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Jessica Rosval, meilleure cheffe d’Italie

Cheffe Jessica Rosval. Les fours traditionnels à pizza atteignent une température de 450 à 500°C. Photo: Gracieuseté/Stefano Scatá

Originaire de Dollard-des-Ormeaux, Jessica Rosval a été sacrée cuoca dell’anno, ou cheffe de l’année en Italie, par le Guida dell’Espresso 2021. Elle explique ce que signifie ce titre pour elle, sa philosophie culinaire et le retour à une certaine normalité en Italie au travers de la pandémie.

Le guide récompense l’excellence culinaire à l’échelle de la botte. Le titre qu’a reçu Mme Rosval est spécifiquement dédié aux femmes cheffes.

Elle dirige depuis 2019 la cuisine du Casa Maria Luigia, appartenant au chef Massimo Bottura.

La distinction entre les deux sexes au niveau des classifications est un sujet à débat pour la cheffe basée à Modène.

«Travailler en cuisine demande du sacrifice. La vie normale, les fêtes en famille, vous devez dire au revoir à tout cela! On persévère, car on aime notre travail, notre équipe et l’art de l’hospitalité».

Jessica Rosval

La Québécoise de 35 ans estime que les prix dédiés aux femmes servent de plateforme pour mettre en visibilité leur talent et motiver les prochaines générations à poursuivre une carrière.

«Les femmes sont sous-représentées dans l’industrie. En tant que professionnels, c’est une chose qu’on ne peut ignorer», soutient-elle.

Pour la diplômée de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), les évènements réservés aux cuisinières sont une arme à double tranchant.

«Je suis personnellement convaincue que la même classification doit comprendre les deux genres. Dans la cuisine, on ne fait pas la distinction», précise-t-elle.

Gracieuseté – Stefano Scatá

Travail collectif et poésie

Jessica Rosval mentionne que les équipes en cuisine sont souvent comparées à une squadra du soccer. Si elle a reçu une récompense individuelle, elle maintient que c’est d’abord et avant tout le collectif qui réalise l’exploit. «J’ai eu un sentiment d’étrangeté quand on m’a accordé le titre», relate-t-elle.

La Casa Maria Luigia est une auberge située dans la campagne de la région d’Émilie-Romagne.

Formée au Québec à la cuisine française, Mme Rosval a dû apprendre ensuite les techniques et fondements de la gastronomie italienne. Cette cuisine est plus épurée dans l’usage des ingrédients et la confection des sauces, comparativement à l’approche française.

«Chaque joueur est indispensable, du four au service. Je n’ai vu aucune cuisine fonctionner quand le plongeur n’est pas là».

Jessica Rosval.

Elle continue toutefois d’utiliser ses premiers acquis, qu’elle intègre dans des plats italiens. Elle travaille depuis huit ans avec Massimo Bottura après être passée par l’Osteria Francescana, un établissement détenant trois étoiles dans le guide Michelin, qui a été voté meilleur restaurant du monde en 2016 et en 2018.

«C’est difficile d’identifier la cuisine qu’on fait avec Bottura», nomme la cheffe, qui explique que son mentor lui a appris à «laisser place à la poésie», pour trouver l’inspiration culinaire dans la beauté de la vie.

Beauté de la normalité

L’Italie a été durement frappée par la crise sanitaire depuis ses débuts. «C’était effrayant», s’exprime-t-elle, se remémorant les premiers temps de la quarantaine.

Si le pays retrouve une certaine normalité, Mme Rosval exprime qu’une cicatrice existe dans la mémoire des Italiens.

«Nous avons perdu notre vraie vie pendant un certain temps. Les choses reviennent à la normale. Et ça, c’est spécial», termine-t-elle. L’immigrante canadienne exprime que travailler et vivre dans la Péninsule est un rêve devenu réalité.

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