Friends: pour ses 25 ans, la série s’offre une boutique à New York
Le fameux canapé orange du Central Perk, les fauteuils en cuir noir inclinables de Chandler et Joey ou la guitare de Phoebe, tout est là dans cet espace éphémère dédié à la série Friends, inauguré samedi à New York.
Pour marquer le 25ème anniversaire des débuts du programme, Warner Bros, producteur de la série, a décidé de nourrir abondamment l’étonnante popularité dont bénéficie toujours Friends (1994-2004), 15 ans après la diffusion du dernier épisode.
Des projections d’épisodes emblématiques sont prévues dans plus de mille salles de cinéma aux États-Unis, des lignes de meubles et de jouets ont été lancées, et des versions du canapé orange circulent un peu partout dans le monde.
Mais c’est à New York, où la série est censée se dérouler même si elle a été entièrement tournée en Californie, que le studio a frappé le plus fort.
Dans un immense loft de Soho au sud de Manhattan, il a remonté, avec de nombreux éléments d’origine protégés par des vitrines, le décor de cette série culte.
Même les éléments recréés pour l’occasion ménagent le caractère «instagramable» de cette mini-exposition qui affiche complet jusqu’à sa fermeture, le 6 octobre: les visiteurs peuvent poser sur les fameux fauteuils en cuir, ou en train d’ouvrir la porte de l’appartement de Rachel et Monica.
«C’est comme un musée», s’enthousiasme l’acteur James Michael Tyler, qui jouait Gunther, le serveur taiseux du Central Perk. «Le niveau de détail, c’est dingue. (…) Ca me rend un peu triste aussi de revoir ces objets. Ils me manquent. Ca me rappelle des souvenirs.»
L’exposition permet ainsi de constater l’importance que la production de Friends attachait aux détails, au point d’imprimer un faux magazine avec Joey en couverture ou un vrai-faux carton d’invitation au mariage de Chandler et Monica.
Des fans de 12 ans
En net décalage avec la presque totalité des programmes produits aujourd’hui, y compris en matière de comédie, Friends continue pourtant à conquérir en permanence de nouveaux spectateurs, y compris certains nés après sa diffusion initiale.
Pour Dominic Caristi, professeur de communication à l’université de Ball State, dans l’Indiana, Friends fait partie des rares séries qui possède une audience «cumulative», aux spectateurs de la première heure s’ajoutant ceux des rediffusions, aujourd’hui rejoints par les abonnés de Netflix.
Le programme constitue donc une exception dans le paysage télévisuel d’aujourd’hui, une référence culturelle commune et intergénérationnelle, de celles qui firent les beaux jours de la télévision jusqu’au morcellement des audiences.
«On me reconnaît dans toutes sortes d’endroits», raconte Maggie Wheeler, qui interpréta Janice, personnage haut en couleur à la voie nasillarde inoubliable. «Et maintenant, je vois même des gamins de 12 ou 13 ans qui me reconnaissent, c’est touchant.»
La recette de ce succès jamais démenti, malgré quelques critiques sur le manque de diversité de la distribution ou certaines répliques parfois jugées politiquement incorrectes aujourd’hui, tient à plusieurs facteurs.
La comédie, d’abord, fonctionne mieux que le drame sur le long terme, explique Stephen Engel, qui a travaillé sur plusieurs sitcoms à succès.
«Si vous regardez un épisode de CSI que vous avez déjà vu, vous savez qui est le meurtrier», dit-il. «Mais les gens peuvent regarder des sitcoms plusieurs fois parce qu’ils rient de nouveau.»
Pour Michael Lembeck, qui a réalisé 24 épisodes de Friends, le secret tient à la rencontre du public avec les personnages, une constante depuis le début de la télévision. Il y a l’écriture, le jeu, la production, «mais vous ne savez jamais quand cela va se produire. C’est un petit miracle.»
«Il me semble qu’à eux six (acteurs principaux)», dit-il, «ils avaient connu 30 ou 35 échecs avec des pilotes (épisode test pour une nouvelle série) avant qu’ils ne se rencontrent et que la magie fasse son oeuvre.»
«Ces six jeunes gens s’appréciaient, prenaient soin les uns des autres, se respectaient», se souvient-il. «Et tous travaillaient aussi dur qu’ils le pouvaient.»
Même lorsque la série a décollé avec la deuxième saison et qu’ils sont devenus des stars, «ils n’ont pas triché», se rappelle-t-il, «ils ont continué à travailler aussi dur que possible.»
«Je ne prends pas ça à la légère», assure James Michael Tyler. «J’ai eu énormément de chance de faire cette série.»