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Intervention canadienne en Haïti: «Il y a urgence d’agir»

Sacha-Wilky Merazil Photo: Anouk Lebel/Métro Média

Alors qu’Haïti connaît une crise humanitaire hors du commun selon plusieurs analystes, se trouvant entre autres aux prises avec une épidémie de choléra et une explosion des cas d’enlèvements, la décision du gouvernement canadien d’envoyer des véhicules militaires en sol haïtien a essuyé bon nombre de critiques dans les derniers jours. Mais pour Sacha-Wilky Merazil, il y a «urgence d’agir».

En entrevue avec Métro, l’ex-candidat aux élections municipales à Montréal-Nord et figure bien connue de la communauté haïtienne montréalaise affirme que la crise sanitaire de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont jeté de l’ombre sur ce qu’il se passait auparavant en Haïti.

Or, c’est selon lui la décision prise en septembre dernier par le premier ministre haïtien par intérim, Ariel Henry, d’augmenter le prix du pétrole, aggravant ainsi la crise de choléra et de violence, qui a motivé le gouvernement canadien à prendre action.

«Ce n’est pas comme au Canada, où les pétrolières décident le prix du pétrole. En Haïti, c’est le président qui prend cette décision et il a décidé de le faire dans un contexte d’instabilité politique et sociale», explique M. Merazil.

Une crise multidimensionnelle

L’augmentation du prix du pétrole, principale source d’énergie du pays, est jumelée à un contexte d’insécurité lié aux gangs armés, situation qui fragilise le système de santé haïtien.

«Les groupes armés bloquent le port de la capitale de Port-au-Prince, le plus gros au pays. Puisque la police est découragée d’intervenir sur le terrain, le pétrole n’est pas acheminé aux hôpitaux et cela entraîne des morts qui auraient pu être évitées», explique M. Merazil.

Il signale que les problèmes d’approvisionnement en nourriture ont aggravé la famine, haussant à 5,5 millions le nombre de personnes en état de sous-alimentation à cause des groupes armés.

En plus de la famine, le peuple haïtien subit une résurgence du choléra, maladie qui avait été éradiquée récemment suivant son introduction au pays en 2010 après l’arrivée de l’aide internationale suivant le séisme.

«La crise actuelle en Haïti est multidimensionnelle, et il est difficile de trouver une solution qui ne fera pas de mécontents. Il y a un problème de confiance envers Ariel Henry et le pouvoir en place, en plus des problèmes de sécurité et de santé publique », souligne l’ex-candidat.

Sauver des vies est plus important

Plusieurs membres de la diaspora haïtienne de Montréal ont vivement critiqué l’intervention canadienne. La vice-présidente du conseil d’administration de la Maison d’Haïti, Chantal Ismé, a entre autres soutenu, en entrevue avec le Journal de Montréal, que «les gens en Haïti n’en veulent pas et [que] nous aussi dans la diaspora, [nous ne voulons] pas» de la présence canadienne dans le pays.

S’étant lui-même rendu en Haïti au début de l’année, Sacha-Wilky Merazil tient à nuancer cette position, insistant sur le fait qu’il n’y a pas de solution miracle, bien qu’une intervention militaire et humanitaire canadienne en Haïti ravive de douloureux souvenirs.

«Il y a beaucoup de traumatismes par rapport à ce qui s’est passé avec les soldats onusiens dans le passé et ça a provoqué un manque de confiance dans la diaspora», précise-t-il.

M. Merazil affirme qu’une solution haïtienne est souhaitable à long terme, mais qu’elle n’est pas envisageable du jour au lendemain et qu’une aide extérieure immédiate est nécessaire pour sauver des vies humaines.

«Le peuple haïtien se demande qui va les aider. On parle de milliers de personnes qui restent confinées chez elles de peur d’être kidnappées ou qui ne peuvent pas aller à l’école ou obtenir des soins de santé. La crise est telle qu’on n’a pas le luxe d’attendre, et la réaction doit être viable et minutieuse pour la communauté haïtienne», conclut M. Merazil.


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