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Deux frères, ça reste deux frères

deux frères
La réalisatrice Kim St-Pierre entourée des acteurs Maxime Dumontier et Jean-Simon Leduc sur le plateau de tournage de Réservoir, qui prendra l’affiche le 6 décembre. Photo: Collaboration spéciale

(Rouyn-Noranda) Vous souvenez-vous du thème du téléroman Deux frères? «Deux frères, deux sens contraires, deux univers, deux caractères, deux frères, ça reste deux frères.» Ces paroles résument la relation entre les deux protagonistes de Réservoir, premier long métrage de Kim St-Pierre, présenté en primeur au Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT).

Là s’arrête la comparaison, même si, amusée, la réalisatrice chante de mémoire les mots interprétés par Dubmatique pour la célèbre émission du tournant des années 2000 lorsqu’on lui en fait mention. 

Jonathan (Maxime Dumontier) et Simon (Jean-Simon Leduc), réunis aux funérailles de leur père décédé subitement, ont peu en commun. Le premier est un militaire, mène une vie rangée et ordonnée. Le deuxième, spontané et blagueur, ne semble pas trop s’en faire avec la vie. 

Alors que les deux frères s’entendent (pour une rare fois) pour rendre hommage convenablement à leur paternel, ils se retrouvent coincés sur un bateau-maison en plein milieu du réservoir Gouin. 

«C’est tellement beau et tellement cinématographique! s’enthousiasme Kim St-Pierre à propos de cette embarcation peu commune. La maison est un symbole très puissant, autant dans la littérature qu’au cinéma. Le fait qu’elle se déplace, qu’elle soit dans un contexte de nature plus grand que nous, je trouve ça fabuleux.»

Cet environnement en huis clos est propice à ce que les deux jeunes trentenaires se révèlent l’un à l’autre. «Ils vivent un deuil soudain, auquel ils n’ont pas été préparés. La mort ne s’est pas annoncée. Là, ça devient très confrontant, ils sont pognés ensemble. Si tu claques la porte, où vas-tu aller? Il n’y a nulle part où aller!»

Malgré l’épreuve qu’ils traversent, beaucoup d’humour se dégage de ce drame intimiste. «J’ai toujours dit que c’est un drame drôle. D’ailleurs, ça riait beaucoup dans la salle», dit Kim St-Pierre, au lendemain de la projection de son film au FCIAT. 

L’équipe de tournage a elle aussi vécu en huis clos, ce qui transpire dans le film, notamment dans le jeu des acteurs. «Maxime et Jean-Simon n’avaient jamais travaillé ensemble et ne se connaissaient pas du tout. Rendus au réservoir, ils partageaient un chalet, donc même hors du travail, ils étaient tout le temps ensemble. Naturellement, une chimie s’est développée entre eux et on la voit à l’écran.»  

Les deux acteurs, pratiquement seuls à l’écran du début à la fin, portent le film sur leurs épaules. En trame de fond, la nature environnante fait pratiquement office de troisième personnage. «Ça incarne l’esprit du père en quelque sorte. C’est une croyance répandue qu’on retourne à la terre, que la vie est un cycle. Cette nature forte, puissante, vierge, solide, bruyante, incarnait bien ça.»

«Ça faisait six ans que je n’avais pas tourné avant Réservoir. Je faisais juste du développement et je ne recevais pas de subvention. J’étais quasiment prête à faire le deuil du métier. Je n’avais plus de passion, je n’avais plus d’idées… Je n’avais plus d’élan.» –Kim St-Pierre, cinéaste, qui a finalement trouvé l’inspiration dans cette remise en question.

Faire mieux avec peu

Réservoir a été réalisé avec un microbudget de 250 000 $. «Ce n’est rien. C’est très peu. C’est suffisant pour faire un petit court métrage», illustre Kim St-Pierre. 

Avec si peu de financement, elle a dû faire de nombreux sacrifices. Ainsi, il n’y a pas eu de répétitions encadrées avec les acteurs ni de sélectionneur de textes (script-éditor) sur le plateau. «C’est gênant de négocier tout le monde à la baisse, de couper des rôles essentiels», souligne la cinéaste, qui a fait ses classes en court métrage.

Son expérience au sein du mouvement Kino – dont la devise est «faire bien avec rien, faire mieux avec peu, mais le faire maintenant» – lui a été d’une grande utilité. Durant une dizaine d’années, Kim St-Pierre a réalisé selon ce principe pas moins d’une trentaine de courts-métrages. «Ils ne sont pas tous bons!» s’exclame-t-elle en riant. 

Cette expérience l’a préparée aux conditions de tournage de Réservoir. «J’ai fait mieux avec peu, dit-elle. C’était vraiment comme un gros Kino. Pendant le tournage, on a eu des problèmes avec la météo et avec le véhicule. Un bateau-maison, ça ne se conduit pas simplement! Il fallait trouver des solutions pour continuer.» 

N’empêche que la cinéaste aimerait mener ses prochains projets dans de meilleures conditions. «Ça ne m’intéresse plus de tourner sans moyens. Je suis rendue à 36 ans et j’en ai fait, des films. À un moment donné, à quel point faut-il se prouver?»

Elle était justement en train de peaufiner une demande de subvention pour l’écriture d’un scénario de long métrage lorsqu’on l’a rencontrée à Rouyn, à peine une semaine après la finalisation de Réservoir.   

«On a fini le film la semaine passée, donc on était stressés. Est-ce qu’on allait le terminer à temps? Est-ce qu’il y aurait des pépins? Je trouve ça fantastique de le présenter alors qu’il est fraîchement terminé. Je suis sur un nuage!»

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