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«Pisser debout sans lever sa jupe»: audacieusement queer

Une image tirée de la première partie de «Pisser debout sans lever sa jupe» Photo: Hugo B. Lefort

Jusqu’au 11 mars, le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui présente Pisser debout sans lever sa jupe, pièce écrite et mise en scène par le jeune artiste interdisciplinaire Olivier Arteau. Sur les planches, huit ami.e.s qui, comme lui, sont issu.e.s de la communauté 2SLGBTQIA+ (ou en sont des allié.e.s) tentent de «s’indéfinir» à travers leur alter ego.

Le spectacle – qui porte sur la construction de l’identité par rapport à l’autre et l’envie de se défaire du carcan dans lequel nous enferme le regard extérieur – combine jeu, danse, autofiction, projections et musique. Divisée en trois parties précédées d’un prologue et d’un épilogue (oui, oui, au début), la pièce donne ses bases d’entrée de jeu: on ne suivra pas une structure narrative classique.

Une pièce, trois parties distinctes

La première partie, sans doute la plus accessible, nous dépose dans un groupe d’ami.e.s qui se retrouve pour l’enterrement de vie de jeune fille de l’alter ego de l’excellente Ariel Charest, qui livre toutes les meilleures répliques du segment, avec collier de pénis et autres objets phalliques en prime. On bouclera la boucle, à la fin, quand le danseur Fabien Piché se retrouvera sur scène en tenue d’Adam.

Pendant une bonne demi-heure, les gags fusent tandis que chacun.e s’envoie des pointes sur les angles morts des autres, façon habile de déplorer le militantisme de façade, tandis que les effets de lumière créent des tableaux dignes d’une version sur la MDMA de La Cène de De Vinci. Mais tout ça prend une tangente complètement différente quand le groupe se remémore un incident survenu des années plus tôt.

C’est là que commence la seconde partie, avec une rupture dramatique de ton qui déstabilise, un effet certainement voulu, mais pas nécessairement réussi tant on nous projette ailleurs. Changement d’éclairage, de costumes et d’ambiance: maintenant, une partie des interprètes prend le micro à tour de rôle, alternant prestations musicales et récits d’autofiction.

Jorie Pedneault (alias Narcisse), Vincent Roy et Zoé Tremblay-Bianco chantent, mais surtout, se dévoilent en partant d’une puberté qui les a confronté.e.s à un corps jamais demandé. Projetées à l’arrière, des images des artistes dans leurs plus jeunes années brouillent la frontière entre le réel et le fictif, appuyant les monologues de vidéos captées pour documenter des séances de danse, de pleurs ou même de masturbation.

L’accès à l’intimité des interprètes est alors si large qu’il provoque un certain inconfort, parce qu’on sent la vérité et la fragilité à travers le courage revendicateur des discours.

Heureusement, la finale – qui reprend les trappes de souris, le chœur et les verges du début – nous transporte dans un univers de beauté qui met un baume sur les confidences qu’on vient d’entendre. Pensons notamment à Laurence Gagné-Frégeau qui chante, vêtue d’un manteau recouvert de miroirs la transformant en une boule disco vivante, autre clin d’œil à la première partie.

Après les saluts, l’équipe, fière, hurle sa joie en coulisses, laissant le public repartir avec un sourire et son petit baluchon de nouvelles réflexions. Un spectacle inégal, mais visuellement très beau, qui procurera sûrement un grand bien à celleux qui, pour s’affirmer, ont dû abattre des peurs et pleurer les leurs. 

Pisser debout sans lever sa jupe est une production du Théâtre Kata qui met également en vedette les actrices Sarah Villeneuve-Desjardins et Lucie M. Constantineau.

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