Voyage au cœur du patrimoine municipal
Le patrimoine bâti résidentiel de Montréal regorge de bâtiments qui racontent notre histoire. Au cours des années, plusieurs maisons sont passées sous le pic des démolisseurs, mais bon nombre d’entre elles sont toujours debout.
«Notre patrimoine résidentiel est d’une très grande richesse, car il est très varié. Lorsqu’on se promène dans les quartiers de Montréal, on le constate», déclare la professeure à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, Claudine Déom. Elle songe non seulement aux maisons plain-pied, mais également les plex et les maisons de chambres.
Cet avis est partagé par la responsable du patrimoine au comité exécutif de la Ville de Montréal et mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier.
«Ça démontre une histoire», s’exclame-t-elle, en donnant l’exemple de certaines rues du Plateau-Mont-Royal ou des shoebox, notamment à Verdun et dans le Sud-Ouest.
Au cours des dernières années, une recension complète des maisons patrimoniales a été faite dans la métropole, ce qui permet de guider les propriétaires lorsqu’ils demandent un permis de rénovation. Aussi, certains arrondissements, comme Saint-Laurent par exemple, ont publié des instructions indiquant comment rénover des maisons tout en gardant leur cachet.
«On fait déjà beaucoup de choses, mais on pourrait en faire plus, bien évidemment», tempère Mme Thuillier.
La valeur patrimoniale d’une maison peut être prise en compte individuellement, mais aussi en tant qu’ensemble comme la Cité-Jardin dans Rosemont–La-Petite-Patrie, croit Mme Déom.
«L’architecture résidentielle, c’est celle qui change le plus souvent, parce qu’on l’adapte à nos besoins. Comprendre l’architecture de la maison, c’est comprendre les mœurs, comprendre les valeurs d’une société à une époque donnée», soutient-elle.
Éviter de répéter les erreurs
Une grande portion des maisons patrimoniales qui ont aujourd’hui disparu ont été démolies dans les années 1960 et 1970. Durant cette époque de prospérité économique, «il y avait un besoin d’espace et de densification», mais également parce que, dans certains quartiers, «on ne leur attribuait pas nécessairement d’importance», explique la spécialiste de la conservation du patrimoine bâti.
D’après Mme Déom, les décideurs publics et les particuliers ont commencé à prendre conscience de l’importance de ces maisons dans les années 1980.
«Je pense qu’il y a toujours plus à faire. L’histoire nous donne des leçons et je pense qu’il faut les écouter pour ne pas répéter les erreurs du passé», souligne-t-elle, tout en ajoutant que la Ville de Montréal fait de bons efforts.
«Il y a encore énormément de choses à faire pour valoriser le patrimoine. Il y a trop de bâtiments qui sont détruits ou saccagés pour rien dans des opérations de rénovation.» – Claudine Déom, professeure à l’École d’architecture de l’Université de Montréal
L’Opération patrimoine, mise en place par la ville-centre, vient récompenser les efforts de conservation des propriétaires en mettant en lumière de bonnes pratiques d’entretien et des artisans.
Aussi, le soutien financier aux propriétaires est nécessaire pour la réalisation de travaux ainsi que la formation aux métiers traditionnels pour favoriser une expertise dans la restauration de maisons patrimoniales.
Afin de mieux préserver le patrimoine, une mise à jour des règlements est dans les plans de Montréal.