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Coroner: le système mains libres au volant risqué

speed control and security distance on the road, driving safely Photo: Getty Images/iStockphoto

MONTRÉAL — Une coroner suggère d’interdire complètement le cellulaire au volant à la lumière du décès d’une piétonne dans le Bas-Saint-Laurent l’automne dernier.

Dans son rapport déposé mercredi, Renée Roussel affirme que même si le système mains libres — «Bluetooth» — permet de rendre les communications cellulaires au volant «moins illégales et périlleuses», cela reste encore une source de distraction qui cause des accidents.

La téléphonie cellulaire, «que l’on manipule ou pas le téléphone», est dangereuse lorsqu’on conduit un véhicule motorisé et «devrait possiblement être complètement bannie au volant», soutient-elle dans le rapport obtenu par La Presse canadienne.

La coroner évoque une «jurisprudence actuelle non dissuasive» et dit croire qu’il faudra probablement des solutions technologiques — «brouillage des ondes cellulaires à bord des véhicules par exemple» — plutôt qu’«éducatives» pour venir à bout du danger que cette pratique représente.

En entrevue, la coroner Roussel a qualifié les mesures dissuasives actuelles de «dérisoires», soulignant que si la sensibilisation est importante, elle ne suffit pas.

«Je fais souvent un parallèle avec l’alcool, expose la coroner. Il y a plusieurs années, c’était banal de conduire un véhicule automobile avec une bière entre les jambes. La société s’est progressivement rendu compte que ça tuait des gens et c’est devenu une infraction criminelle.»

Mme Roussel dit avoir fait cette suggestion d’une interdiction complète du cellulaire afin de relancer le débat sur la question ainsi que sur «les nouveaux gadgets électroniques» — à ses yeux des distractions qui se multiplient.

Le 29 novembre dernier, une piétonne de 75 ans s’est fait heurter par une voiture venant derrière elle sur la rue du Rocher à Saint-Alexandre-de-Kamouraska. Le décès de Florilda Castonguay a été constaté à l’hôpital un peu plus de trois heures après la collision. Mme Castonguay est décédée d’un traumatisme crâniocérébral sévère, et le rapport indique que sa fracture du crâne la plaçait dans une «situation gravissime» et «inévitablement mortelle».

La coroner parle d’un «décès accidentel». Aucune autopsie n’a été ordonnée.

Les ambulanciers sont arrivés sur les lieux environ neuf minutes après la collision.

Le rapport fait état d’une distraction évidente, quoique le rôle du cellulaire ne semble pas pouvoir être établi hors de tout doute.

Selon l’information recueillie par les policiers, le conducteur, au moment où il s’approchait de Mme Castonguay, aurait été distrait par le passager à bord de son véhicule «ainsi que par son téléphone cellulaire, tel qu’en témoigne le relevé de son fournisseur de service cellulaire», indique-t-on. La coroner ajoute que «ce dernier fait est toutefois catégoriquement nié par le conducteur».

«Quand il aurait regardé à nouveau devant lui, il était rendu à la hauteur de Mme Castonguay. Il a appliqué les freins, mais il était déjà trop tard», indique le rapport.

«Il s’occupait de son passager avant, semble-t-il, mais il y a lieu de croire selon la preuve que le téléphone cellulaire l’accaparait également», précise-t-on aussi.

Le conducteur n’aurait pas roulé à plus de 30 km/h et la visibilité était bonne.

Mme Castonguay déambulait sur le côté nord de la chaussée directement dans la rue, mais près de l’accotement puisqu’il n’y avait pas de trottoir. Elle aurait été heurtée derrière les genoux par le pare-chocs et une partie de son corps aurait percuté le capot de la voiture.

Cet aspect fait dire à la coroner que l’absence de trottoirs représente un autre facteur dans les causes de l’accident.

La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a pour sa part fait valoir les difficultés d’application par les forces policières d’une éventuelle interdiction totale du cellulaire au volant.

Le porte-parole Mario Vaillancourt a souligné que c’est notamment à cause de ces difficultés d’application que la décision avait été prise de limiter l’interdiction dans la législation à l’appareil tenu en main.

Il avait été conclu au moment de l’adoption de la législation en 2008 que «les policiers auraient de la difficulté à faire les interventions auprès des personnes qui utilisent un système mains libres». «Est-ce que par exemple ils auraient vraiment été en mesure de dire si le conducteur entretenait une conversation, ou s’il chantait, ou se parlait tout seul?», a expliqué M. Vaillancourt.

Le porte-parole a fait valoir que des campagnes de sensibilisation de la SAAQ rappelaient chaque année les dangers reliés à l’usage du cellulaire.

«Nous, le mains libres, on ne le recommande pas. C’est dans nos messages de sécurité, de sensibilisation, chaque année. (…) Ça vient chercher votre attention, ça peut aussi vous déranger quelques secondes, quelques minutes après, vous pensez encore à la conversation. On dit toujours que la conduite d’une auto demande toute notre attention, et ça fait partie de nos messages», a-t-il fait valoir.

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