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Eddy de Pretto rembobine le film de sa (jeune) vie

Eddy de Pretto sur scène pour les 36e Victoires De La Musique le 12 février 2021. Photo: Pascal Le Segretain/Getty Images

«C’est comme un prequel» décrit Eddy de Pretto à l’AFP: le chanteur signe son retour avec un deuxième album réussi, succession de flashbacks entre premiers tours de chant ingrats, élans amoureux et paradis artificiels.

En interview, l’artiste est à l’image de ce disque (A tous les bâtards, qui sort ce vendredi chez Romance Musique/Universal), accessible, attachant et sans filtre.

Sous son éternelle casquette blanche, il chantonnera ainsi pendant l’entretien du Charles Aznavour (Comme ils disent), du Jacques Brel (Ces gens-là) —références dans ses radars pour leur art de planter le décor— ou cherchera sur son téléphone une chanson de Frank Ocean (Be yourself), une autre de ses influences.

Eddy de Pretto (27 ans) balaie le mot nostalgie pour parler de son 2e album (successeur de Cure et ses 300 000 exemplaires vendus). «Je ne crois pas; je me disais « je vais écrire un deuxième album, où aller puiser ? ». Pas dans les deux ans écoulés en tout cas: les tournées, le fait que mon champagne soit passé à la gamme au-dessus, on s’en fout (rires) !».

«Regard tendre»

«Je voulais raconter des choses plus expérimentées dans ma chair, je suis remonté plus loin, c’est comme un prequel en quelque sorte: comment j’en suis arrivé à faire de la musique». «L’idée était de piocher des trucs qui m’ont construit et poser un regard tendre là-dessus, même si ce n’était pas aussi beau quand je les vivais».

A tous les bâtards — une dédicace à tous ceux et celles qui comme lui ne rentraient pas dans les cases— s’ouvre ainsi sur Bateaux mouches. Soit les premières scènes-estrades d’un jeune Eddy de Pretto-apprenti chanteur. Enfin échappé de Créteil, où il a grandi, en région parisienne, il distrayait les touristes en goguette sur la Seine avec un répertoire balisé.

«L’Ave Maria en passant devant Notre-Dame, Good morning America: how are you ? devant la statue de la Liberté, La vie en rose à la Tour Eiffel… ah les clichés ! (rires)».

Rose tati évoque une personne qui a compté pour lui, sa «tante libre, décadente, freak, qui me disait +tu seras ce que tu voudras, arrête de les écouter (ceux qui essayaient de le faire entrer dans un moule, ndlr), vas-y fonce !».

«Me perdre dans la fête»

On entend d’ailleurs la voix bienveillante de cette tante, qui vit aujourd’hui dans le Sud de la France, un jour qu’elle laissa un message sur son répondeur.

Comme à son habitude, Eddy de Pretto ne cache rien de son mode de vie, multipliant les allusions aux drogues. Quand on lui demande si sa notoriété a accéléré les tentations, la réponse est franche: «Non, j’ai toujours baigné dans la fête, toujours eu de la drogue, bon il n’y a plus de fête en ce moment avec la crise sanitaire (rires). J’ai toujours aimé me perdre dans la fête». Il le chantait d’ailleurs dans son précédent album avec la fameuse Fête de trop.

S’il assume sa «vie de décadence», il y met des limites comme le révèle le titre Désolé Caroline: il y refuse le piège tendu par la cocaïne-routine. «L’addiction ne m’aura pas, je suis le commandant», martèle-t-il.

Ses amours défilent, insouciantes («J’ai trop de gars à aimer (…) D’autres nuits à déshabiller») ou amères («Les autres qui te tournaient autour/Avaient les armes pour te faire jouir»). Et s’amuse toujours à être cru quand il faut parler sexe (La zone).

La mise à nu touche aussi à son travail des mélodies. Avec Qqn il dévoile la racine de ses compositions, le socle piano-voix qui précède le coffrage r’n’b efficace. «Oui, avec Qqn j’avais envie de montrer l’avant et l’après de ma musique, pour être au plus proche de l’intime». Une dernière formule qui peut résumer le disque.

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