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Kim Thuy, rédactrice en chef invitée

Photo: Yves Provencher/Métro

À quelques jours de sa conférence à l’école d’été de l’Institut du Nouveau Monde, l’auteure de Ru et de Mãn, Kim Thuy, était de passage dans les bureaux de Métro, afin d’y tenir le rôle de rédactrice en chef invitée. En plus de commenter l’actualité, elle a demandé à notre journaliste Roxane Léouzon de réaliser un reportage sur le travail des moniteurs de camps de vacances pour jeunes handicapés.

Je viens de trouver la fonction réveil matin de mon téléphone qui n’est pas intelligent. Parce qu’il ne comprend pas ce que je veux! J’ai écrit la moitié de mon dernier livre dans le brouillon de mon Gmail. Au lieu d’inventer de nouvelles technologies de paiement, je propose à Desjardins de lire notre Iris, comme Nexus. Il suffirait de regarder langoureusement le caissier ou la caissière pour que la transaction ait lieu. Si possible, un peu d’amour avec ça?

On me demande souvent qui sont mes héros. La réponse est simple : les éducatrices (au féminin parce qu’elles sont souvent des femmes). Elles me remplacent en tant que mères pour mes enfants en mon absence. Elles les élèvent comme s’ils étaient les leurs, soit dans la plus grande douceur et attention. Parfois, elles connaissent les habitudes de mes enfants encore mieux que moi. Mais plus encore, elles soulignent leurs forces et soutiennent leurs faiblesses au quotidien, un geste à la fois. Mon enfant autiste n’a pas que des éducatrices, mais des fées qui le guident, l’encouragent, le suivent depuis sa tendre enfance. Même s’il ne peut pas me parler, je sais qu’il adore ses «blondes» parce qu’il me demande de faire sa boîte à lunch même le week-end, même après la dernière journée où le dernier baiser estival a été déposé sur ces joues si belles, si tendres…

La démocratie, c’est le pouvoir de décider qui nous gouverne et c’est aussi d’accepter la décision de la majorité.  Le fait de pouvoir voter n’est qu’une première étape vers l’instauration de la démocratie. Son application requiert un temps beaucoup plus long et peut rencontrer de nombreux obstacles avant de bien s’installer. Il y aura toujours une minorité et la démocratie va lui permettre d’avoir une voix. Comment trouver l’équilibre entre la majorité et la minorité? C’est un travail de longue haleine, on doit préserver cette démocratie puisqu’elle est fragile et on peut facilement la perdre.

La fin fait mal parfois parce qu’on n’a pas envie de quitter l’univers qu’on a créé. On aime nos personnages… on s’attache à eux. Mais, étrangement, les fins s’imposent d’elles-mêmes. Après avoir écrit le dernier mot de mon dernier livre, mãn, je refusais de le quitter. Alors, j’ai tenté de continuer encore un peu, mais j’ai été obligée de tout effacer. La fin était déjà annoncée. Je crois que M. Gilligan va vivre un petit post partum. 🙂

Il n’y a rien de plus terrible pour un parent que de voir mourir son enfant et, dans ce cas-ci, de voir son enfant tomber alors qu’il vient de décrocher une étoile, qu’il vient de voir un rêve se réaliser. C’est inimaginable. Entre Jordan et ses parents, il y avait la vie. Aujourd’hui, il reste l’amour qui est en soi immortel.
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