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Coup de foudre sur le tard

geneviève vézina-montplaisir, métro

Il y a quelques années, Ami Karim prenait son allongé au Café culturel de Saint-Denis en assistant parfois à des soirées de slam. À l’époque, cette forme d’art oratoire a cappella, cette poésie clamée, ne lui disait rien. Pire encore, il n’aimait pas ça du tout. Pour lui, les slameurs étaient des gens malheureux qui ne faisaient que parler de leurs problèmes.

Mais un jour, un des animateurs des spectacles lui a demandé pourquoi il n’avait jamais tenté sa chance sur scène. Ami Karim lui a répondu que le slam c’était «pour les pleurnichards». L’ani­mateur lui a alors demandé d’écrire un texte sur le sujet et depuis, celui qui habitait juste au-dessus du Café culturel, a eu la piqûre.

«Après, je n’ai plus arrêté! J’ai eu une période où j’écrivais tous mes textes au comptoir. Je faisais des textes plus légers, parce que je n’avais pas le temps d’approfondir les choses, explique-t-il. Ensuite, j’ai commencé à écrire chez moi, à prendre mon temps et à aborder des thèmes qui me touchaient plus. J’ai commencé à parler de ma vie, de mes parents, de la banlieue, d’où je viens et de ce que je voyais.»

Aux premières loges
De toutes ces réflexions, Ami Karim en a fait un album, Éclipse Totale, qu’il vient proposer aux Montréa­lais. Après avoir accompagné Grand Corps Malade, il se présente cette fois-ci seul sur scène. Le slameur n’est pas peu fier du chemin parcouru et surtout de l’essor du mouvement auquel il a maintenant pleinement adhéré.

«C’est un jeune mouvement et on est tellement contents d’être au début de ce courant! s’exclame celui qui sera en spectacle partout au Québec jusqu’au 20 août. J’ai l’impression d’être dans les précurseurs, d’être les NTM (Nique ta mère) des années 80 qui étaient au début du mouvement hip-hop en France. On a vraiment l’impression d’être au commencement de quelque chose.»

Quand Ami Karim dit «on», il parle de lui, Grand Corps Malade et John Pucc’Chocolat, avec qui il partage l’animation de la scène slam du Café culturel de Saint-Denis. Selon lui, l’intérêt des gens envers le slam est attribuable en grande partie au succès de son ami.

«Si le slam est populaire, c’est parce que Grand Corps Malade a sorti un album qui a été très médiatisé, affirme celui dont les textes s’accompagnent de musique soul et funk. Il a un immense talent. Le slam, ça fait 10 ans que ç’a commencé en France, mais ça explosé il y a deux ans parce que l’album de Fabien a énormément marché.»

L’avenir du slam
L’engouement pour le slam ne se dément effectivement pas. Après avoir vu le jour chez des anciens toxicomanes il y a dix ans, à Paris, dans des quartiers comme Belleville, le slam a migré vers Saint-Denis il y a sept ans. Depuis, la scène du Café culturel est devenue une des plus grandes du pays.

La petite salle de quarante places assises s’est parée d’une tente pour accueillir les 50 slameurs qui viennent débiter leurs textes de 17 h 30 à 1 h du matin. Saint-Denis est maintenant une sorte de pèlerinage où beaucoup de slameurs viennent faire leur premier texte. Mais que réserve l’avenir à ce jeune mouvement artistique?

«Je ne sais pas, avoue Ami Karim. C’est tellement nouveau. Il y a le slam dans les cafés et sur disques. Je pense que le slam dans les cafés, c’est un mouvement qui vit et qui va vivre. Il y a en a partout maintenant. Pour ce qui est des albums, il faut voir. Il faut que ceux qui sont là fassent leurs preuves pour durer.»

Ami Karim
Place Loto-Québec, ce soir à 19 h ; Cabaret Juste pour rire
Demain à 22 h

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