Aînés : difficile se déplacer dans l’Est
L’étude qui avait pour objectif d’établir le niveau de mobilité quotidienne des aînés qui habitent dans ces résidences a démontré que malgré les nombreuses contraintes, les personnes âgées sortent de leur résidence sur une base quasi-quotidienne.
« Nous avons trouvé que dans les deux territoires les personnes âgées font beaucoup de déplacements, explique Paula Negron, professeure adjointe à l’institut d’urbanisme de l’Université de Montréal. Ceux qui se déplacent le plus le font de 13 à 21 fois par semaine, ce qui est beaucoup, mais il faut souligner que pour le faire, ils doivent absolument prendre la voiture ou le transport en commun. »
C’est à Pointe-aux-Trembles que les résidents semblent avoir le plus de difficulté à se déplacer en raison de « l’inefficacité » du transport en commun.
« Les résidents se plaignent de la fréquence de passage des autobus et des retards, raconte la professeure. Souvent ils doivent attendre longtemps au soleil, avec leur épicerie entre les mains. Plusieurs m’ont raconté que les chauffeurs n’étaient pas patients et qu’ils ne les aidaient pas beaucoup. »
Elle explique que les lieux les plus visités par les personnes âgés sont : les magasins de grande surface, et les épiceries.
« Ils se sentent en sécurité et c’est un bon endroit pour socialiser, mais souvent, ils ont beaucoup de difficulté pour se rendre à ces endroits. À Montréal-Nord par exemple, si une personne veut se rendre au Wal-Mart de la Place Bourassa il doit prendre l’autobus qui le laisse sur le boulevard Henri-Bourassa et ensuite traverser le stationnement. Il doit marcher environ 600 m avant de se rendre au magasin, pour une personne âgée, c’est beaucoup. »
Des quartiers conçus pour les voitures
Selon Mme Negron, l’aménagement des deux territoires favorise le déplacement des voitures plutôt que celui des piétons.
« Il y a des grands stationnements, des boulevards à six voies, peu de trottoirs et des terre-pleins qui ne sont pas aménagés pour les gens qui traversent les rues, explique-t-elle. Plusieurs aînés m’ont raconté avoir horreur de traverser la rue Sherbrooke ou le boulevard Henri-Bourassa. »
Elle indique que l’une des principales raisons pour lesquelles les personnes âgées ont peur, c’est le court délai accordé aux piétons lorsqu’ils traversent aux feux de circulation.
« Quand on marche avec une canne, 30 secondes, ce n’est pas beaucoup pour traverser un grand boulevard. Surtout quand les conducteurs deviennent impatients, signale Mme Negron. Une dame de Montréal-Nord m’a déjà dit qu’elle aimait beaucoup aller au bingo, mais qu’elle s’empêchait souvent de le faire car elle avait trop peur de traverser le boulevard Henri-Bourassa. »
Elle commente également que les aînés se sentent « moins en sécurité » dans les espaces publiques de Montréal-Nord.
« Nous avons fait la même étude dans deux territoires de l’Ouest, soit la Ville de Pointe-Claire et la Ville de Dollard-des-Ormeaux et tout n’est pas rose, mais les personnes âgées se sentent plus en sûreté, énonce la chercheuse. Même chose du côté de Pointe-aux-Trembles où les aînés ne craignent pas de sortir le soir par exemple. »
Mme Negron révèle que plusieurs aînés des deux territoires de l’Est ont admis se sentir « laissés à eux-mêmes »
« C’est un sentiment partagé par plusieurs personnes âgées dans les résidences. Ils se sentent abandonnés par leur entourage », dit-elle.
Des solutions à court-terme
Selon la professeure, plusieurs solutions à court-terme sont envisageables afin d’améliorer la qualité de vie des aînées.
« Pour commencer, il faudrait penser à aménager des terres pleins et installer des bancs pour que les personnes âgées puissent se reposer pendant leurs marches, explique Mme Negron. Ça leur permettrait de traverser les grandes artères en deux temps de façon sécuritaire. »
Elle ajoute que la navette d’or est aussi une bonne façon de faciliter les déplacements des aînés.
« L’idéal ce serait d’avoir un autobus qui fait des trajets exclusifs pour les aînés, qui peut les amener directement aux endroits qu’ils désirent, par exemple, l’épicerie ou les centres-commerciaux », conclut Mme Negron.
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