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Pont Champlain: le sort du SLR en suspens

QUÉBEC – Le gouvernement Couillard ne décidera que dans un an s’il donne le feu vert à l’aménagement d’un système léger sur rail (SLR) sur le nouveau pont Champlain.

Mais peu importe le sort qui attend le SLR, ce sont des autobus qui assureront pour au moins quelques années le transport collectif sur le nouveau pont à compter de 2018, a annoncé jeudi le ministre des Transports, Robert Poëti, en conférence de presse.

Le ministre Poëti se garde toutes les portes ouvertes et demande au gouvernement fédéral de prévoir sur le futur pont un «tablier hybride» qui puisse accueillir à la fois le SLR et des autobus.

«D’une part, nous voulons nous assurer de ne pas retarder les travaux du nouveau pont Champlain et qu’il puisse y avoir une solution de transport collectif fonctionnel et amélioré dès son ouverture, en 2018; d’autre part, nous voulons aussi nous assurer de faire le meilleur choix possible relativement au mode de transport retenu pour l’avenir», a-t-il expliqué, flanqué du président-directeur général de l’Agence métropolitaine des transports (AMT), Nicolas Girard, et du ministre et député de La Pinière, Gaétan Barrette.

Au cours des prochains mois, le bureau de projet conjoint AMT-ministère des Transports poursuivra ses travaux d’analyse et d’évaluation des coûts et bénéfices des services de SLR et d’autobus. Le bureau déposera un «dossier d’opportunité» au gouvernement à la fin de l’été 2015 sur le «meilleur mode» de transport collectif à retenir. La décision finale du gouvernement sera annoncée par la suite.

«Le gouvernement aura tous les éléments en main pour prendre la décision sur le mode choisi», a déclaré le PDG de l’AMT.

«On va étudier d’abord les besoins, on va faire un diagnostic complet sur la situation actuelle des modes de déplacement, on va faire une autre étude indépendante sur les projections d’accroissement, on va aussi déterminer et évaluer les différentes options possibles, que ce soit l’autobus, tel qu’on le connaît, autobus amélioré et SLR. On va estimer les coûts d’exploitation sur le cycle de vie, on va estimer les coûts d’immobilisations. On va regarder les différentes stratégies de financement», a-t-il précisé.

Cependant, même si le gouvernement opte pour le SLR, le service ne pourra être opérationnel à temps pour l’ouverture prévue du pont en 2018, a indiqué le ministre des Transports.

«Il serait impossible, en 2018, de pouvoir l’utiliser. Et, les études, à moins de me tromper, nous amènent vers 2020-2021 et 2021, c’est agressif (ambitieux). Honnêtement, on pourrait aller à 2022 ou peut-être 2023. Il y a le BAPE qui doit s’installer là-dedans, il y a beaucoup d’intervenants dans ce dossier-là», a-t-il élaboré.

En revanche, avec un tablier hybride, le pont pourra permettre la circulation d’un service d’autobus «amélioré» dès son inauguration. Il s’agit de la solution «la plus sage», a estimé M. Poëti.

Le ministre s’est défendu d’entretenir un préjugé défavorable au SLR même si en Chambre, il a évalué la facture à 2,5 milliards $, un quart de plus que l’estimation connue jusqu’ici.

Ce montant, a-t-il mentionné par la suite, provient d’«une des évaluations qu’on a de plusieurs personnes qui font des évaluations globales». Compte tenu de l’écart qui sépare les différentes évaluations, il est nécessaire, selon lui, de tirer la chose au clair avant d’aller plus avant.

«Il y avait eu des premières évaluations de 1,5 milliard $, 1,9 milliard $. Ensuite, on a parlé d’une possibilité de 2 milliards $, éventuellement 2,5 milliards $ (…). Alors, je vais me fier sur l’AMT pour être capable de me donner une évaluation exacte des coûts reliés à ça, en tenant compte aussi parfois de certains dépassements, ce qu’on ne voudrait pas qui se passe dans ce cas-ci», a-t-il dit.

Le maire Coderre satisfait

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a accueilli favorablement la décision du gouvernement et de l’AMT de prendre le temps d’étudier le dossier du SLR.

«Oui, il faut faire cette étude, car j’ai des questions concernant le tracé. Et il faut aussi s’assurer d’un protocole d’entente sur l’infrastructure entre les gouvernements du Québec et du Canada. Mais on est content d’entendre le mot consultation et il faut s’assurer d’être partie prenante de la décision», a affirmé M. Coderre, aussi président de la Communauté métropolitaine de Montréal, à l’occasion d’un point de presse.

Le maire Coderre dit que contrairement au chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, il ne croit pas que le SLR puisse être prêt pour 2018. Il prévoit plutôt que le projet sera plutôt réalisable d’ici 2020-2021. Il ne faut pas se presser, insiste le maire.

«Bien souvent, il y a un grand projet structurant par décennie. Il est important qu’on le fasse de la bonne façon et on va se donner tous les outils pour le faire. Ce n’est pas un projet de deux ou trois ans, c’est un projet qui va avoir un impact sur des générations à venir», a-t-il dit.

La veille, M. Coderre avait fait part de ses doléances en ce qui à trait au pont Champlain au comité sénatorial sur les transports.

«Fort de notre unanimité à l’hôtel de ville, fort de notre unité à la Communauté métropolitaine de Montréal, on va se donner les outils pour pleinement se réaliser. Il était important d’envoyer un message à Ottawa qu’il prépare le tablier en conséquence», a-t-il ajouté en marge des développements de jeudi.

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