Musique: Raphaël, élégance en stéréo
Le nouvel album de Raphaël, Haute fidélité, est une belle chambre d’écho pour accords majeurs, avec les participations d’Arthur Teboul (Feu ! Chatterton), Clara Luciani, Pomme et la silhouette de Christophe en ombre chinoise.
Les hommages au Beau Bizarre fourmillent dans le disque, qui s’ouvre d’ailleurs sur Années 20 où l’interprète de Caravane se glisse dans les santiags de l’auteur des Mots bleus, marchant sur le fil d’une voix en équilibre.
Dans Maquillage bleu on entend fuser un «Christophe en Ferrari». Et la dernière chanson Norma Jean se réfère à une variété de roses blanches que Christophe aimait offrir autour de lui.
«C’est juste après sa disparition que j’ai écrit Norma Jean, puis un mois ou deux après, j’ai écrit cette intro Années 20 qui me faisait penser à lui, puis j’ai ajouté son nom dans Maquillage bleu», confie Raphaël à l’AFP.
Et d’évoquer «mille choses» qu’il adorait chez le chanteur des «Paradis Perdus»: «tout le monde l’aimait, c’était un éternel jeune homme, moderne sans chercher à l’être».
Raphaël raconte aussi l’enregistrement d’un duo avec lui pour l’album Christophe etc, au coeur de la nuit, évidemment. «Il vous donne rendez-vous à minuit, il arrive une heure plus tard (rires), avec une amie; ma femme (l’actrice Mélanie Thierry) était venue, c’était un moment délicieux, comme à chaque fois avec lui, spécial, électrique».
La guitare devient oud
Dans Maquillage bleu, Raphaël rend hommage à une génération disparue, celle des «Christophe, Johnny, Françoise Sagan, qui roulaient vite et ne faisaient pas gaffe au chemin du retour».
Dans ce morceau-pépite, il grince aussi de se retrouver dans une époque avec «Victoria Beckham s’occupant de nos âmes». «Je n’ai rien contre elle, ni pour elle (rires) mais quand j’étais petit, l’idée de l’avenir c’était d’aller sur la Lune, sur Mars, et cette promesse de modernité s’est limitée aux réseaux sociaux», développe-t-il.
Ce même titre permet aussi d’entendre l’actrice Valeria Bruni-Tedeschi, une proche, déclamer un passage de La Divine Comédie de Dante, en italien. «Il y a ce personnage paresseux – moi qui suis assez paresseux (rires) – qui s’appelle Belacqua et qui me faisait penser à Bevilacqua», poursuit-il, citant le nom de Christophe à l’état civil.
Et c’est d’ailleurs par l’entremise de Christophe – on y revient encore – que Raphaël a rencontré Arthur Teboul, leader de Feu ! Chatterton. Un «complice précieux», qui pose sa voix à plusieurs reprises sur cet album (sorti vendredi chez Sony).
Sur La Jetée, Arthur Teboul chante ainsi un psaume en hébreu alors que la guitare de Raphaël se fait «orientale», sonnant comme un oud. «J’avais coincé des bouts de paquets de cigarettes entre les cordes, c’est un truc connu, comme le truc d’ouvrir une bière avec un briquet (rires)».
«Même famille»
Arthur Teboul ne pouvait que plaire à Raphaël. On l’a vu chanter lors du spectacle-hommage à Alain Bashung en 2019 ou rejoindre cette année-là Stephan Eicher sur scène.
«J’ai écrit et joué pour Bashung, écrit et joué pour Eicher, on est dans la même famille, on relève tous le flambeau, on est tous copains, on s’admire, on s’aime beaucoup», acquiesce Raphaël.
Une famille de scène où l’on trouve aussi Clara Luciani, qui assurait il y a quelques années guitares, claviers et choeurs dans le groupe de Raphaël en tournée.
Il a «assisté avec beaucoup d’admiration» à l’«épanouissement» de celle qui fut sacrée artiste féminine aux Victoires de la musique en 2020. Et l’avoir sur Si tu pars ne dis rien n’était pour lui que la «suite de l’histoire».
Et puis il y a une nouvelle venue, Pomme (artiste féminine aux Victoires cette année), à qui il avait proposé de faire des choeurs sur Le train du soir. «Et puis c’est devenu un duo, car dès qu’elle chante on a envie de l’écouter, quelle émotion c’est de chanter à ses côtés!».