Économiser sur l’épicerie en attendant de renverser le capitalisme
La semaine dernière, le roi de l’épicerie est sorti sur le balcon de son manoir pour une grande annonce. «Sujets, je vous ai entendus. Le prix des pâtes a doublé récemment même si le prix de la farine n’en a pas fait autant, pis vous trouvez ça suspect. Je vous ai vu commencer à affûter vos fourches et fourchettes à fondue (rangée numéro 12, vous aurez un bouillon gratuit à l’achat de 12). C’est pourquoi j’annonce aujourd’hui que maintenant que j’ai fini de jacker les prix, je vais les geler!»
Et pendant que la foule applaudissait mollement, la faim ralentissant ses mouvements de mains, le roi de l’épicerie ajouta, pas trop fort «… pendant juste trois mois, et seulement sur quelques produits». Puis, satisfait de voir tous les médias célébrer en première page sa grande clémence, le roi est retourné compter l’argent qu’il a fait pendant 15 ans, à fixer illégalement le prix du pain avec ses autres amis épiciers.
Mais à part manger des affaires emballées dans le jaune, y a-t-il moyen pour les gens normaux de ne pas arriver dans le rouge à l’épicerie?
Manger (chez) les riches
N’attendez pas qu’on vous invite, faites le premier pas: débarquez chez votre grand chum Galen Weston Jr, le big boss de Loblaw et le gars qui choisit toute, selon le département marketing du Provigo. Prétextez une envie pressante, demandez le chemin des toilettes et faites un détour pour piger dans sa pantry en bourrant vos poches. Inquiétez-vous pas pour Galen: son salaire à lui suit l’inflation. Il ira piger dans le petit bonus de 2 millions qu’il a reçu en 2021.
S’adonner au couponing extrême
Pourquoi suer à pratiquer votre motricité fine en découpant des centaines de petits coupons pour ensuite les donner à la caissière? Juste le temps que vous fassiez tout ça, l’inflation va avoir annulé votre rabais. Sautez une étape et mangez vos coupons! Avec un filet d’huile d’olive d’une marque sans nom et un sachet de vinaigre piqué au resto, ça goûte comme une salade de kale.
Se lever tard, se coucher tôt
«Trois fois par jour»? Si Marilou se levait à midi et se couchait à 16 heures, elle aurait au mieux le temps d’une fois pis un petit snack. Boni: en hiver, midi, ça suit le lever du soleil pis 16 heures son coucher: c’est comme de la luminothérapie contre la dépression saisonnière d’être pauvre. Qui dort dîne!
Penser à ceux qui n’ont pas le choix (du président)
Enfin, on sait que c’est pas encore le temps des résolutions de début d’année, mais on a déjà choisi la nôtre: si on croise quelqu’un qui s’enfile un p’tit Gattuso sous le manteau dans une grande bannière de l’oligopole alimentaire canadien, on va juste regarder ailleurs. On va peut-être même créer une diversion pour qu’y s’prenne aussi un dessert, tant qu’à faire. Y a rien d’illégal à accrocher une pile de cacannes de soupe dans un grand fracas et oups! Regardez là-bas au loin!