Ahuntsic inspire
Si une rue du Plateau avait été fermée à la circulation automobile pour la période estivale, la nouvelle aurait fait grand bruit, et des débats houleux auraient probablement eu lieu sur les réseaux sociaux.
À Ahuntsic, un tel projet pilote s’est concrétisé il y a maintenant plus d’un mois, passant presque inaperçu… du moins d’un point de vue médiatique. J’avais moi-même complètement oublié ce projet d’aménagement de placette publique, qui avait été annoncé en janvier dernier par l’administration Coderre lors du dévoilement du nouveau Programme d’implantation de rues piétonnes ou partagées. Il aura fallu qu’une amie urbaniste me fasse parvenir quelques photos de la réalisation, le week-end dernier, pour attirer mon attention vers ce secteur de l’île.
Et honnêtement, le projet est franchement réussi, malgré un design très élémentaire. Au sol, une longue fresque, composée de motifs de vagues et de poissons, longe la piste cyclable du Parcours Gouin, ajoutant un peu de couleur dans ce quartier fortement minéralisé. Des jeux de serpents et échelles et de marelle ont fait leur apparition sur le bitume pour divertir les enfants, alors que des chaises longues orientées vers la rivière des Prairies viennent ponctuer le site. Une première station publique d’ajustement de vélos a également vu le jour.
L’objectif: éliminer la circulation automobile sur l’avenue Park-Stanley afin de sécuriser la piste cyclable tout en créant une zone d’activités familiales. Yoga, ateliers d’agriculture urbaine, cinéma en plein air et même activités de danse en ligne animeront l’espace jusqu’en septembre grâce à des organismes du quartier, dont GUEPE (Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement) et l’écoquartier Ville en vert.
«L’idée est de tester différents concepts d’aménagement dans le secteur, qui abritera pour le 375e de Montréal un pavillon d’accueil de 4M$, m’expliquait le directeur de l’arrondissement, Gilles Côté, lors d’un petit tour guidé sur le site. On prépare donc le terrain en rendant la rue plus accessible aux gens à pied et à vélo.»
En plus d’avoir permis d’animer le quartier ces dernières semaines [près de 2700 personnes fréquentent le site chaque jour], l’initiative semble avoir réussi à augmenter le sentiment de sécurité des gens face à une clientèle indésirable qui s’adonnait à des activités illicites sur les lieux.
«Il y a des personnes âgées, notamment des sœurs qui vivent à proximité, qui étaient devenues réticentes à l’idée de se promener ici, poursuit M. Côté. Depuis que le site a été aménagé, elles se remettent à sortir et viennent voir les activités. Elles se sentent moins intimidées.»
Après avoir discuté brièvement avec plusieurs passants, dont des cyclistes et des résidants d’Ahuntsic, j’ai constaté que l’apparition de cette placette publique est généralement bien appréciée. «Ça faisait dur, avant, ce coin-là, m’a confié l’un d’eux. Ça nous donne un endroit agréable où nous asseoir et relaxer.»
Reste à voir maintenant si le projet pilote mènera éventuellement à un aménagement permanent. Le potentiel est énorme, été comme hiver, pour animer cette zone riveraine. Du côté de l’arrondissement, on hésite à s’avancer sur le sujet.