Le père du métro Outremont se raconte
Au service d’Outremont depuis 23 ans, le directeur du service de l’aménagement urbain, Pierre Chapuis, prend sa retraite, mais l’architecte quitte en laissant de nombreuses traces de son passage dans la métropole.
«Je ne croyais pas que je resterais là pendant aussi longtemps, lance M. Chapuis. Mais je dois admettre que ç’a passé tellement vite!»
D’abord directeur du feu Service de la construction et de l’aménagement, ensuite directeur général de la «ville» et finalement, directeur du service de l’aménagement urbain et du patrimoine, il n’est pas facile de lui tirer les vers du nez. «Je ne sais pas ce que vous allez écrire, je n’ai rien fait d’exceptionnel», lance-t-il humblement.
Pourtant, avant même d’œuvrer pour Outremont, il a laissé une trace indélébile en tant qu’architecte sur l’avenue Van Horne.
«J’ai dessiné le métro Outremont de A à Z, souligne M. Chapuis, fier de son œuvre. Je devais composer avec des centaines de contraintes. Je faisais de l’anti-architecture, je devais travailler comme un sculpteur. C’était toute une expérience!»
M. Chapuis a travaillé jour et nuit de 1984 à 1987 pour livrer ce projet.
Inaugurée le 4 janvier 1988, les deux édicules du métro souligne les textures, les couleurs et certains éléments typiques de l’architecture résidentielle et institutionnelle outremontaise.
Durant ses 15 années de pratique privée, le cofondateur de la firme d’architecture Chapuis Dubuc a réalisé une centaine de projets, dont le siège social du Journal de Montréal et différents projets commerciaux sur Laurier.
Un nouveau monde
Quand M. Chapuis est arrivé à la ville d’Outremont en 1993, il a découvert un nouveau monde. «Je n’étais pas tellement »réglementation » et je dois dire que j’ai énormément appris, soutient-il. En tant qu’architecte, je ne savais pas tout ce qu’impliquait la gestion municipale et croyez-moi c’est complexe!»
M. Chapuis affirme haut et fort qu’il ne s’ennuiera pas des difficultés de certains dossiers. «Que l’on parle d’élagage des arbres ou de déchets, tous les dossiers finissent par être compliqués», souligne-t-il avec humour.
Sa vision d’Outremont
Selon M. Chapuis, l’arrondissement possède des particularités qu’il faut conserver à tout prix, notamment l’homogénéité de ses bâtiments, la sophistication de ses galeries, l’ornementation des fenêtres, les voûtes de verdure, etc.
«Il faut protéger nos acquis, sans copier le passé, annonce-t-il. Les matériaux ne sont plus les mêmes, les gens ne vivent plus de la même façon, il faut que les bâtiments soient marqués par la société d’aujourd’hui.»
Pour lui la caserne de pompiers, inaugurée récemment, est l’exemple parfait. «C’était primordial de conserver l’ancienne tour à boyaux, un élément central que l’on voit de loin, fait-il valoir. Avec le reste du bâtiment résolument moderne, la caserne témoigne maintenant des différentes époques.»
Celui qui a appris à penser de façon plus «globale» en travaillant pour Outremont pendant des décennies retourne maintenant à ses premiers amours. «À partir d’aujourd’hui, tout ce qu’il me faut c’est un crayon de plomb et un calque!», conclut-il, le sourire aux lèvres.