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Un séjour difficile au centre d’hébergement Champlain Marie-Victorin

Collin-Lalonde Anabel - TC Media
La mère de Josée Thibodeau est entrée au centre d’hébergement Champlain Marie-Victorin le 13 août. Dans les mois suivants, elle est agressée à quatre reprises par deux hommes qui partagent l’aile prothétique avec elle. La dernière attaque l’a laissée avec des blessures qui ne pouvaient être traitées. Le 22 novembre, elle y est décédée.

En juin, Gisèle Cloutier Thibodeau a subi deux accidents vasculaires cérébraux. Elle a séjourné à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, puis dans un centre d’évaluation qui lui a attribué l’étiquette « femme errante ».

Josée Thibodeau a alors reçu un appel d’une travailleuse sociale pour l’informer que sa mère allait être transférée au centre d’hébergement Champlain Marie-Victorin.

Le 13 août, sa mère, âgée de 83 ans, a été transférée dans l’aile prothétique du centre. On leur dit que l’endroit reçoit une plus haute surveillance puisque les gens souffrant de démence y séjournent. La dame est supposée y être que de passage. Elle était en attente d’une place à la résidence les Pléïades de Montréal-Est.

Quatre agressions

Durant les semaines qui ont suivies, ses dix enfants se sont relayés pour passer le plus de temps possible auprès d’elle. Josée Thibodeau nous dit qu’à un moment où sa mère était seule, un homme qui se trouvait sur le même étage qu’elle, l’a agressée. Aussitôt, le centre l’a informé de l’incident. Les ecchymoses sur les bras de sa mère lui ont sauté aux yeux lorsqu’elle est allée la visiter.

Selon Josée Thibodeau, le même homme s’en est pris à Mme Cloutier Thibodeau à deux autres reprises,. Maintes fois, ses enfants ont porté plainte à la direction du centre jusqu’au jour où l’homme est expulsé. Le 7 novembre, elle est agressée à nouveau. Cette fois, c’est un nouveau résident, qui occupait le lit de son ancien agresseur, qui l’a brutalisée. Elle aurait été poussée avec force. Un autre appel à la famille est fait.

Le lendemain, un médecin s’est entretenu avec Josée Thibodeau. La patiente avait été médicamentée puisqu’elle se plaignait de douleurs. « Il ne l’a même pas regardée », se rappelle sa fille.

Le diagnostic

D’après le médecin, les douleurs de Mme Cloutier Thibodeau étaient de nature musculaire. Les cinq jours suivants, la douleur de la femme s’est accentuée. Le 12 novembre, le centre a décidé de la confier à l’hôpital Santa-Cabrini. Le même diagnostic est alors donné.

Le lendemain, Josée Thibodeau a accompagné sa mère aux toilettes. Celle-ci perd connaissance deux fois. Elle est alors envoyée à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Avant même de l’examiner, le médecin laisse entendre qu’il s’agit sûrement d’un cas de côtes cassées. Une radiographie a permis de confirmer ses soupçons. « Entre quatre et cinq côtes étaient fracturées », précise Mme Thibodeau.

Quelques jours plus tard, la dame est retournée au centre d’hébergement Champlain Marie-Victorin. On propose de contrôler sa douleur avec de la morphine. Le 22 novembre, elle décède.

Josée Thibodeau a du mal à croire que c’est ainsi qu’elle a perdu sa mère. Elle a aussi de la difficulté à concevoir qu’un centre permette à des hommes et des femmes souffrant de démence de partager un même étage. « Il est là le bobo », nous dit-elle. Selon elle, le personnel a été insensible aux douleurs de sa mère. Par contre, lorsque Mme Cloutier Thibodeau a réintégré le centre après son court séjour à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, « tout à coup, tout le monde était très désolé ».

Les enfants de Mme Cloutier Thibodeau ont cherché un autre lieu d’hébergement pour leur mère. Mais aucune place n’était disponible et il était impossible de la ramener à la maison. « J’espère qu’elle sait qu’elle était bien entourée », conclut sa fille.

Au moment de mettre sous presse, il avait été impossible de rejoindre le centre d’hébergement Champlain Marie-Victorin.

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