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Vous avez raison d’aimer les «TV movies» de Noël 

Les films de Noël destinés à la télévision sont un grand succès populaire. Photo: Métro

Scénario prévisible, réalisation convenue, interprétation déficiente… les films de Noël destinés à la télévision ne sont certainement pas la raison pour laquelle on appelle le cinéma le «septième art». Mais quoi qu’en disent les Grincheux de ce monde, le public les trouve aussi savoureux que des bonshommes en pain d’épice.  

«On est dans une Amérique qui est de plus en plus divisée», commente la journaliste Pascale Lévesque, qui coanime entre autres le balado Noël en rafale. C’est une écœurantite aiguë de cette division qui, selon les observateur.rice.s du phénomène, attirerait les téléspectateur.rice.s vers ces films un peu boboches, mais rassembleurs. 

Il y a une dizaine d’années, quand Hallmark, chaîne se consacrant aux films faits pour la télé, s’est mise à obtenir des cotes d’écoute enviables, des réseaux compétiteurs ont flairé la bonne affaire. Lifetime et Netflix, pour ne nommer qu’eux, se sont ainsi mis à produire des TV movies de Noël, lesquels pullulent maintenant sur Crave, Noovo et ELLE Fictions au Québec. Et si on en voit autant, c’est parce que ça marche, au point qu’on en produit aujourd’hui à longueur d’année, pour toutes les occasions possibles et imaginables. 

Comme un chocolat chaud pour l’âme 

«Le fait que ce sont des films qui sont prévisibles et qui ont une fin toujours très heureuse est très réconfortant, explique la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier. Oui, on sait ce qui s’en vient, mais on aime le vivre.» 

Ce facteur réconfort est d’autant plus vrai que les productions font souvent appel à des acteur.rice.s «en perte de vitesse», comme le formule gracieusement Pascale Lévesque. Malgré leur expérience, leur cachet reste plutôt bas; un combo idéal pour un film à petit budget. Ainsi, on se retrouve avec Chad Michael Murray de One Tree Hill, Lacey Chabert de Mean Girls, Candace Cameron Bure de Full House et même Lindsay Lohan dans nos films de Noël cheap, des visages qu’on connaît et qui évoquent, chez le public cible, des souvenirs de jeunesse. «Ça a cet effet comfort food», lance l’autrice du livre La route du fromage en grains. 

Geneviève Beaulieu-Pelletier estime que la réactivation des souvenirs est l’une des raisons expliquant le succès de ces adorables navets: «Dans ces films-là, il y a des situations très banales, des situations qu’on vit. Bon, peut-être pas un père Noël qui tombe du toit! Mais de façon générale, on est capable de s’identifier aux personnages et ça réactive des souvenirs, très souvent familiaux, d’un temps plus festif.» 

Dans le même esprit, il y a cet attachement aux traditions, dont le visionnement de films de Noël. «Dans une période et dans un contexte social où tout bouge très rapidement, où il y a beaucoup d’anxiété, beaucoup d’inquiétude, beaucoup de soucis, on a besoin de repères qui nous permettent de s’ancrer dans notre vie», croit la psychologue, dont la réflexion résonne avec le facteur de division énoncé d’entrée de jeu.  

Une formule magique 

L’aspect rassembleur et les vedettes du début des années 2000 ne sont pas les seuls ingrédients pour réussir un TV movie, estime Pascale Lévesque. Il faut aussi trouver les points communs entre tous les protagonistes, peu importe leur origine, leur histoire ou leur âge. «Je réalise que le terrain d’entente, c’est ça que j’aime de ces films-là.» 

On l’a vu 100 fois: une femme d’affaires vivant dans une grande ville se retrouve à passer les Fêtes dans un village, tombe follement amoureuse d’un veuf et décide de tout abandonner pour se consacrer à l’art de faire des flocons avec des feuilles de papier. Deux personnages que tout séparait se retrouvent unis dans la fin heureuse d’un film bouclé en 90 minutes, top chrono.  

Mais ce modèle classique tend à s’étioler ces dernières années. «Parfois, le terrain d’entente, c’est qu’on peut mener cette vie-là et continuer d’avoir ses ambitions», analyse Pascale Lévesque, qui cite en exemple The Christmas Bow, dans lequel une violoniste poursuit sa carrière même après avoir rencontré l’amour. Révolutionnaire, quoi! 

Des personnages racisés, des relations homosexuelles et même des célébrations de Hanoukka ont fini par trouver une place (encore assez mince, mais existante) dans ce genre de films. De quoi choquer bien des ménagères conservatrices, mais de quoi aussi montrer à certaines personnes que oui, on peut être gai.e, Juif.ve ou Noir.e et faire des biscuits en forme d’étoile. «Je sais que ça a l’air d’être la base, admet Pascale. Mais il y a des gens qu’il faut prendre par la main.» 

S’ils contribuent, sans prétention et bien à leur manière, à faire évoluer les mœurs, ces films ne sont peut-être pas si objectivement mauvais qu’on le dit, même si ce n’est pas demain la veille que Falling for Christmas, qui met en vedette Lindsay Lohan, sera sélectionné aux Oscars. 

5 TV movies de Noël à voir absolument 


Journey Back to Christmas (2016): une infirmière des années 40 voyage dans le temps grâce à une comète et doit retrouver les décorations de Noël perdues pour retourner à son époque. Disponible sur Prime. 

A Christmas Switch (2018): une chanteuse dont la carrière ne lève pas change accidentellement de corps avec une femme à la tête d’une maison de disque. Disponible en version française sur Noovo.ca.  

A Christmas Miracle (2019): une journaliste est à la recherche d’une histoire de miracle de Noël avec l’aide de son fils et d’un beau photographe. Disponible sur Prime avec StackTV. 

The Christmas Bow (2020): une violoniste voit sa carrière mise en jeu après un accident et renoue avec un ami de la famille pendant sa convalescence. Disponible sur Prime avec StackTV ou quatre diffusions en version française prévues en décembre sur ELLE Fictions. 

The Christmas Setup (2020): un avocat de New York retourne avec sa meilleure amie chez sa mère et retrouve l’homme pour qui il avait le béguin au secondaire. Disponible sur Crave.  

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