Montréal-Nord se souvient du séisme à Haïti
La communauté haïtienne de Montréal-Nord s’est réunie en toute intimité à la Maison culturelle et communautaire avant la grande commémoration en mémoire des victimes du séisme qui a secoué la Perle des Antilles en 2010.
Le 12 janvier, un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a coûté la vie à 230 000 Haïtiens. Cet événement a profondément marqué la communauté nord-montréalaise, dont une grande part est d’origine haïtienne.
Cinq ans plus tard, Montréal-Nord se souvient.
«C’était important de souligner localement cet événement compte tenu du fait qu’une bonne partie de la population a été affectée par ce séisme et que cela a été un événement vécu par l’ensemble de la communauté du quartier», explique la conseillère Monica Ricourt.
«Ce cinquième anniversaire a amené une grande réconciliation puisque le drame avait eu lieu peu après les élections municipales, il y avait encore des frictions, ajoute Roger Petit-Frère du Centre Jean-Paul Lemay. La dernière fois que nous avons travaillé tous ensemble, c’était à la suite du séisme.»
Soirée sobre
En raison de la gravité du drame, la soirée n’avait pas les allures festives qu’on associe souvent à la communauté haïtienne. Des musiciens ont tout de même interprété des chansons de musique traditionnelle ayant comme thème de l’amour d’Haïti.
Plusieurs dignitaires ont prononcé des discours et les jeunes de la Maison des jeunes l’Ouverture et de l’école Marie-Clarac ont participé à l’organisation.
Une place a été réservée aux survivants du séisme, comme Claudette Henri-Romain. Cette mère de famille, qui s’est réfugiée à Montréal-Nord, a raconté son histoire avant de recevoir un prix.
Nerlande Gaetan-Civil, une autre survivante du séisme, a animé la soirée. Cette employée d’une station de radio d’Haïti s’était improvisée reporter après que tous les employés aient disparu dans la tragédie.
Il y a cinq ans…
Avec du recul, le maire Gilles Deguire estime que Montréal-Nord est sorti grandi de cette épreuve qui a resserré les liens entre les acteurs du quartier.
«Le lendemain du séisme, il y a eu une réunion de travail avec les élus, raconte M. Deguire. Nous étions en mode écoute pour connaître les besoins. Le samedi, nous avons ouvert le premier centre d’entraide et de soutien à la communauté.»
Un flot de survivants s’est alors déversé dans le quartier et le programme d’aide à l’intégration des ressortissants haïtiens (SILA) a été mis sur place. Mme Ricourt estime que la mobilisation du quartier a favorisé l’accueil des nouveaux arrivants.
«Le fait d’avoir des points de référence précis, comme la Maison d’Haïti, permettait aux gens de savoir où aller chercher de l’aide. Ce n’était pas éparpillé et c’était une bonne chose.»
Malgré les efforts, une partie des réfugiés éprouve toujours de sérieux problèmes d’intégration, notamment liés au chômage. Si la situation n’est pas parfaite dans le quartier, elle l’est encore moins dans leur mère patrie, où 150 000 personnes sont toujours entassées dans des camps de fortune.
Roger Petit-Frère et Monica Ricourt déplorent d’ailleurs la lenteur des progrès.
«Je ne crois pas qu’Haïti se développe à la hauteur de sa capacité en ce moment. La cadence est plus lente que j’aurais espéré. Il nous faut de la stabilité politique», conclue, Mme Ricourt.