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La «Cosmologie» musicale de Dumas

L’auteur-compositeur-interprète Duma sortira demain son 12e album en carrière, le planant « Cosmologie », empreint d’une lumière crépusculaire.
L’auteur-compositeur-interprète Duma sortira demain son 12e album en carrière, le planant « Cosmologie », empreint d’une lumière crépusculaire. Photo: La Tribu

C’est dans son petit studio de la rue Atateken que Dumas accueille Métro pour discuter de son 12e album, le planant Cosmologie, empreint d’une lumière crépusculaire, qui paraît vendredi, cinq ans après Nos idéaux. 

Remède au spleen hivernal, antithèse du rythme effréné, Cosmologie vivifie et apaise à la fois — un album résolument à l’image de son créateur. « Je suis quelqu’un de très moody, mais de positif », s’esclaffe Steve Dumas, de son nom complet.  

Le mélomane originaire de Victoriaville nous entraîne dans un mélodieux voyage au creux de son existence, à rêver enfant de L’ailleurs, à toucher à la liberté à vélo sur Tout passera, à rouler vers Chicago ou à s’enivrer d’une Lune d’été. Un album ayant pour Leitmotiv de jouir de l’instant, que ce soit en contemplant la vie autour de soi, en se relaxant le soir ou, pourquoi pas, en courant au son de Mouvement

« Cosmologie » est le 12e album en carrière de Dumas. Image : La Tribu
Cosmologie est le 12e album en carrière de Dumas. Image : La Tribu

Prendre son temps 

Ce nouvel opus semble traversé de sérénité. Le fait que l’album n’a pas été conçu dans l’urgence y est pour quelque chose. 

Après la tournée haute en couleur de Nos idéaux, fin 2019, le musicien autodidacte avait en tête d’écrire tout au long de l’année suivante, puis d’enregistrer un album; or, la pandémie est arrivée.  

« Tout est devenu relatif », se souvient-il. Sans qu’il l’ait prémédité, il a eu l’occasion de prendre vraiment son temps. 

C’est en lisant un livre de Hubert Reeves que le mot « cosmologie », aussi joli que porteur, l’a happé. Il en a intitulé un dossier dans lequel se sont amoncelées durant deux, trois ans des idées. Devant cette profusion de matière, il ne savait plus trop où se diriger. 

L’on peut voir Dumas le photographe à l’œuvre sur son compte Instagram.

Courir et réaliser avec Brault  

À la musique comme aux textes, Dumas préfère travailler en équipe, assure-t-il. Et il s’est trouvé un coéquipier de choix en Philippe Brault, prolifique réalisateur avec qui il n’avait jamais travaillé… mais avec qui il joggait. 

Un jour, alors qu’ils couraient, Dumas l’a invité à écouter ses démos en studio. Démos que Brault l’a encouragé à utiliser plutôt qu’à réenregistrer. « Il est venu magnifier ce que j’avais », affirme Dumas, qui a finalement coréalisé Cosmologie avec lui. « Il m’a aidé à avoir confiance en mes premiers jets. » 

Tout à fait, « confiance », bien que Dumas évolue sur la scène culturelle depuis plus de deux décennies maintenant — il a d’ailleurs célébré l’année dernière son mythique album Le cours des jours, sorti en 2003, en le rejouant intégralement sur scène entouré des musiciens d’origine.  

« Quand on a commencé à travailler ensemble, j’ai compris pourquoi Philippe est un des meilleurs réalisateurs depuis 20 ans. Il a une tellement bonne écoute. Il ne mettra jamais son ego de réalisateur devant l’œuvre de l’artiste. Sa magie est toujours là, mais il se met vraiment au service de l’artiste », indique Dumas. 

Le processus a été à tel point organique que les complices n’ont pas eu l’impression de faire un disque — ils ne planifiaient pas de dates fixes en studio, se rencontrant sporadiquement. L’album a ainsi pris forme en deux ans environ, « mais on s’est peut-être vus 20 fois là-dedans! pouffe Dumas. On a été vraiment relaxes et ça nous a permis d’avoir de la perspective sur ce qu’on faisait. » 

Le vidéoclip de la chanson Leitmotiv, qui figure sur le nouvel album de Dumas, Cosmologie, lui a été offert par son grand ami d’enfance Louis-Philippe Eno, réalisateur originaire lui aussi de Victoriaville. Le vidéaste renommé a réalisé tous les vidéoclips de Dumas depuis celui de J’erre.

« Comme une bulle » 

Aux dires du créateur de Fixer le temps, l’album aurait pu « aller dans toutes sortes de directions », mais ils ont finalement sélectionné des morceaux harmonieux qui s’écouteraient d’un trait. 

« Je suis un peu vieillot, mais je suis heureux de voir qu’il y a encore d’autres freaks qui pensent comme ça! », s’esclaffe-t-il de son rire franc lorsqu’on lui confie faire partie des gens qui, comme lui, écoutent les albums du début à la fin.  

S’il avait envisagé une ambiance plus frontalement ensoleillée, inspirée de groupes de la côte ouest américaine à la Beach Boys ou Red Hot Chili Peppers, pour le successeur de Nos idéaux, Dumas lui a finalement préféré une « lumière plus montréalaise », des sons plus lo-fi. 

Voilà pourquoi il a exclu la dansante Le soleil à son zénith, sortie l’été passé; « elle me sortait de mon écoute, elle me mettait dans un autre mood. En écoutant le vinyle, ça m’aurait fatigué! », admet-il en riant. « Je voulais que ce soit comme une bulle. » 

Trois courtes chansons instrumentales y contribuent superbement. Elles « donnent une pause au propos, permettent de se concentrer sur l’ambiance », explique Dumas, citant pour exemple Low de David Bowie — dont le vinyle trône sur un trépied derrière lui —, un album truffé de pièces instrumentales.  

Que l’instant 

Si Philippe Brault a magnifié les mélodies de Cosmologie, Jonathan Harnois, coauteur de Dumas depuis Nos idéaux, a fait de même avec ses textes. « C’était le compagnon que je cherchais depuis plusieurs années, raconte Dumas. On est comme des siamois; un moment donné, on ne sait plus qui a écrit quoi. »  

De leurs textes sur Cosmologie se dégage la thématique de l’existence, « ce qu’on fait de ce moment court pour ne pas avoir de regrets ».  

« Il faut profiter du moment, croit Dumas. Le quotidien, les responsabilités, c’est intense. Tout le monde autour de moi court. Des fois, on ne prend pas le temps de prendre conscience que la vie passe vite. » 

« On ne contrôle pas tout, mais on peut changer notre destin, même si c’est dur, que ça prend du courage », ajoute-t-il. 

Malgré les années qui suivent leur cours, le doute et la peur font encore partie du métier, confie celui qui se qualifie de « paquet de nerfs ». « Des fois, il faut se convaincre d’oser », lance-t-il.  

Les doutes ne s’estompent peut-être pas, mais la passion non plus. Pour Dumas, écrire des chansons est un acte toujours aussi « viscéral ».  

L’album se clôt paisiblement avec La mer, comme se coucherait le soleil à l’horizon. « Nous n’avons que l’instant », y susurre le musicien. Un album précieux duquel s’imprégner comme d’un souvenir heureux.

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