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Des adolescentes consomment du speed pour maigrir

L’attitude face au speed a un sexe, chez les ados. Les filles sont plus nombreuses que les garçons à consommer des amphétamines et à le faire pour perdre du poids, conclut un rapport de recherche du GRIP, qui sera bientôt publié dans la Revue québécoise de psychologie. Les adolescentes sont aussi plus susceptibles d’avoir recours à ces drogues, souvent appelées speed ou uppers, pour réguler leur humeur et rester éveillées afin d’étudier.

Les garçons ont des motivations davantage liées au plaisir et à la socialisation, constate Jean-Sébastien Fallu, président du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP), professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal et auteur de l’étude réalisée en 2008. «On sonne l’alarme chez les jeunes filles qui sont suivies pour des troubles alimentaires, comme l’anorexie, déclare-t-il. Le speed peut devenir un outil et engendrer d’avantage de conséquences.» Les amphétamines, découvertes en 1887, sont de véritables coupe-faim, elles ont été vendues au début du siècle dernier comme des pi­lules amaigrissantes, mentionne M. Fallu.

Drogue de fille
En 2005, l’enquête de l’Institut de la statistique du Québec révélait une hausse significative de la consommation d’amphétamines chez les jeunes du secondaire. À la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux, Jean-Sébastien Fallu et son équipe se sont penchés sur le phénomène. La littérature existante indique que 10 % des élèves du secondaire au Québec en consomment. La proportion atteint 17 % en secondaire 5. Ces dernières années, l’écart s’est creusé entre les garçons et les filles, qui consomment 3,5 % plus de speed que leurs pairs masculins.

Ces pourcentages font du Québec le champion de l’amphétamine, avec une consommation nettement plus élevée que dans le reste du pays et à l’étranger. Le GRIP a enrichi ce portrait grâce à des entrevues menées auprès de quatre groupes de consommateurs de 14 à 18 ans, issus de polyva­lentes de Laval et Longueuil. On a sondé les façons de consommer du speed, les effets perçus, les motivations et les différences entre les sexes. Quand la motivation est «fonctionnelle», comme le désir de perdre du poids, la consommation devient solitaire, plus régulière et associée à un plus grand risque de dépendance, explique Jean-Sébastien Fallu.

Rarement consommé par les jeunes anorexiques

Les jeunes anorexiques qui aboutissent à Sainte-Justine consomment rarement des amphétamines. La combinaison speed et troubles de l’alimentation diffère du tableau clinique classique, estime un expert. La Section de médecine de l’adolescence du CHU Sainte-Justine a traité quelque 150 nouveaux cas de troubles alimentaires l’an dernier. Seule­ment une ou deux de ces jeunes filles consommaient des amphétamines.

La consommation d’amphé­­tamines serait plus compatible avec la boulimie nerveuse, une forme d’anorexie plus complexe, décrit le Dr Jean Wilkins, un des médecins de la Section et professeur de pédiatrie à la Faculté de mé­-decine de l’Université de Montréal. Les amphétamines s’ajoutent alors à d’autres moyens de contrôler le poids, comme les vomissements provoqués et l’usage de laxatifs.

Dr Wilkins pose aussi une autre hypothèse : la prise d’amphétamines motivée par le désir de perdre du poids peut induire un trouble de l’alimentation. L’adolescente devient alors prisonnière d’une spirale amaigrissante qu’elle ne contrôle plus.

 

Voir aussi l’article : Doit-on s’inquiéter du dopage étudiant?

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