Qu’adviendra-t-il des églises vendues?
Il a été établi que dans le lot, l’église Saint-Vital est celle qui nécessite le plus de réparations majeures. C’est pour cette raison que les trois alternatives développées par le comité de l’avenir des paroisses prévoient toutes de s’en départir. Depuis juin, un projet de vente s’est développé entre l’église Saint-Vital et la paroisse catholique Notre-Dame d’Haïti.
Les conseils des deux paroisses ont accepté le projet et sont présentement en phase de négociation. Le 11 décembre, les paroissiens de Saint-Vital sont invités à une rencontre à leur église où ils seront consultés sur le prix de la vente. Si les deux parties se mettent d’accord, le cardinal Jean-Claude Turcotte étudiera le dossier et préparera un contrat de vente.
Avant que la transaction ne soit finalisée, plusieurs étapes doivent être franchies, dont l’inspection de l’église. En bout de ligne, l’église Saint-Vital pourrait changer de propriétaire et de vocation.
Notre-Dame d’Haïti est un lieu d’intégration pour les nouveaux arrivants haïtiens. C’est sa vocation principale. Elle opère présentement dans une autre église où elle est locataire. Le culte y est célébré principalement en créole.
À ce jour, une messe est célébrée quotidiennement en français à l’église Saint-Vital. Pourront-ils s’entendre avec Notre-Dame d’Haïti afin de partager les lieux?
Les priorités de vente
Lors de la rencontre, monseigneur Alain Faubert a expliqué les priorités des paroisses lorsqu’il était question de vente. Elles essaient d’abord de vendre à une communauté catholique. Elles se tournent ensuite vers les communautés chrétiennes et en dernier lieu, elles considèrent les organismes qui ont une vocation semblable à la leur.
Dans le cas de la vente de l’église Saint-Vital, ce serait une communauté catholique qui en ferait l’achat dans le but de poursuivre le culte. Selon une recherche effectuée par Lyne Bernier, chercheure associée à la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain de l’QUAM, dans 44 % des cas, les acheteurs d’églises sont le plus souvent d’autres traditions religieuses qui perpétuent (ou renouvellent) la fonction de lieu de culte.
Les nouveaux usages
Plusieurs paroissiens ont partagé leurs inquiétudes vis-à-vis la vente des églises. « Il ne faut pas que nos églises deviennent des condos! », a-t-on pu entendre. D’après la recherche de Lyne Bernier, la réalité est beaucoup plus nuancée. Des 240 églises vendues à Montréal depuis 1900, 7 % sont désormais affectées à un usage résidentiel. Parmi les églises catholiques, ce taux chute à 3 %.
D’autres usages prévalent. Jean-Pierre Gladu, paroissien à Saint-Rémi, se rappelle des discussions semblables qui ont lieu il y a quelques années. « On s’est posé les mêmes questions par rapport à l’avenir des paroisses », explique-t-il. À l’époque, il avait été proposé de transformer l’église Saint-Rémi en local pour les jeunes et l’idée de convertir l’église Saint-Vital en bibliothèque avait été considérée. Toutefois, des solutions plus progressives avaient été adoptées.
Aujourd’hui, les six églises catholiques du secteur de Montréal-Nord ont le même usage qu’autrefois, mais les rencontres tenues depuis 2009 laissent entrevoir de nouveaux usages. Pour mieux accommoder les besoins actuels des paroissiens, la vente d’églises est revenue au centre de la discussion.
L’analyse de Lyne Bernier rappelle que les catholiques ont généré le plus grand nombre de lieux de culte. Ils sont aussi ceux ayant cédé le plus grand nombre d’églises, soit 36 % des 240 églises vendues à Montréal depuis le début du 20e siècle.