Il y a 25 ans, cette religieuse ouvrait son école de karaté
Installé dans les locaux de l’église St-Camille à Montréal-Nord, le dojo Ookami célèbre cette année sa 25e année d’existence. Rencontre avec sa fondatrice, sensei Sœur Chantale.
Plusieurs soirs par semaine, Sœur Chantale troque le noir de sa robe ecclésiastique contre le blanc du kimono.
«Je donne des cours quatre fois par semaine ici, explique la sensei. J’ai également fondé un deuxième dojo à l’église Ste-Julienne de Lanaudière.»
Entré dans les ordres après le secondaire, le karaté est venu juste après pour cette femme âgée de 55 ans. Devenue ceinture noire il y a une trentaine d’années, la sœur est alors autorisé par sa communauté à enseigner la discipline à des élèves.
«J’ai toujours été attirée par les arts martiaux, je faisais du judo avant de devenir religieuse, raconte-t-elle. C’est sûr que des sœurs qui enseignent le karaté, ce n’est pas commun !»
La femme explique avoir su trouver dans le karaté des valeurs similaires à celles inculquées par la religion.
«Le respect et la courtoisie qu’apporte le karaté, ce sont des valeurs de charité chrétienne, souligne la karatéka. Notre dojo, c’est comme une famille. S’il arrive quelque chose à quelqu’un, que ce soit positif ou négatif, nous serons là pour le soutenir.»
Au sein du dojo, tous les profils et toutes les tranches d’âge sont représentés. La sensei reconnait avoir fondé l’école de karaté pour réunir les gens.
«J’accepte tout le monde, qu’ils soient athées, musulmans, jeunes ou moins jeunes, explique Sœur Chantale. Il y a une femme de 79 ans qui s’est récemment inscrite. Tout le monde se respecte ici.»
Sœur Chantal enseigne le Kyokushin, un style qui élève le karaté au rang d’art de vivre. Pour cette karatéka passionnée, la philosophie importe d’ailleurs plus que le grade.
«Dans mon dojo, on ne parle jamais de dan, pour la simple et bonne raison que je les ai supprimées, assure la religieuse. Ce qui m’importe c’est que chaque humain se dépasse physiquement, mentalement et spirituellement.»
Sensei Sœur Chantale avoue en outre trouver des parallèles entre la vie quotidienne et le karaté.
«J’aime beaucoup faire ce rapprochement, notamment en ce qui concerne l’effort et la concentration, explique-t-elle. Le cours de cassage par exemple, c’est une façon de montrer comment bien traverser les épreuves que l’on peut connaitre au cours de sa vie.»
« Quand je remets une ceinture noire à un disciple, c’est toujours un moment très émotif. Je revois tout son cheminement.» – Sensei Sœur Chantale
Une institution de Montréal-Nord
Le dojo célèbre cette année ses 25 ans d’existence. Plusieurs événements et activités seront conçus spécialement pour l’occasion. Un repas avec les disciples sera notamment organisé au cours des prochaines semaines.
«Nous avons un élève qui a conçu un kata spécial 25e, nous allons faire des t-shirt, nous allons essayer de célébrer ça du mieux que nous pouvons, souligne Sœur Chantal. D’autres surprises s’en viennent également.»
Le dojo a été officiellement ouvert au public en 1994. Il accueille désormais une trentaine de disciples par cour.