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Des jeunes sans papiers privés d’éducation

Photo: Catherine Bouchard/TC Media

Des centaines de jeunes se font refuser le droit d’aller à l’école à Montréal, chaque année, en raison d’un statut d’immigration incertain, estime le Collectif éducation sans frontières. L’organisme déplore que les jeunes «soient pris en otage».

C’est le cas de la famille de Lorena Rojas, résidant Le Plateau-Mont-Royal. La mère monoparentale a quitté son pays, faute de perspectives d’avenir pour elle et ses enfants. Elle tente actuellement de régulariser sa situation en trouvant un emploi, ce qui lui permettrait d’obtenir un visa de travail.

Or, n’étant pas francisé, il n’est pas simple pour elle de trouver du boulot dans son domaine, la traduction. La situation pourrait prendre encore plusieurs mois à se régler, mais en attendant, ses deux adolescents de 16 et 17 ans ne peuvent aller à l’école ni travailler.

«On a été trois mois aux États-Unis et ça n’avait pas posé problème, ils ont tout de suite été scolarisés. Ici, j’ai essayé à Mind High School, notre école de quartier et quand ils ont su qu’on avait un visa de touristes, ils nous ont dit que ce n’était pas possible, même s’ils ont de la place. Ça été la même chose quand on s’est tourné vers les écoles francophones», raconte Mme Rojas.

«C’est vraiment frustrant et injuste. Normalement, je devrais rentrer au cégep, mais il faudrait que j’applique comme étudiante internationale et on n’a pas les moyens pour payer les droits de scolarité. Il demande de les payer en argent d’avance pour l’inscription. On a regardé toutes les possibilités de cours et ça ne fonctionne jamais. Je n’ai aucun ami depuis que je suis ici, parce que je ne vais pas à l’école. C’est vraiment difficile», relate avec beaucoup d’émotions, Ananda Ortiz,17 ans, l’aînée de la famille.

Depuis leur arrivée au pays en mai dernier, Ananda et son frère de 16 ans, Alan, se tournent les pouces à la maison.

«Tout ce que je fais de mes journées c’est regarder des séries et des films», déplore Ananda, visiblement découragée.

L’école pour tous
Le Collectif éducation sans frontières dénonce cette situation vécue par d’autres personnes.

«On réclame depuis longtemps l’éducation gratuite pour les enfants d’âge primaire et secondaire. Il y a des centaines d’enfants non scolarisés, parce que les parents se présentent à l’école et on leur demande leurs papiers d’immigration. Ça en décourage plusieurs. Dans d’autres cas, on les scolarise, mais en leur donnant d’énormes factures qu’ils ne peuvent payer. Il y a des exceptions faites dans des cas très touchants», affirme le porte-parole, Steve Baird.

Flexibilité
La Commission scolaire de Montréal (CSDM) indique pour sa part qu’elle accommode les jeunes dans cette situation.

«À mon avis, le Collectif réclame beaucoup d’enfants, mais dans les faits, nous avons seulement cinq à dix demandes par année. Dans la mesure où ils sont peu nombreux et ce sont des cas exceptionnels, on trouve moyen de les accommoder. Il suffit qu’ils viennent vers la commission scolaire directement plutôt que les écoles», indique le commissaire du Plateau-Mile End, Benardus Valkenburg.

Ce dernier réclame un changement de culture au ministère de l’Éducation sur la question.

«Il faut donner accès aux sans papiers à l’école. Tous les enfants devraient avoir accès à l’éducation. C’est une situation classique où le ministère est loin du terrain et ignore l’impact de leur décision, des injustices qui persistent», conclut M. Valkenburg.

Réponse du ministère
L’attachée du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, affirme que Québec est sensible à la situation.

«Les critères d’accès à l’instruction publique gratuite ont été assouplis en créant de nouvelles catégories d’élèves non-résidents et un document de soutien. Depuis l’entrée en vigueur des nouvelles mesures, toutes les situations problématiques ont été portées à l’attention du ministère ont été réglées»,  a indiqué l’attachée de presse du ministre, Marie Deschamps.

Cette question devrait être discutée cet automne lors des consultations publiques sur la réussite éducative.

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