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Des crimes passés sous silence

Tranchemontagne Daphnée - TC Media
Loin d’être l’apanage des grands centres commerciaux, le vol à l’étalage touche également les petits commerces de quartiers. Alors que certains commerçants hésitent à dénoncer ces crimes, les policiers des postes de quartiers (PDQ ) 35 et 44 insistent sur l’importance de le faire, afin de dresser un portrait fidèle de la situation.

« Notre problématique, c’est que les gens ne dénoncent pas, explique Mélanie Trottechaud, agente sociocommunautaire au PDQ 35. Souvent, les commerçants réalisent qu’ils se sont fait voler que lorsqu’ils font leur inventaire, car il manque plein de stock. Ils se disent que ça ne vaut pas la peine [de nous appeler], car ils n’ont pas de suspect.

« D’autres attrapent le voleur et récupèrent leur marchandise. Ils n’ont pas le goût de porter des accusations, car ils devront manquer une journée de travail pour se présenter en cour. »

Si les commerçants indépendants sont moins enclins à se tourner vers les forces de l’ordre, les grandes bannières (Société des alcools du Québec, épiceries, pharmacies, etc.), elles, ont souvent pour politique interne de systématiquement appeler les policiers.

« La majorité des appels qu’on a sont pour des vols dans de grandes surfaces. Il y a tellement de monde et de va-et-vient, ça peut être plus facile de voler et de prendre la fuite. À l’inverse, les employés sont souvent plus sensibilisés à cette réalité et les mesures dissuasives sont nombreuses (caméras, gardiens de sécurité, gardiens en civil, etc.), car ces organisations ont plus de moyens », laisse savoir Sonia Frenette, agente sociocommunautaire au PDQ 44.

Marchandise prisée

Mais quels produits ont la cote auprès des voleurs? Selon les agentes Trottechaud et Frenette, les vols à l’étalage touchent toutes sortes de marchandises, allant de la coutellerie aux cosmétiques, en passant par les vêtements et les pots de pourboire.

« Les gens se servent sans gêne. Tout est prétexte à être volé. C’est sûr que les présentoirs qui sont mis à l’extérieur des boutiques sont faciles d’accès », souligne l’agente Trottechaud.

« Les rasoirs sont très demandés dans la rue. On remarque aussi que les voleurs recherchent des produits de luxe comme des parfums, dans le cas des pharmacies, et de la viande (filet mignon) ou des fromages, pour ce qui est des épiceries », ajoute Mme Frennette, indiquant que l’alcool (bière et vin) figure aussi sur la liste des produits fréquemment volés.

Sur la Plaza Saint-Hubert, une problématique bien particulière se pose : le vol des bottes, laissées sans surveillance par les clientes qui magasinent des robes de mariées.

Contrairement à la croyance populaire, le voleur type n’est pas forcément un adolescent en crise.

« Ça va de 7 à 77 ans. Ce sont des gens de tous âges et de tous les milieux. Ce qu’ils volent nous en apprend beaucoup sur eux », fait valoir l’agente Frenette, indiquant que dans certains cas, un larcin peut être le symptôme d’une problématique beaucoup plus grave (solitude, difficulté financière, problème de santé mentale). Le mode d’intervention des policiers peut donc être modifié en conséquence et ne se traduit pas forcément par une accusation criminelle ou civile.

 

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Sécurité déficiente

L’absence de mesures de sécurité dans certains commerces facilite grandement la tâche aux voleurs. L’agente Trottechaud a récemment fait la tournée des magasins de la Plaza Saint-Hubert et a constaté plusieurs lacunes. Par exemple, il n’est pas rare de voir des établissements où le seul employé est occupé dans l’arrière-boutique, laissant le magasin à la merci d’éventuels malfaiteurs.

« Ils sont peut-être mieux de barrer temporairement la porte et perdre une vente que de se faire voler », estime l’agente Trottechaud.

L’aménagement de l’espace peut aussi poser problème. Souvent, la caisse enregistreuse est placée au fond d’une boutique, donnant l’occasion aux voleurs de s’enfuir rapidement avec les objets disposés près de la porte.

L’agente Frenette souligne, pour sa part, que les dépanneurs de quartier sont particulièrement vulnérables.

« Il y a plein d’affiches dans les vitres. Ça nous empêche de voir à l’intérieur s’il y a un hold-up. Plusieurs sont situés à l’intersection de rues résidentielles, dans des endroits sombres en peu passants, ce qui fait que c’est facile pour un voleur de prendre la fuite », fait-elle valoir.

Toute personne témoin d’un vol peut communiquer directement avec le 911. Les commerçants qui voudraient en savoir plus sur comment protéger leur boutique peuvent communiquer avec Tandem (5350, rue Lafond, bureau R-160, 514 270-8988) ou son poste de quartier respectif (PDQ 35 : 514 280-0435, PDQ 44 : 514 280-0444).

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