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Quatre Seasons dans le désordre

Photo: Benpi/Collaboration spéciale
Jean-Baptiste Hervé - Métro

Enregistré il y a un an, Midnight, Let’s Get a Hot Dog, le deuxième album du quatuor The Seasons, donne une impression de liberté totale. Métro s’est entretenu avec les quatre garçons, bien heureux de sortir cet opus qui dormait sur leurs disques durs depuis trop longtemps.

«Cet album est le résultat de deux années de travail acharné. Nous avons enregistré des fois à Québec, des fois à Montréal, puis en show», nous explique Julien Chiasson.

«Au moment de rencontrer Richard Swift [réalisateur et musicien sur l’album] nous avons tout crissé ces chansons-là aux vidanges. Nous sommes repartis de zéro et en 11 jours, nous avions un album.»

The Seasons est composé des frères Julien et Hubert Chiasson aux voix et à la guitare ainsi que de Rémy Bélanger à la batterie et de Samuel Renaud à la basse. Le quatuor est originaire de la ville de Québec.

Leurs deux précédentes productions, le EP Velvet!!! et l’album Pulp, exacerbaient un style et un goût pour les seventies et une certaine idée de la liberté en musique.

Ce nouvel album ne fait pas exception. Il est cohérent dans le parcours des quatre rockeurs, empruntant tantôt au glam rock, tantôt à l’album Sticky Fingers, des Rolling Stones, avec une furieuse envie de prendre la route et de tout laisser tomber.

«En arrivant dans le studio, on avait déjà une idée assez précise du type d’album qu’on voulait enregistrer, avec une énergie sauvagement punk», poursuit Hubert Lenoir, pour qui cet album est un retour aux sources, alors qu’il était encore Hubert Chiasson.

Sauvagement punk, mais pas sauvage; le disque est loin de nous sauter à la gorge.

Il se déploie en 10 petites scènes comme autant de photomatons de ces 11 journées d’enregistrement en compagnie du regretté Richard Swift (qui a travaillé avec The Black Keys et The Shins, mais qui a aussi réalisé des courts métrages), à Cottage Grove, dans l’Oregon.

Swift a en quelque sorte été le catalyseur de l’énergie créative du quatuor, qui avait besoin d’un nouveau souffle et d’un réalisateur non interventionniste dans la proposition artistique, mais capable de faire avancer le travail et de l’encadrer avec aplomb.

«Au moment de l’enregistrement, nous étions incapables d’organiser la matière que nous avions», explique Julien Chiasson.

«Un album est pour moi une réaction en chaîne découlant d’un événement, et il faut que tout soit dans le bon ordre pour que cela voie le jour. Il y a un côté nihiliste sur ce disque. Ce n’est pas un album dépressif, mais c’est le fruit de quelque chose de cet ordre qui pose un constat sur une industrie qui n’est pas facile.»

«Un album est pour moi une réaction en chaîne découlant d’un événement, et il faut que tout soit dans le bon ordre pour que cela voie le jour.» –Julien Chiasson, guitariste et chanteur au sein du groupe The Seasons

Le bon moment
Les quatre musiciens ont fait beaucoup de chemin depuis l’enregistrement de l’album, en juin et en juillet 2017.

Hubert Chiasson est devenu Hubert Lenoir et les trois autres comparses ont démarré un autre projet: Forest Boys. Mais pourquoi attendre tout ce temps avant de sortir l’album?

«Il fallait bien que le disque sorte à un moment donné, nous répond le bassiste Samuel Renaud.

«Nous étions tous très, très pris dans plusieurs projets, et Hubert était celui d’entre nous qui avait le moins de temps, il faut l’avouer. Le fait que Richard soit mort cet été nous a tous donné un gros coup de pied dans le cul.»

«Ce disque était un peu sur la glace, poursuit Hubert Lenoir.

«Il y avait quelque chose de frustrant à l’avoir fait et à ne pas le rendre accessible à tous. Je l’avais dans mon ordinateur et je le faisais écouter à tout le monde. Maintenant qu’il est accessible en formats physique et numérique, on est tous soulagés.»

Si un titre comme Junk fait penser à la bande à Jagger, Hosting the Night pourrait très bien être chanté par Conor Oberst avec Tame Impala aux arrangements, alors que Donovan aurait pu interpréter Tangerine.

Cet album est psychédélique dans le ventre et a du punk dans le corps et du rock dans la tête.

«J’avais comme référence les Stooges pour l’enregistrement et toute la vague protopunk, explique Lenoir.

«Une chanson comme The American Way to Dream a de très fortes affiliations avec The Velvet Underground ou The Jesus and Mary Chain. J’aimais aussi beaucoup la new wave des années 1980.»

Midnight, Let’s Get a Hot dog arrive à temps pour les grandes noirceurs hivernales et saura vous garder en éveil jusqu’à l’été prochain où, on l’espère, ils annonceront des dates de tournée. Décidément, il se passe de très belles choses sur la scène de Québec.

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