Sortir avec un.e influenceur.euse, c’est du sport?
Le travail de beaucoup d’influenceur.euse.s consiste notamment à étaler leur vie privée sur les réseaux sociaux et implique de se faire reconnaître dans la rue. C’est leur choix. Mais qu’en pensent leurs partenaires amoureux? Métro leur a proposé une date pour en jaser.
Cassandra Bouchard parle de sa vie privée de long en large dans ses vidéos YouTube, abordant souvent sa relation avec son copain, l’impliquant dans plusieurs de ses contenus.
«Je vis ça super bien», lance le principal intéressé, Cédric Lemieux, animateur en événementiel très extraverti, qui prend grand plaisir à participer à toutes les folies de sa copine, comme manger de la bouffe louche ou répondre à des questions indiscrètes.
Lui-même a vu son nombre d’abonné.e.s grimper grâce à sa copine et accepte de temps en temps de petits contrats d’influence.
À l’opposé, Patrick, mécanicien de camion, conjoint de la youtubeuse Cynthia Dulude depuis 11 ans, avant qu’elle ne soit connue, est un homme de peu de mots. Il n’est pas dérangé par sa notoriété ni par ce qu’elle partage, mais ne souhaite pas apparaître dans son contenu, même si elle le lui a déjà demandé.
«Je n’ai jamais souhaité ça. Ça ne m’attire pas d’être connu», dit-il. Il mentionne être un peu gêné lorsque le couple se fait reconnaître en public, mais comprend que ça fait partie du métier de sa conjointe.
Fini l’anonymat
Mais se faire reconnaître, même au dépanneur, n’est pas toujours évident pour les partenaires d’influenceur.euse.s.
«Quand on sort en public, les gens prennent des photos, nous arrêtent. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si intense», raconte Fabrice Gagnon Mckenzie, conjoint de l’ancienne candidate d’Occupation double Khate Lessard depuis près de trois ans.
Panida, conjointe de l’ancien candidat d’Occupation double Adamo, dit aussi, comme Patrick, être plus réservée et apprécier son intimité.
«Parfois quand on veut simplement aller faire les courses ou bien aller au resto, ça peut attirer quelques regards et on se sent observé. Pourtant, ce sont des activités bien banales. Ça peut être épuisant quand on a de moins bonnes journées par exemple, mais la majorité des gens veulent simplement dire bonjour et c’est super sympathique!», explique-t-elle.
Sur une autre planète?
Pour Panida, qui travaille au sein du département des finances d’une agence créative, l’agencement de son style de vie à celui de son chum influenceur a comporté un défi.
«Nous n’avons pas la même routine de travail, qui est pour moi un 9 à 5 bien normal. Donc on ne passe pas beaucoup de temps ensemble. On doit essayer de trouver un certain équilibre», confie-t-elle.
«Au début, c’était un peu difficile de s’adapter à cause de nos horaires, et aussi de ma condition [NDLR: sclérose en plaques], qui me rendait plus fatiguée. On a eu plusieurs discussions pour trouver la bonne formule qui nous apporterait cet équilibre sain dans notre couple, et ça semble fonctionner parce que nous sommes heureux.»
Panida se dit très contente de voir évoluer la carrière d’Adamo, qui cumule aujourd’hui quelque 128 000 abonnements à son compte Instagram.
«Je l’ai connu lorsqu’il était serveur au restaurant, et là il est travailleur autonome multidisciplinaire dans des projets de musique, d’immobilier et de divertissement, c’est assez différent et fascinant ce qu’il réussit à accomplir [en peu de temps]», raconte Panida.
Un travail qui vient quand même avec une certaine charge mentale: «Le côté un peu plus négatif, c’est qu’il y a beaucoup de stress, alors parfois je peux le ressentir et je deviens anxieuse à mon tour.»
Pour le couple formé de Fabrice et Khate, il a aussi fallu trouver un équilibre lors de leurs moments à deux.
«Au début, je trouvais ça lourd et dérangeant qu’elle doive toujours faire des stories partout où on va. Tranquillement, j’ai réalisé que ça faisait partie de son travail. Elle a besoin de garder un following pour sa plateforme d’influenceuse. Maintenant, quand on arrive à un festival, je lui dis de prendre ses photos, faire ses stories en arrivant et après on profite. Sinon, je trouvais que ça gâchait des moments», mentionne-t-il.
Intimité exposée
Les influenceur.euse.s pratiquent leur métier à temps plein, pas que lors des sorties publiques. Il arrive donc que certains moments «intimes» du quotidien soient exhibés.
«Je suis quand même à l’aise avec tout, mais filme-moi pas aux toilettes, mettons», rigole Cédric Lemieux.
L’animateur raconte que Cassandra et lui ont évolué ensemble dans cette popularité grandissante et que la limite de ce qui pouvait être partagé ou pas s’est créée naturellement avec les années.
Lorsque le couple a vécu une brève séparation, Cédric n’appréciait pas le fait que celle-ci soit publique, mais a compris que ça devait l’être parce que des milliers de personnes écrivaient à Cassandra pour savoir ce qui se passait avec lui.
«Elle a parlé des raisons, mais on n’avait pas nécessairement la même version des faits. On s’est brouillé dans ce temps-là à cause de ça. Ça n’arrivera plus jamais. On a appris de ça.»
La vie privée de Fabrice est également très exposée sur les réseaux sociaux de sa partenaire. Lui aussi a dû indiquer ses limites.
Il a un garçon d’une ancienne conjointe, et il refuse que des photos de lui se retrouvent sur les réseaux sociaux. Une limite que la nouvelle belle-mère a tout de suite comprise pour que l’enfant soit protégé des trolls, notamment.
En tant que femme trans, Khate Lessard était déjà extrêmement stressée de présenter Fabrice à ses abonné.e.s de peur qu’il reçoive des messages désobligeants. Il a, de fait, reçu beaucoup de commentaires homophobes sur Instagram, mais ne s’est pas laissé affecter, puisqu’il s’agissait d’inconnus.
«Si mes amis m’avaient dit quelque chose de méchant par rapport au fait je suis avec une femme trans, ils ne mériteraient pas d’être mes amis. Je les connais bien. Aucun n’a fait de commentaire déplacé ni n’a été surpris.»
En faisant des vidéos à deux, Khate et Fabrice se font une mission de déstigmatiser ce genre de relation.
«Je suis un Cri de la Baie-James. J’ai vécu du racisme, entendu bien des préjugés sur les Autochtones et j’ai toujours essayé de les défaire. J’ai vu une situation similaire en sortant avec Khate. On a voulu montrer que notre relation est normale, pas de raison d’avoir de gêne», raconte celui qui se considère comme un homme hétérosexuel, et qui n’avait auparavant jamais eu de relation avec des personnes trans.
S’il ne tolère pas les commentaires négatifs sur son couple ou l’identité de sa conjointe, il avoue sourire lorsque ses collègues chez Hydro-Québec (où il est électricien) le taquinent en raison de ses «photos de star d’Instagram».