port du masque, convient l’épidémiologiste Nimâ Machouf.

«Quand on regarde tous dans la même direction, ça pose moins problème. Mais quand on veut crier de joie, s’embrasser, on est presque en train de se cracher les uns sur les autres. Si une personne dans la gang était infectée, le virus se répandrait facilement», convient la chargée de cours à l’École de santé publique de Montréal (ESPUM).

Elle compare l’événement à un karaoké, activité à la source d‘éclosions importantes l’été dernier. «On respire beaucoup plus fort, on crie, ce qui fait qu’on propage beaucoup plus le virus dans l’air qu’en temps normal», résume-t-elle.

Le simple port du masque par les partisans des Canadiens permettrait de réduire la propagation, assure Mme Machouf. Toutefois, quand le masque est humecté, il perd une partie de son efficacité, rappelle le professeur en virologie de l’UQAM Benoit Barbeau.

«Dans un environnement comme celui-là, dans lequel les gens ont beaucoup de réjouissance, certains vont le porter mieux que d’autres. C’est comme ça quand la consommation augmente.»

Benoit Barbeau

Prévenir plutôt que guérir

Uniquement 17% des Québécois ont reçus leurs deux doses de vaccin pour l’instant. Dans ce contexte, la propagation du virus dans des rassemblements pourrait mener à des hospitalisations, même si l’efficacité des vaccins est forte, explique M. Barbeau.

À ses yeux, il est assuré qu’une quatrième vague sera déclarée à l’automne. Le comportement des Québécois au cours des prochains mois dictera sa portée.

«Ça ne veut pas dire qu’on se retrouvera dans la même situation qu’en janvier ou février, relativise-t-il. Mais si on veut revenir à la normale, on doit poser des gestes concrets pour limiter la propagation de variants.»

Selon lui, une présence policière doit être assurée pendant les matchs des Canadiens pour rappeler les mesures sanitaires en vigueur.

Le SPVM explique avoir déployé plusieurs policiers au centre-ville lors des matchs, «notamment pour s’assurer que les rassemblements et événements festifs se déroulent de façon pacifique, dans le bon ordre et la sécurité des personnes et des biens.»

«Le but est de permettre aux gens de festoyer, tout en évitant des débordements mettant en péril la sécurité publique», précise-t-on. Les commerçants du secteur ont reçu une lettre du SPVM leur offrant des conseils de prévention en cas de débordements.

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