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Continuer: la mère et la femme

Continuer de Joachim Lafosse. Photo: Axia Films

La nature sauvage des relations humaines est au cœur de Continuer, le plus récent long métrage de Joachim Lafosse.

Que serait le cinéma de Joachim­ Lafosse sans la famille? Elle était toxique dans Nue propriété, qui l’a révélé sur la scène internationale et faisait pleurer abondamment dans son inoubliable À perdre la raison.

Cette difficulté d’être et de vivre ensemble est encore présente dans Continuer, alors qu’une mère (Virginie Efira) décide de traîner son fils turbulent (Kacey Mottet-Klein) au Kirghizistan. Une chevauchée qui laissera des traces indélébiles au sein d’un cocon particulièrement étanche.

«J’avais envie d’aller explorer ce lien filial complexe, explique le cinéaste franco-belge, rencontré dans le cadre des Rendez-vous d’Unifrance. Ce n’est pas si simple que ça, pour les hommes, de faire le lien entre la mère et la femme. Découvrir les désirs et les secrets de sa mère, c’est toujours une violence. Mais c’est ce qui fait de nous des hommes. De pouvoir accepter ça, qu’on n’est pas le centre de leur vie, et de s’en détacher.»

«Ce que j’aime filmer, c’est le refoulement. Forcément, ce n’est pas toujours aimable», –Joachim Lafosse, réalisateur de Continuer

Les immenses paysages dignes d’un western deviennent à la fois source de communication et de solitude, renforçant cette fragile et nécessaire quête d’émancipation qui se déroule très souvent dans le silence.

«Si on parle de ce qui concerne le maternel, on est bien au-delà du langage, maintient le réalisateur. Les mères ont nourri, soigné et porté leur enfant, et c’est ça qui se joue entre eux. C’est au-delà des mots pour moi. Et c’est ce que je voulais mettre en scène.»

Le spécialiste de l’ambiguïté et du hors-champ construit ses films en réaction aux précédents. De l’éblouissant huis clos intimiste de L’économie du couple, le voilà qui vogue pour une rare fois dans sa carrière – l’exception étant Les chevaliers blancs – vers une œuvre plus ambitieuse et aérée, tournée en décors extérieurs et en lumière naturelle. Une expérience qui n’a pas toujours été sereine.

«Je me rends compte que je suis un cinéaste de la contrainte, admet le créateur de Élève libre. J’aime être contraint par les murs. Tourner dans les grands espaces, c’est tourner libre. Et ce n’est pas forcément plus facile.» Surtout lorsqu’il s’agit d’adapter un livre à succès. «Tous les partenaires avec qui vous travaillez ont déjà une idée du film, de la manière dont il doit être fait, révèle Joachim Lafosse. Vous devez arriver à les convaincre de votre subjectivité, du regard que vous allez porter sur ce roman. J’ai eu la chance que Laurent Mauvignier (l’auteur du livre) me soutienne en ne disant rien, en me laissant faire.»

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