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Mario Beaulieu: «Je ne suis pas un radical»

Photo: Yves Provencher/Métro

L’ancien président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu, a été élu samedi à la tête du Bloc québécois (BQ). Il a remporté 53,5% du vote alors que 58,5% des 19 000 membres se sont prononcés. Il a discuté avec Métro de la stratégie qu’il entrevoit pour que le Bloc redevienne un joueur majeur en politique.

À quoi attribuez-vous votre victoire?
Le changement de stratégie que je propose consiste à continuer de défendre les intérêts du Québec tout en mettant l’accent sur la promotion de l’indépendance. Une grande proportion des membres ont adhéré à ma stratégie. Beaucoup de gens ont même décidé de redevenir membres parce qu’ils voulaient qu’on fasse activement la promotion de l’indépendance.

Vous avez une réputation de «pur et dur» et de «radical» qui semble faire peur à certain. Comment comptez-vous rassurer la population?
C’est une fausse réputation. Je ne pense pas du tout que c’est radical de vouloir que le français soit la langue commune au Québec. Nos adversaires essaient continuellement de nous faire passer pour des radicaux, mais il faut être proactif et expliquer ce qu’on revendique. Assurer l’avenir du français au Québec, c’est un enjeu de la diversité culturelle dans le cadre de la mondialisation.

Certains, dont l’ancien chef du Bloc québécois Gilles Duceppe, ont vu dans le «Nous vaincrons» scandé par vos partisans lors de votre discours de victoire une référence au Front de libération du Québec (FLQ). Est-ce que ça peut contribuer à cette image «guerrière»?
C’est tiré par les cheveux de relier ça au FLQ. Plusieurs slogans ont été lancés, comme «Nous gagnerons» et «Nous vaincrons». J’y ai plutôt vu une façon de dire que nous allions gagner l’élection. J’ai toujours été non violent. Ne faisons pas de chasse aux sorcières.

Comment vous comptez convaincre les députés, qui ont appuyé votre adversaire André Bellavance, que vous êtes la bonne personne pour les diriger?
Déjà, l’ensemble des députés m’ont confirmé qu’ils se ralliaient. Je vais discuter avec eux puisque je suis un homme d’équipe. Comme je suis arrivé tard dans la course, plusieurs s’étaient déjà commis envers mon adversaire, mais plusieurs se sont dits tout à fait d’accord avec la stratégie que je propose.

Avez-vous des critiques à formuler à l’égard de vos prédécesseurs à la tête du Bloc?
Je ne veux pas les critiquer. Cela dit, pendant un bon bout de temps, après le référendum de 1995, c’était peut-être normal de mettre la pédale douce sur la souveraineté. Mais après 20 ans, on doit vraiment faire une campagne de promotion très active partout au Québec sur le terrain.

Comment convaincre la jeunesse québécoise de militer pour la souveraineté?
Les jeunes n’ont pas connu de campagne référendaire qui expliquait pourquoi on voulait faire la souveraineté. Il faut aller parler aux jeunes dans les universités et les cégeps pour les remobiliser. Les enjeux de la diversité culturelle et linguistique est au cœur de celui de la mondialisation et les jeunes s’intéressent beaucoup à ça. Les enjeux environnementaux intéressent aussi les jeunes, mais on ne peut pas prendre nos propres décisions relativement à nos politiques environnementales. Il faut aussi enseigner l’histoire, parce que si on ne connaît pas le passé, c’est très difficile de s’orienter dans le présent. Il faut expliquer l’entente du lac Meech et la constitution qu’on nous a imposée en 1982, par exemple. Le Forum jeunesse du Bloc a beaucoup sollicité ma candidature et c’est sûr que je vais travailler avec eux pour mobiliser l’ensemble des jeunes.

Pourquoi c’est en s’impliquant au parlement fédéral qu’on peut faire la promotion de la souveraineté?
C’est important de faire la promotion de l’indépendance à tous les paliers de gouvernement. Au fédéral, ça nous permet de bien démontrer dans chaque dossier en quoi on subordonne notre pouvoir décisionnel à un gouvernement d’une autre nation qui prend les décisions à notre place. Les députés au fédéral ne siègent pas constamment à Ottawa, alors je propose que les députés doivent être présents le plus possible au Québec pour faire la promotion de l’indépendance sur le terrain.

Quels sont les dossiers prioritaires que vous voudrez défendre au Parlement?
On va concentrer beaucoup d’énergie sur les dossiers économiques. L’économie du Canada est basée sur l’industrie automobile et le pétrole, alors que l’économie du Québec est basée beaucoup sur les énergies renouvelables et l’économie du savoir. On a donc des intérêts économiques différents.

On a attribué la déconfiture de Parti québécois aux dernières élections au geste du poing levé de Pierre Karl Péladeau, qui a ramené la souveraineté au coeur de la campagne. Comment ne pas vivre ça avec le Bloc?
Il faut parler de souveraineté avant, pendant et après l’élection. Si l’opinion publique n’est pas préparée, nos adversaires fédéralistes brandissent le référendum comme un épouvantail et ça donne les résultats qu’on a connus. Il faut susciter une augmentation de l’appui à la souveraineté pour ensuite créer une augmentation des appuis électoraux.

Comment rassembler les Québécois de toutes origines derrière votre projet?
Il faut être très actifs et aller au devant d’eux. J’ai l’intention de lancer un comité d’action pour aller rencontrer les gens de toutes origines. L’appui à la souveraineté n’est pas reliée à l’origine ethnique, mais plusieurs études démontrent qu’il est surtout relié à la langue. Pour les nouveaux arrivants qui sont anglicisés, c’est très difficile d’appuyer la souveraineté, parce qu’on est souvent diabolisés dans les médias anglophones. La souveraineté est vue comme une forme de racisme alors que ce n’est pas du tout le cas. Mais les allophones qui sont davantage francisés appuient la souveraineté globalement de la même façon que l’ensemble des francophones.

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Voyez Mario Beaulieu à l’émission Ça commence bien, ce lundi 16 juin.

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