Pourquoi ces 10 articles ont été les plus populaires en 2022?
Qui dit fin d’année dit top 10. Métro vous propose donc un palmarès des 10 articles qui ont le plus fonctionné sur son site cette année. Pour agrémenter le tout, deux experts en communication et en médias font une analyse de ces petits et grands événements qui ont marqué 2022.
L’acteur québécois Michel Côté a mis en vente sa grande demeure montréalaise en février 2022, une maison construite en 1913 et comprenant 21 pièces réparties sur quatre étages et 7000 pieds carrés. Prix demandé: 3 195 000 $. Selon le 7 jours, la maison a trouvé preneur en quelques semaines, mais on ignore le montant exact de la transaction finale.
Une propriété unifamiliale construite en 1958 n’ayant que quatre pièces a été qualifiée de «maison à vendre la plus triste de Montréal» par Métro en février dernier. Située dans Ahuntsic-Cartierville, cette maison avait un sous-sol «pas fini», mais disposait d’une cour de 71,3 mètres carrés, soit l’équivalent de 767 pieds carrés. Prix demandé: 249 000 $. Est-ce que la maison a été vendue? On ne peut pas l’affirmer, mais le 2431, rue de Port-Royal Est n’apparaît plus sur le site de Remax Alliance.
Évitement et star-système québécois
Interrogé au sujet des deux textes trônant au sommet du palmarès de Métro, le professeur et responsable du programme de baccalauréat en journalisme à l’UQAM Patrick White explique qu’il y a un «gros phénomène d’évitement» des nouvelles négatives depuis la pandémie. «Les gens évitent de plus en plus les nouvelles anxiogènes», indique-t-il, donnant l’exemple de celles portant sur le climat, la COVID-19 ou encore les écrasements d’avion.
Si concernant l’immobilier en général, les gens s’intéressent beaucoup aux informations «pratico-pratiques», Patrick White précise que dans le cas de Michel Côté, «il y a une fascination importante ici pour le star-système québécois, un phénomène qu’on ne retrouve pas au Canada anglais».
Allant dans le même sens, la stratège en communication et directrice générale d’Edelman Montréal, Martine St-Victor, ajoute l’attrait du «luxe inaccessible». «L’immobilier fait toujours rêver, dit-elle. Les visites sur les sites d’immobilier de luxe ont augmenté. Aux États-Unis, il y a un terme pour ce genre [de recherche]: real estate porn.»
Janvier 2022, des images prises lors d’un vol privé de Sunwing en direction de Tulum au Mexique, bondé d’influenceurs, de vedettes de téléréalité et autres passagers sur le party, font le tour de la planète.
Parmi les 20 articles les plus lus de Métro en 2022, quatre concernent ces «ostrogoths», pour reprendre le mot utilisé par le premier ministre Justin Trudeau pour qualifier les passagers de ce vol qui a lieu le 30 décembre 2021. Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux se déchaînent, ce qui a poussé Métro à faire un palmarès des meilleurs mèmes qui a visiblement piqué votre curiosité.
Défoulement collectif
Boucs émissaires de début d’année, les passagers du vol controversé de Sunwing ont permis à la population, lassée par le confinement, de se défouler. «Les gens étaient fâchés de voir du monde s’amuser dans un avion, alors que tout le monde était coincé à la maison, se remémore Patrick White. Ç’a été vraiment un phénomène très court, mais très intense où les gens se sont défoulés collectivement contre des influenceurs.»
Même son de cloche du côté de Martine St-Victor, qui qualifie cet épisode d’exemple parfait de «l’irresponsabilité corporative». «Tout ça donnait un peu des airs de feuilleton, que nous avons suivi quotidiennement, en attendant le dénouement final, soit une condamnation officielle, au-delà de la réprobation populaire», raconte-t-elle.
Patrick White rappelle que cet événement a remis en question le rôle des influenceurs au Canada. «Il y a beaucoup d’exemples de désinformation associés à certains influenceurs, surtout durant la pandémie de COVID-19 et les manifestations anti-vaccin ou anti-mesures sanitaires devant le parlement fédéral.»
Une autre controverse concernant des vedettes de téléréalité a fait couler beaucoup d’encre cet automne. Devant le comportement considéré comme «toxique» de certains concurrents d’Occupation double Martinique, des téléspectateurs ont lancé un appel au boycott sur les réseaux sociaux puis une série de commanditaires importants s’est retirée. La controverse en a surpris certains, puisque l’objectif de l’émission est de «trouver l’amour» tout en éliminant les autres participants.
Se vider la tête
La mode des téléréalités ne se dément pas, mais il semble que certains comportements ne sont plus tolérés par une partie du public. «C’est allé trop loin et ça s’est retourné contre la chaîne de télé et les producteurs de l’émission», remarque Patrick White. Si les gens ont besoin de se changer les idées, ces derniers n’acceptent plus aucune forme d’intimidation, affirme-t-il.
Le Tribunal de la Régie des alcools, des courses et des jeux a imposé en juillet une sanction administrative pécuniaire de 30 000 $ à un dépanneur de Pointe-aux-Trembles pour avoir vendu des boissons alcoolisées acquises «non conformément à son permis». Si les deux parties ont convenu de la sanction, le gérant de l’établissement croit que l’amende négociée était beaucoup trop salée.
On apprenait en mars qu’un couple était incapable de trouver une maison dans le Grand Montréal au point où il remettait en question son projet d’avoir un deuxième enfant. Les deux trentenaires ont affirmé avoir déposé au moins 13 offres d’achat, toutes refusées. Selon les données de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) pour le mois de février, les maisons unifamiliales ont vu leur prix médian grimper à 550 000 $ dans le Grand Montréal. Cela représentait une augmentation de 22% par rapport à 2021.
Inflation et immobilier
Pour Martine St-Victor, la difficulté d’accéder à la propriété «rend l’immobilier un objet de convoitise comme jamais auparavant». Des propos appuyés par Patrick White, qui considère que la hausse de l’inflation et des taux hypothécaires explique cet intérêt.
Ainsi, contrairement à la Presse canadienne qui affirme que les manifestants du Convoi de la liberté à Ottawa sont la nouvelle de l’année, pour le professeur de l’UQAM, c’est plutôt la hausse du coût de la vie.
«C’est ce dont tout le monde me parle en ce moment. C’est ce dont les gens vont parler autour de la bûche de Noël, de la dinde et de la tourtière le 24 et le 25 décembre. L’achat d’immobilier, les rénovictions, l’augmentation des loyers et du coût de la vie, l’inflation en général ont vraiment touché les gens cette année», ajoute-t-il.
Près de trois mois après que son frère – Karim Ouellet – a été retrouvé mort dans son studio de musique, la rappeuse Sarahmée a brisé le silence en revenant sur l’événement lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle. Au cours de l’entrevue, la rappeuse a souligné la pluie d’hommages que son frère a reçus dès l’annonce de son décès. Si les circonstances entourant sa mort n’étaient pas connues à ce moment, une enquête du coroner a conclu que l’artiste était décédé d’une acidocétose diabétique, établissant la date de la mort autour du 15 novembre 2021. Le corps a été retrouvé deux mois plus tard, soit le 17 janvier 2022.
Une petite gêne
Pour Martine St-Victor, la mort de Karim Ouellet a été une peine qui a été vécue collectivement. «Dans la tristesse, dans l’émotion on met les différends de côté», résume-t-elle.
Du côté de Patrick White, cette tragédie montre à quel point on a de la difficulté au Québec à bien comprendre les enjeux de santé mentale. «Il y avait un point d’interrogation [entourant sa mort]. On a attendu des mois pour le rapport du coroner», rappelle-t-il.
En revanche, ce dernier salue la tendance des médias à respecter la vie privée des artistes, contrairement à ce qui se fait ailleurs. «On s’est gardé une petite gêne; ça fait partie de l’ADN des médias québécois de ne pas parler de la vie privée des artistes à moins qu’il y ait de l’information qui vienne d’un procès, comme dans le cas de Gibert Rozon, ou de publications venant des réseaux sociaux.»
La plus importante chaîne de supermarchés asiatiques au Canada a ouvert les portes de son plus grand magasin à Montréal à la mi-décembre. Créée en 1993 en Colombie-Britannique par une immigrante d’origine taïwanaise, et acquise par Loblaw en 2009, la chaîne comptait déjà 30 succursales au Canada, mais aucune au Québec. L’ouverture de la succursale québécoise avait initialement été annoncée plus tôt en 2022, mais elle a finalement été repoussée, le site ayant été utilisé comme lieu de vaccination contre la COVID-19.
La téléréalité fascine à coup sûr les lecteurs de Métro. À la suite du lancement de la deuxième saison de Big Brother Célébrités le 9 janvier 2022, plusieurs internautes se sont moqués du fait que la majorité des participants étaient peu connus du grand public. Trois mois plus tard, c’est finalement la championne du monde de jeux vidéo Stéphanie Harvey qui a remporté le grand prix d’une valeur de 160 000 $.
Phénomène télévisuel ayant débuté en 2016, l’émission District 31 a pris fin le 22 avril 2022. L’une des questions récurrentes sur les réseaux sociaux entourant cette production concernait les fameuses tasses de District 31. En effet, plusieurs internautes souhaitaient se procurer ces tasses à l’effigie du Service de police du Grand Montréal, mais elles étaient difficiles à trouver. Malheureusement pour ces derniers, aucun réseau de distribution de produits n’a été implanté, et ce, même si des fournisseurs se sont montrés intéressés.
Un succès populaire
«La télévision demeure le média qui rassemble le plus», soutient Martine St-Victor. Pour elle, l’engouement pour les tasses de District 31 rappelle celui manifesté pour les tasses du café Central Perk de la populaire série Friends ou encore pour le t-shirt Mumford High School d’Eddie Murphy dans le film Beverly Hills Cop. «Près de 40 ans plus tard, ce t-shirt a encore la cote, raconte la stratège. Ce sont des morceaux d’anthologie.»
Patrick White fait partie des gens qui ont regardé religieusement la série District 31. «C’est une émission intelligente sur les coulisses du monde policier à Montréal, mais assez collée sur l’actualité avec énormément de rebondissements», soutient-il.
Selon lui, le succès populaire de cette production montre que la population québécoise valorise encore aujourd’hui le contenu d’ici et en français. «C’est un très bon coup pour la télé québécoise francophone, qui est encore pertinente aujourd’hui», dit-il.
Toutefois, trouver les bonnes plateformes de diffusion demeure un défi. «Les jeunes ne veulent pas payer pour la câblodistribution, donc il va y avoir de plus en plus de plateformes de diffusion en continu.»
2022, dans les yeux de Patrick White
Rappelant que les gens ont besoin de souffler après plus de deux ans de pandémie, Patrick White explique que l’année 2022 nous a appris qu’on ne peut pas orienter la couverture médiatique que sur des nouvelles anxiogènes.
«C’est clair que les médias vont devoir focaliser davantage sur des nouvelles positives. On ne peut pas continuer à diffuser quotidiennement des chiffres sur la COVID-19 sans créer une forme d’anxiété généralisée ou même un rejet généralisé [des médias].»
Il faut mettre l’accent sur le journalisme de solutions, parler de grands dossiers, faire de grandes entrevues, faire des enquêtes, faire du journalisme de données.
Patrick White, professeur et responsable du programme de baccalauréat en journalisme à l’UQAM
Patrick White s’inquiète également qu’une grande tranche de la population évite dorénavant de regarder les bulletins de nouvelles. «Ce n’est pas un bon signe pour la démocratie lorsque les gens ne sont pas informés ou mal informés sur les réseaux sociaux. On le voit avec TikTok. C’est devenu un moteur de recherche pour beaucoup de jeunes; il y a un fléau de désinformation au sein de TikTok en ce moment et ça, c’est très dangereux pour la nouvelle génération.»