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Au Mexique avec Ghislain Poirier

Un DJ local du nom de Ghislain Poirier m’a invité à le suivre en tournée mondiale. Par là, je veux dire 5 dates en 10 jours au Mexique, mais bon… dans ma tête, c’était tout comme. J’allais donc vivre comme une rock star. J’allais être le jeunot du film Almost Famous. Sauf qu’à la place d’écrire mon article dans le magazine Rolling Stone, je le publierais dans le journal Métro. Presque aussi big ! À moi, jeunes femmes en fleur, mescal et tequila!!!

Tournée mexicaine? Poirier rock star? Pour le Québecois moyen, Poirier est inconnu. Pour celui qui s’intéresse quel­que peu à la musique émergente, Poirier, c’est un DJ local, signé sur Ninja Tune, qui s’en tire assez bien. On le croise au Zoo­bizarre ou autres festivals. Il joue du reggae et de la «musique des Caraïbes un peu bizarre», et ça s’arrête là. En fait, c’est ce que je croyais avant cette tournée. J’avais tout faux. Poirier a compris. Il s’exporte. Il est de ceux qui sont en avance sur les autres. Je l’ai réalisé au Mexique.

Bien sûr, on reste dans l’underground, mais, chez nous, quand Diplo vient, on trouve ça fou. Quand Boys Noize fait le Métropolis, c’est plein à craquer. Dites-vous qu’au Mexi­que, quand Poirier arrive, c’est aussi l’événement. Les gens connaissent ses chansons et font des demandes spéciales. Quand Poirier et Face-T, le reggae man qui l’accompagne sur scène, jouent de la cumbia (musique locale traditionnelle) remixée à la sauce électro, les Mexicains «poppent» le mescal et bouffent le ver!

Je l’ai vu. Je l’ai vécu. J’ai compris ce que Poirier fait. Ce n’est pas un simple DJ-producteur. Il ne joue pas pour nous; il est différent. Il a trouvé sa voie et joue pour le monde entier. Son style 2009, c’est plutôt «musique du monde version électro rencontre le soca et revisite le house africain», mais ça évolue constamment. Poirier n’a pas peur de se réinventer. Comme Madonna.

La folie Poirier
C’est en arrivant au festival Cervantino, à Guanajuato, que je l’ai vraiment constaté. Poirier et Face T faisaient la première partie de Modeselektor devant environ 7 000 jeunes en folie. Les deux, seuls sur une énorme scène, ont enflammé la foule, qui a semblé oublier que Modeselektor suivait.

L’histoire s’est répétée tout au long de la tournée. D’un rave d’Halloween extérieur, à Monterrey, à une soirée dans la «capitale du sexe», à Mexico, Poirier a affirmé son statut de DJ international. Soit je voyais souvent double, soit il y avait réellement beaucoup de gens les bras dans les airs.  Il y a quelques jours, il était à LA. La semaine prochaine, il sera en Angleterre et ailleurs en Europe. Puis, début janvier, ce sera l’Australie. Sa vie, c’est comme ça tout au long de l’année. Je l’ai suivi pendant 10 jours. J’étais Pink Floyd, j’étais fou et je buvais du Jack Daniel’s.

Parfois, tel un vieux sage, Poirier, sourire en coin, me tapait sur l’épaule en me disant : «Baz, tu vois, c’est ça ma vie.» Je l’ai dit et je le répète : les DJ sont les nouvelles rockstars et Poirier est NOTRE rock star. Nul n’est prophète en son pays, mais c’est bien d’apprécier et de reconnaître le succès d’un gars de chez nous. Un p’tit gars de Terrebonne qui conquiert le monde, ce n’est pas tous les jours qu’on voit ça.

I love Mexico!
Quand je suis arrivé à Mexico, je m’attendais au Tiers-Monde. Je n’allais pas dans un tout-inclus à la plage, j’allais dans la ville la plus peuplée du monde: 28 millions d’habitants! Je m’attendais à me faire tirer dessus par des Mexicains avec des tatouages dans la face, à ce que la police me nargue avec ses AK-47. Puis non, j’ai découvert une ville vivante, des gens incroyables et un nightlife semblable à ici.

À Condessa, quartier cool-tendance-chic-pop, j’avais l’impression d’être dans le Mile-End. Je vous le dis, quand je sortais, c’est comme si tous mes amis montréalais étaient là… mais dans la peau de Mexicains… et avec des moustaches.

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